Commémoration de la Révolution des jasmins : Il y a un an, Bouazizi s’immolait par le feu…

Commémoration de la Révolution des jasmins : Il y a un an, Bouazizi s’immolait par le feu…
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17 décembre 2010-17 décembre 2011. Un an jour pour jour, depuis que le soulèvement populaire, que d’autres qualifient de révolte ou de révolution, comme si la sémantique avait vraiment son importance, a été enclenché en Tunisie après l’immolation par le feu d’un vendeur ambulant. Un an depuis que les Tunisiens ont chassé leur président Ben Ali.

Hier, ils étaient des milliers, dont le nouveau Président Moncef Marzouki, à se rassembler à Sidi Bouzid pour commémorer ce premier anniversaire d’une date dont l’onde de choc s’est propagée à l’ensemble du monde arabe. Le jeune Mohamed Bouazizi n’est plus là pour voir ce que son geste de désespoir a donné comme espoir aux Tunisiens et aux autres peuples arabes qui vivaient sous des cieux dominés par des régimes tyranniques et peu enclins à se remettre en cause. Pourquoi du reste auraient-ils songé à une telle éventualité dans la mesure où ils étaient persuadés du soutien indéfectible de ces puissantes capitales occidentales qui font et défont, à leur guise et au gré de leurs intérêts économiques surtout, dictateurs et tyrans dans une région dont l’importance géostratégique n’est plus à démontrer ? Preuve en est. Aujourd’hui, que les aspirations des peuples sont exprimées pour la mise en place de régimes démocratiques, ces mêmes capitales s’empressent à rejouer la carte de l’exigence démocratique qu’elles affirment avoir toujours voulu imposer aux dirigeants arabes, mais qu’elles ont dû mettre en veilleuse en raison du refus de ces dirigeants à y répondre. Des capitales qui soutiennent toutefois n’avoir jamais renoncé à voir un jour cet idéal démocratique s’instaurer dans cette partie du monde, car seul à même de prendre en charge les aspirations citoyennes. Venus de plusieurs villes du pays, les Tunisiens se sont rassemblés hier dès l’aube, pour participer à cet anniversaire avec les habitants de Sidi Bouzid. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’on se souviendra encore longtemps de ce jeune homme par qui l’embrasement de la Tunisie est arrivé. Un mois de manifestations a obligé Zine El Abidine Ben Ali à quitter le pays après 23 ans de règne sans partage. Le monument commémoratif représentant le chariot de Bouazizi entouré de chaises volantes en symbole des « dictateurs » arabes déchus, dévoilé sous les applaudissements d’une foule compacte, entretiendra le souvenir. Mais la Tunisie qui a servi de modèle à d’autres peuples dans la région comme l’Egypte et la Libye, qui ont réussi à faire tomber leur président dans des conditions différentes, ou encore le Yémen et le Bahreïn, ne doit pas aussi gâcher cette occasion qui se présente à elle de réussir sa transition vers une réelle démocratie quand bien même l’avènement des islamistes risque d’être un sérieux écueil vers cette aspiration née il y a un an jour pour jour.

Nadia Kerraz