Dans les immeubles des grandes villes, dans les vieilles maisons de la Kabylie profonde, dans les cafés maures, dans les esplanades d’animation ramadhanesque, dans les véhicules particuliers et les fourgons de transport public, il n’y en avait que pour Matoub.
Dix-sept ans après son horrible assassinat perpétré par un groupe armé, le 25 juin 1998, sur la route de Tala Bounane, alors qu’il se rendait en famille de Tizi Ouzou vers Taourirt Moussa Ouamar, son village natal fièrement perché sur les monts des Ath Douala, le chantre de la chanson berbère et le militant mythique de la cause amazighe n’a pas été oublié par son “peuple” et ses milliers d’admirateurs, qu’ils résident en Kabylie, dans toutes les régions d’Algérie ou aux quatre coins de la planète. Et pour preuve, le “Rebelle” a encore fait le buzz cette semaine sur les réseaux sociaux, mais aussi sur toutes les chaînes de télévision algériennes et étrangères qui lui ont consacré de nombreux documentaires agrémentés de commentaires et de témoignages fort émouvants sur ce lâche assassinat.
Avant-hier jeudi 25 juin, date anniversaire de sa tragique disparition, durant toute la journée et tout au long de la soirée, “Lwennas”, comme aiment l’appeler familièrement et respectueusement ses milliers de fans toujours inconsolables, était présent dans tous les esprits, dans les discussions et dans les airs, car sa voix rauque et envoûtante avait envahi les domiciles et les espaces publics. Dans les immeubles des grandes villes, dans les vieilles maisons de la Kabylie profonde, dans les cafés maures, dans les esplanades d’animation ramadhanesque, dans les véhicules particuliers et les fourgons de transport public, il n’y en avait que pour Matoub.
Comme chaque année en cette date fatidique, les cérémonies de recueillement ont été fort émouvantes, d’abord à Tala Bounane, sur les lieux du crime, où l’APC d’Ath Aïssi a procédé, en présence de Malika Matoub, de nombreux fans et de plusieurs P/APC de la daïra d’Ath Douala, de Tizi Ouzou et de Mekla, à la pose de la première pierre d’une grande stèle à la mémoire du regretté Matoub Lounès. Ensuite, sur la tombe du défunt à Taourirt Moussa en présence de sa mère “Nna Aldjia” visiblement très affaiblie par l’âge, la maladie et surtout la douleur qu’elle traîne depuis l’assassinat de son fils, ravi aux siens à la fleur de l’âge et au summum de son art.
En présence d’une foule nombreuse, parmi laquelle on aura noté la présence de représentants de partis politiques, Malika Matoub a déclaré dans son allocution que “dix-sept ans après ce crime abject, la justice n’a pas fait son travail et le semblant de procès de 2011 à la cour de Tizi Ouzou ne fut qu’une parodie de justice”. Dans la lancée, la place du Musée de Tizi Ouzou, située au centre-ville, a abrité, en cours de soirée, un grand meeting populaire organisé par l’association dénommée “Initiative citoyenne”.
Et pour clôturer cette commémoration, la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité, jeudi soir, un gala artistique animé par les artistes bien connus, Hacène Ahrès et Hamid Matoub, en hommage au regretté Matoub Lounès, où la foule en délire aura scandé frénétiquement le nom du défunt reprenant, notamment, ses tubes préférés entrecoupés du fameux slogan : “Assa, Azekka, Lwennas yella, yella !”
M. H.