Commémoration du 50e anniversaire des manifestations du 11 Décembre1960

Commémoration du 50e anniversaire des manifestations du 11 Décembre1960
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Alger : rendez-vous hier à la place du… 11 Décembre 1960

A l’instar de la marche historique des jeunes militants de la cause nationale, le 10 Décembre 1960 à Belcourt, en signe de protestation contre les provocations des ultras français et leurs slogans en faveur de l’ordre colonial en Algérie, moudjahidine, hauts responsables de la wilaya, citoyens, ont traversé, hier, la rue Mohamed-Belouizdad (Alger), à titre symbolique, en hommage aux milliers d’Algériens et d’Algériennes qui sont sortis dans la rue, ce jour, pour clamer haut et fort leurs aspirations légitimes à la liberté et l’indépendance nationale.

Conduite par le SG de la wilaya d’Alger, la délégation officielle qui comprenait aussi le wali délégué d’Hussein-Dey, le P/APC de Belouizdad et nombre d’invités, s’est rassemblée d’abord devant le cinéma le Musset, avant de se diriger vers la place du 11 Décembre 1960, où est prévue la cérémonie de célébration de cette importante date dans l’histoire du pays. Une foule nombreuse, constituée en grande partie de moudjahidine, de moudjahidate et de parents des glorieux chouhada était venue sur les lieux pour participer à la commémoration du 50e anniversaire de ces grandes manifestations populaires qui ont influé sur le cours victorieux de la Révolution et ce, en accélérant le règlement du problème algérien à l’ONU, tout en donnant un regain de confiance aux valeureux moudjahidine dans les maquis, selon les témoignages de nombre d’entre eux. Aussi modeste soit-il, ce rassemblement a permis à beaucoup de participants de goûter à la joie et au bonheur des retrouvailles entre frères de combat, entre simples citoyens, après de longues années d’absence ou d’éloignement.

Dans cette ambiance de fête, avec les petits drapeaux accrochés un peu partout, la diffusion non-stop de l’hymne national et de chants patriotiques, autorités locales de la wilaya et participants se sont fait un devoir d’observer quelques minutes de recueillement à la mémoire de ceux et celles qui ont écrit en lettres d’or cette page glorieuse de l’histoire de l’Algérie et qui ne sont plus de ce monde, Rahimahoum Allah.

Après quoi, la délégation officielle s’est dirigée vers la Maison du diabétique, sise non loin de là (derrière le stade du 20-Aout 1955), pour permettre aux hautes autorités de la wilaya de procéder à la dénomination du centre de santé relevant de l’EPSP Kouba- Anasser au nom du chahid Bachir Ladjouzi, un militant nationaliste de la première heure qui a contribué durant la Révolution à l’approvisionnement en armes des maquis de la Wilaya III historique et qui est mort en prison en 1958, exécuté par la soldatesque coloniale.

Chérif Abbès à Biskra

“Une nouvelle impulsion à la Révolution”

Le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Chérif Abbas, a affirmé hier, à Biskra, à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire des manifestations du 11 D écembre 1960, que ce « soulèvement populaire massif a donné une nouvelle impulsion à la Révolution de Novembre ».

Intervenant au cours d’une conférence historique organisée à la wilaya, à laquelle ont assisté les secrétaires généraux des organisations nationales des Moudjahidine, des enfants de Chouhadas et des enfants de Moudjahidine, ainsi que le commandant général des Scouts musulmans algériens, le ministre a estimé que l’évocation de ces évènements est une occasion de remémorer les grands moments de la Révolution contre le colonialisme et ses complots visant à dénaturer la personnalité identitaire et civilisationnelle de la société algérienne.

Cette insurrection populaire des villes et villages d’Algérie s’est traduite, il y a 50 ans, a ajouté M. Abbas, par « la ferme détermination du peuple à porter la Révolution vers son but ultime face à une puissance coloniale qui a poussé son £uvre criminelle sauvage à son paroxysme en ouvrant le feu sur des manifestants dont le seul tort était de crier leur soif d’indépendance ».

Il a également relevé que ces manifestations ont donné « l’impulsion décisive à la lutte de libération nationale après six années de lutte acharnée menée par un peuple révolté contre des décennies d’injustice, d’exploitation et de répression, mais armé d’une volonté inébranlable de résistance ».

Les années de lutte avaient été marquées par de « multiples manœuvres et manigances des chefs politiques et militaires de l’ennemi », a ajouté le ministre, estimant qu’ « il n’y pas de différence entre les pieds-noirs extrémistes prêchant une Algérie française et les thèses mensongères de De Gaulle diffusées sous le slogan de +l’Algérie algérienne+ ».

Les déclarations du président français de l’époque étaient « une sorte de jeu de mots et de man£uvres illusoires visant à obtenir par la politique ce que la puissance militaire, malgré sa sauvagerie, n’a pu acquérir ». Ces manifestations ont constitué pour l’opinion internationale « la preuve irréfutable que ce qui se passait en Algérie était un affrontement entre deux volontés contradictoires à savoir celle de la justice contre celle de la force injuste », a ajouté le ministre.

Ces manifestations, a-t-il dit, avaient montré au monde « le moral inflexible » du peuple, partout en Algérie.

De son côté, le secrétaire général de l’Organisation Nationale des Moudjahidine, M. Said Abadou, a souligné que ces manifestations étaient « un défi lancé par les Algériens à la face du colonialisme et un signe de l’échec de l’occupant avec tous ses appareils sécuritaires et de renseignements dans sa lutte contre la Révolution ».

Il a également estimé que les populations des villes ont trouvé dans ce soulèvement la manière la plus éloquente pour exprimer leur attachement à la Révolution.

Le ministre des Moudjahidine a présidé, à cette occasion, une cérémonie de baptisation du musée de la wilaya 6 historique du nom du colonel Mohamed Chaabani (1934-1964), du CEM de la cité administrative du nom du Chahid Abdelkarim Abbas (1937-1957) et du CEM de la cité Ghazal du nom du feu Moudjahid Abderahmane Taïbi (1925-1963).

Un film documentaire a été projeté à l’occasion de cette conférence, présentant des témoignages vivants et poignants sur les manifestations du 11 Décembre 1960, en plus d’une conférence du Dr. Youcef Menasria qui a notamment estimé que ces évènements ont démontré la suprématie de la stratégie de la Révolution algérienne sur celle de l’occupation.

Des expositions de photographies et de documents historiques ont été organisées au musée régional sur les diverses résistances et luttes menées par le peuple algérien pour le recouvrement de sa souveraineté.

Les festivités avaient été entamées au cimetière des Chouhada par une cérémonie de recueillement à la mémoire des martyrs de la Révolution suivie du dépôt d’une gerbe de fleurs et de la lecture de la Fatiha du Saint Coran.

M. Bouabdallah Ghlamallah à Aïn Defla

“Une dimension historique”

Le ministre des Affaires religieuses et du Wakf, M. Bouabdellah Ghlamallah, a réaffirmé hier, à Ain Defla « la dimension historique des manifestations du 11 décembre 1960 », en appelant la jeunesse algérienne à suivre l’exemple des moudjahidine et chouhada de la Révolution.

Cette halte commémorative du 11 Décembre 1960 « est une fierté pour nous », car cette région, a t-il dit, « abrite la ville de Meliana, berceau du tombeau du Cheikh Sidi Ahmed Ben Youcef, qui faisait office de lieu d’attache pour les moudjahidine durant la Révolution », a ajouté M. Bouabdellah Ghlamalah dans une intervention en marge de sa visite dans la wilaya d’Ain Defla.

Cheikh Sidi Ahmed Ben Youcef est venu spécialement du Sahara algérien vers Meliana en vue de réunir les moudjahidine stationnés en garnison pour défendre les poches de résistance des régions de Cherchell et Tenes, voire même jusqu’à Mostaganem, a expliqué le ministre pour souligner la symbolique profonde de ce lieu de résistance, une symbolique véhiculée par cette journée du 11 Décembre, date historique pour le peuple algérien.

Cette opportunité a donné lieu à une visite du site de Cheikh Sidi Ahmed Ben Youcef, qui abrite le tombeau du cheikh, une école coranique, une mosquée, et une demeure pour l’accueil et le séjour des visiteurs.

Le ministre s’est félicité du rythme imprégné aux travaux de restauration de ce site historique, dont le « taux d’avancement est estimé entre 90 et 100% », selon les informations qui lui ont été fournies.

M. Ghlamallah a fait part, à cette occasion, de l’existence d’un projet pour l’ouverture de six instituts de formation d’imams à l’échelle nationale, parmi lesquels quatre programmés à la concrétisation au titre du présent quinquennal.

Le ministre a annoncé, dans ce contexte, la formation attendue, cette année de, 1000 imams au lieu de 500, pour suivre, a-t-il expliqué, le rythme de réalisation des mosquées dont le nombre ne cesse de s’élever.

M. Bouabdellah Ghlamallah s’est, par la suite, rendu au cimetière des martyrs de la commune d’Ain Defla, pour se recueillir à la mémoire des martyrs de la Révolution, avant de procéder à l’inauguration de la mosquée « Abou Bakr Seddik » et d’une crèche publique dans la même ville.

Il a également donné le coup d’envoi des travaux de réfection du CEM « Biskri Fatiha » avant de présider au centre culturel islamique d’Ain Defla, une cérémonie de remise de crédits bonifiés dégagés sur le Fonds de la Zakat au profit de 14 jeunes nécessiteux, promoteurs de projets à caractère agricole.

Depuis 2004, le Fonds de la Zakat de la wilaya d’Ain Defla a financé 102 projets.

Les manifestations du 11 Décembre 1960 ont eu des répercussions “importantes” au sein de l’ONU

Les manifestations du 11 Décembre 1960 ont eu des répercussions « importantes » au niveau de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui s’apprêtait à adopter la Résolution 1514 consacrant le droit des peuples à l’autodétermination, a souligné, hier à Alger, l’ancien chef du gouvernement et porte-parole de la délégation algérienne à Evian, M. Redha Malek.

Le porte-parole de la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), lors des négociations d’Evian, qui animait une conférence à El Moudjahid sur les manifestations du 11 Décembre 1960, a affirmé que « le peuple algérien a exprimé son attachement à l’indépendance, lors de ces évènements qui ont eu des répercussions importantes au sein des Nations unies qui s’apprêtaient à adopter la Résolution 1514, le 14 décembre 1960 ». M. Redha Malek a souligné, dans le même cadre, que ces manifestations ont eu un impact « déterminant » dans l’adoption par l’ONU d’une Résolution, le 19 décembre 1960, consacrant le droit du peuple algérien à l’autodétermination.

C’est pour la première fois, a-t-il indiqué, que de grands pays comme les Etats-Unis se sont abstenus lors du vote sur l’Algérie et ont cessé d’appuyer la position colonialiste de la France.

Il a estimé, en outre, que ces manifestations qui coïncidaient avec la tournée du Chef de l’Etat français, Charles de Gaulle, en Algérie, ont joué un rôle aussi « dans le développement des mouvements pour l’indépendance en Afrique et ailleurs ».

L’ancien chef du gouvernement a souligné, par ailleurs, que ces évènements avaient ébranlé les autorités françaises « qui étaient encore attachées aux illusions colonialistes en Algérie ». De Gaulle, a-t-il dit, avait compris que le plan Challe qui visait à détruire militairement l’Armée de libération nationale (ALN), venait d’essuyer un échec « retentissant » grâce à la mobilisation du peuple algérien derrière ses dirigeants au sein du GPRA. « Il s’agit d’une véritable démonstration du peuple algérien qui exprimait ainsi son désir et son attachement à l’indépendance », a-t-il poursuivi. « C’est ainsi que la situation a évolué en faveur de l’ALN et du GPRA, en obligeant la France à négocier avec les véritables représentants du peuple algérien », a-t-il poursuivi. Il a rappelé, dans ce contexte, que la France qui voulait octroyer une autonomie interne pour la Tunisie et le Maroc, s’est retrouvée devant une situation faisant que son offre s’est transformée quelques temps après en une indépendance de ces deux pays voisins. « A nos amis Marocains qui proposent une autonomie au Sahara occidental, je dirai qu’aucune offre d’autonomie n’a réussi au monde parce qu’elles se sont toutes transformées en de véritables indépendances des peuples », a-t-il souligné.