Comment fermer la parenthèse Sarkozy?

Comment fermer la parenthèse Sarkozy?

Depuis que la gauche est revenue aux affaires, le courant passe mieux entre Paris et Alger qui veulent fermer la parenthèse Sarkozy et relancer la coopération à tous les niveaux.

En accordant un long entretien à l’Agence France presse, à la veille de la visite de François Hollande en Algérie, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a voulu envoyer un message fort aux Français et à la classe politique afin de leur expliquer que l’Algérie ne nourrit aucun complexe vis-à-vis de la France et qu’elle ne ménagera aucun effort pour dissiper les nuages qui avaient assombri les relations entre les deux pays. Il faut dire que, durant son mandat, l’ancien président Nicolas Sarkozy n’avait rien fait pour les réchauffer et les consolider comme l’avait tenté Jacques Chirc, son prédécesseur.

Bien au contraire, il a tout fait pour envenimer ces relations, en ralentissant certains projets, notamment le projet Renault renvoyé sans cesse aux calendes grecques et sur lequel les Algériens fondent beaucoup d’espoirs pour réduire les exportations de véhicules. La nomination de Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, alors qu’il n’avait pas caché son hostilité à l’égard de l’Algérie, et du tristement célèbre Gérard Longuet qui a fait tomber son masque, en se montrant irrespectueux envers les Algériens, ont irrité, elles aussi, Alger et contribué du coup à la détérioration des rapports entre les deux capitales.

Sans oublier l’affaire Hasni, le diplomate algérien, qui avait fait l’objet de poursuites, les soupçons sur la mort des moines de Tibhirine, la question sur la restriction des visas délivrés au compte-gouttes, le Sahara occidental, le bombardement de la Libye, qui ont terni le climat et nui aux relations politiques entre les deux pays. Le président de la République qui plaide pour un partenariat d’exception, est pour une refondation des relations et une nouvelle politique qui favorise la coopération et les échanges à tous les niveaux. Fin connaisseur de la diplomatie internationale et de la relation franco-algérienne, Abdelaziz Bouteflika reconnaît que la France et l’Algérie ont beaucoup de choses en commun et que malgré un lourd passé colonial et une histoire marquée par des hauts et des bas, les deux pays peuvent surmonter tous leurs différends, en donnant une nouvelle impulsion à leurs relations politiques et économiques pour le bien des deux peuples.

Se félicitant «du fait au fil du temps, les deux pays aient pu apporter à chaque fois une pierre à ce grand édifice que nous voulons construire ensemble, celui d’un modèle de coopération dans le Bassin méditerranéen», le président de la République n’a pas omis, à l’occasion de cet entretien, de parler de l’Algérie et surtout des réformes qu’il a initiées pour construire l’Etat de droit et consolider la démocratie. Tout en témoignant l’amitié et la solidarité de l’Algérie aux pays arabes qui ont connu ou continuent de connaître des soulèvements populaires, il a rappelé que l’ouverture politique a été lancée en 1989.

«Des avancées notables ont été enregistrées, mais des dérives ont failli faire disparaître l’Etat républicain et ont entraîné le pays dans de longues années de destruction et de souffrances sans pour autant remettre en cause la démocratie comme option unique de gouvernance du peuple algérien qui s’est dressé seul contre le terrorisme.» Evoquant les crises malienne et syrienne, le président a indiqué ensuite que «la première est multidimensionnelle et recouvre des aspects politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires qui ont déstabilisé l’Etat et le peuple du Mali». Opposé à toute intervention militaire qui mettrait en danger et les Maliens et tous les peuples de la région, Abdelaziz Bouteflika est convaincu que seule une solution politique négociée entre le gouvernement renforcé et les groupes de la rébellion pourrait ramener la paix. Quant à la seconde, tout en rappelant que l’Algérie avait tout fait pour éviter le conflit, en enjoignant au gouvernement et l’opposition à mettre fin aux hostilités, il mise sur la mission de bons offices conduite par le représentant des Nations unies pour rétablir la paix.