Ils étaient près de deux cents travailleurs à battre le pavé, aujourd’hui, dans les rues de Béjaïa à l’appel du Comité de solidarité avec les travailleurs et le Parti socialiste des travailleurs (PST), qui, organise annuellement, à l’occasion de la journée internationale du travail, un défilé dans les rues de la ville.
Le Comité de solidarité des travailleurs, composés d’anciens militants du PAGS-MDS, du PT et du FFS, a décidé de son côté de célébrer cette journée en appelant les travailleurs en lutte à y prendre part. Toutefois, bien qu’il y ait deux appels, on a appelé à manifester côte à côte. Raison pour laquelle on a retenu un seul itinéraire : depuis le siège du théâtre de la ville jusqu’à la Maison de la culture.
A la tête de la procession humaine, les syndicalistes et adhérents des syndicats autonomes. Et on pouvait lire sur les banderoles brandies par les marcheurs : «Pour un salaire digne», «Non au bradage des entreprises publiques» et pour «l’égalité des droits entre les hommes et les femmes», bien que présentes, les femmes n’étaient pas nombreuses lors de cette manifestation.
Le défilé observera une halte significative en arrivant devant la nouvelle Place de la Liberté Saïd Mekbel, qui aura une inauguration populaire demain à l’appel des journalistes de la wilaya ; une minute de silence a été observée à la mémoire du journaliste et talentueux billettiste, assassiné le 3 décembre 1994. Et lorsque les manifestants sont arrivés au niveau de la cité CNS une minute de silence a été également observée par les manifestants à la mémoire des victimes du Printemps noir.
A la fin de la marche, un meeting a eu lieu sur l’esplanade de la Maison de la culture dont les stigmates des violences subies le 05 avril conséquemment aux émeutes ayant éclaté sont toujours visibles. A tour de rôle, les animateurs du meeting se sont reliés au micro. Ainsi, au nom du Comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya, l’on a insisté sur l’importance du 1er mai, qui symbolise, selon eux, la mémoire collective de toutes les luttes qui ont permis aux travailleurs et travailleuses, d’avoir des droits démocratiques. On a expliqué que la crise que vit les travailleurs est «la conséquence directe de la politique monétariste, qui obéit à la politique inflationniste qui met au centre le profit au détriment des besoins vitaux de la classe ouvrière».
Le Comité exige l’augmentation des salaires, un pouvoir d’achat décent, des CDI pour les contractuels, la relance du secteur public et la liberté de manifestation, d’organisation et d’expression. Les cadres du PST, à leur tête le SG du parti, Mahmoud Rachidi, ont rappelé que le 1er mai survient à quelques jours de « la mascarade électorale du 17 avril », qui a révélé, selon eux, «l’ampleur du rejet des travailleurs mais aussi des masses populaires de la politique libérale désastreuse et autoritariste du régime de Bouteflika». Et l’opposition libérale, incarnée, selon eux, par Ali Benflis, ou réformiste, à l’image de Louisa Hannoune, n’a pas réussi, a-t-on indiqué, à incarner une alternative crédible pour les masses populaires.
Les cadres du PST appellent à une alternance, qui passe par la construction d’une convergence démocratique, antilibérale et anti-impérialiste. C’est cette convergence qui bâtira le rapport de force politique qui imposera une véritable transition démocratique et l’élection d’une assemblée constituante représentative des intérêts des masses populaires.
Salim Aït-Sadi