Comment Ali “SNP” est devenu Ali Belhadj ?

Comment Ali “SNP” est devenu Ali Belhadj ?

A chaque fois que Ali Belhadj, l’ancien numéro deux de l’ex front islamique du salut (FIS) dissous, profitant d’une conjoncture particulière, cette fois-ci les évènements de In Aménas, intervient dans le débat, une question récurrente revient sur le devant de la scène : Ali Belhadj est-il Algérien ou pas ?

Notre confrère Saad Lounès, a mené une enquête sur les origines de Ali Belhad et a rapporté des témoignages et des documents pour que chacun d’entre nous puisse se faire une idée sur cette question.

La question cruciale est de savoir d’où vient cette personnalité étrange et tourmentée d’Ali Benhadj s’interroge notre confrère. Il suffisait de fouiller son passé pour le comprendre. (1)

Le journaliste indique qu’ “En réalité, Ali ne s’appelle pas Benhadj, mais SNP, c’est-à-dire « sans nom patronymique ». C’est au hasard de plusieurs transcriptions hasardeuses d’état-civil qu’Ali et ses deux frères se font appeler « Benhadj ».

Saad Lounès a pu consulter des documents qui indiquent que, “leur père SNP Mohamed ben hadj Lahbib ben hadj Abdallah, serait originaire du Touat et né à Oran présumé en 1928.  Il serait d’origine marocaine ( d’autres sources affirment qu’il est d’origine mauritanienne NDLR) . En effet, l’administration coloniale, qui donnait arbitrairement des noms de famille aux algériens, affublait de SNP (sans nom patronymique) les étrangers « indigènes », c’est-à-dire les marocains et tunisiens qui vivaient en Algérie. C’était un signe distinctif qui permettait de les identifier. Par la suite, le nouveau code de la nationalité algérienne de 1963 empêcha les nommés SNP d’être reconnus légalement comme algériens”.

D’autres documents compulsés par notre confrère montrent que, “le père d’Ali serait né en Tunisie en 1927 et travaillait comme docker au port de Tunis. Il épousa une tunisienne, SNP également, nommée Kheira Latifa bent Hassen, née à Tunis en 1933. Ils eurent 3 enfants tous nés à Tunis : Habib, actuellement avocat à Alger né le 15/12/55 ; Ali né le 16/12/56 et Abdelhamid, sans profession né le 3/7/59. Le père d’Ali serait décédé en 1961 sans que l’on connaisse l’origine exacte du décès alors qu’en mai 60, il travaillait encore comme docker. Rien ne prouve qu’il fut moudjahid ou chahid. Leur grand-père SNP Hassen ben Mohamed ben Abdallah les prit en charge et les fit entrer en Algérie grâce à un laissez-passer délivré par la mission du FLN de Tunis en 1963. Il monta différents dossiers pour obtenir le statut de chahid et membre de l’ALN pour leur père”. (2)

Toujours selon les mêmes documents, “leur mère décéda le 16/8/1966 à l’âge de 33 ans et Ali se retrouva donc orphelin à 10 ans, élevé par son grand-père tunisien qui se démena pour élever ses trois petits-enfants à Diar Es Semch avec leur maigre pension de pupilles de la Nation”. (3)

Selon d’autres sources qui se sont confiées au journaliste, ce serait “Mustapha Bouyali, (qui va créer en 1982 le premier maquis islamiste NDLR), en poste à l’APC d’El Achour, et dont Ali était un adepte, qui aurait établi des papiers d’identité aux trois frères au nom de Benhadj, c’est-à-dire des faux”.

“C’est justement parce qu’ils sont incapables de fournir des extraits de naissance d’origine, ni celui de leur père et grand-père qu’Ali, ses frères et leurs enfants ne peuvent obtenir de passeport, encore moins de certificat de nationalité algérienne. L’orphelin tunisien Ali SNP a donc eu une enfance difficile et tourmentée. Il n’a aucun repère familial, tribal, régional ou national et n’évoque jamais ses origines réelles. C’est sans doute pour ces raisons qu’il s’est réfugié corps et âme dans le Coran, son seul et unique repère” conclue notre confrère.