Les Palestiniens commémorent mercredi le 65e anniversaire de la « Nakba » (catastrophe) qui a vu l’expulsion d’environ 800.000 citoyens de leurs terres par l’occupant israélien, dans un contexte de poursuite de la colonisation et de l’arrêt du processus de paix en plus des efforts pour mettre fin aux divisions internes.
Plusieurs festivités étaient déjà observées mardi dans les territoires de Cisjordanie et de Ghaza. Selon les organisateurs, des films retraçant l’histoire de la Nakba seront notamment projetés à l’initiative de mouvements estudiantins.
Des marches sont également prévues à l’occasion du 65e anniversaire de la Nakba, qui a vu l’exode d’environ 800.000 Palestiniens le 15 mai 1945, expulsés de leurs villages et de leurs terres et se virent refuser tout droit au retour.
Les réfugiés palestiniens qui sont aujourdÆhui au nombre de 7,2 millions, attendent toujours de retourner chez eux. En outre, 4.900 Palestiniens sont toujours incarcérés dans les prisons israéliennes, dont 169 en détention administrative, selon des sources officielles palestiniennes.
La catastrophe de la Nakba fût aussi la destruction entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par les forces militaires israéliennes.
Accentuation de la colonisation
La colonisation israélienne s’est accentuée en plus de l’édification depuis l’année 2002 du mur de séparation israélien, dénoncé comme un « mur de l’apartheid », par les Palestiniens empiétant sur la Cisjordanie, et qui doit s’étendre à terme sur 708 km, achevée à près des deux tiers, se trouve à 85 % en Cisjordanie, isolant 9,4% du territoire palestinien, dont El-Qods-Est occupée.
Un avis rendu en 2004 par la Cour internationale de justice (CIJ) a pourtant jugé cette barrière illégale et exigé son démantèlement, de même que l’Assemblée générale de l’ONU.
Le projet dans la zone E1 relierait une implantation sauvage israélienne à des quartiers de colonisation à El-Qods-Est et couperait en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d’un Etat palestinien indépendant.
La communauté internationale considère illégales toutes les colonies israéliennes et ne reconnaît pas l’annexion en 1967 d’El-Qods-Est, où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur Etat indépendant auquel ils aspirent.
Un rapport de l’ONG israélienne « La Paix Maintenant » a relevé que 2012 avait été une année record en matière de colonisation, le gouvernement a donné son feu vert à 6.676 nouveaux logements dans les implantations de Cisjordanie et d’El-Qods-Est. Israël a donné son feu vert à la construction de près de 300 logements dans la colonie de Beit El en Cisjordanie.
Processus de paix israélo-palestinien à l’arrêt
Les Palestiniens demeurent fermement attachés à une reprise des négociations de paix avec Israël sur la base de l’initiative de paix arabe lancée lors du sommet arabe de Beyrouth 2002 et qui comprend entre autres la création d’un Etat palestinien avec El-Qods comme capitale sur les frontières de 1967, le retour des réfugiés .
La Ligue arabe (LA) appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour faire cesser les crimes israéliens visant le peuple palestinien, affirmant que le silence face à ces crimes est de nature à entraver toute opportunité de consacrer paix et justice dans la région.
Dans un communiqué rendu public à l’occasion du 65e anniversaire du massacre de Dir Yacine, la Ligue arabe a indiqué qu’Israël continuait de commettre des massacres à l’encontre du peuple palestinien, au su et au vu de la communauté internationale.
Le souvenir des massacres de Dir Yacine perpétrés en 1948 « est encore vif dans la mémoire des Palestiniens et des Arabes. Ces massacres furent des plus atroces jamais commis à l’encontre du peuple palestinien, souligne le communiqué.
Pour la Ligue arabe, la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de l’ONU « doivent assumer la responsabilité de faire obligation à Israël de cesser ses crimes contre le peuple palestinien et l’occupation de ses territoires et de se conformer à toutes les décisions de la légalité internationale.
Dans le cadre des efforts pour relancer des négociations israélo-palestiniennes, au point mort depuis septembre 2010, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avait lors de sa dernière visite dans les territoires occupés, estimé que la paix était « possible ».
Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a rencontré Kerry a réclamé le gel de la colonisation juive en Cisjordanie et à El-Qods-Est ainsi que la libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël. Il demande aussi à négocier sur la base des lignes de 1967, c’est-à-dire avant le début de l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
La Nakba commémorée sur fond de réconciliation nationale
Un dirigeant du mouvement Fatah Azzam al-Ahmad, avait appelé le mois dernier à « avancer » vers la réconciliation avec le Hamas, deux jours après la démission du Premier ministre Salam Fayyad, pour former un gouvernement d’union nationale et fixer une date pour les élections, en vertu de l’accord de Doha.
Le président palestinien Mahmoud Abbas avait d’ores et déjà affirmé qu’il allait bientôt commencer les consultations pour former un nouveau gouvernement après la démission de M. Fayyad le 13 avril dernier.
Les accords de réconciliation entre le Fatah (parti présidentiel) et le Hamas qui contrôle la bande de Ghaza, restés pour l’essentiel inappliqués, prévoient que les gouvernements de Fayyad et le cabinet déchu du Hamas à Ghaza cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d’organiser des élections.
La Commission électorale centrale (CEC), qui a terminé la mise à jour des listes électorales, a annoncé être « prête à organiser les élections quand la présidence en fixera la date », après avoir enregistré 1,86 million d’électeurs, étape clé de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.
Pour Khaled Mechaal, réélu début avril à la tête du bureau politique du Hamas qui contrôle la bande de Ghaza depuis 2007, « l’occupation israélienne exploite la division et met des obstacles à la réconciliation » avec le Fatah.
Le Fatah et le Hamas ont signé en avril 2011 au Caire un accord de réconciliation, dont la plupart des clauses sont restées lettre morte, et dont les échéances ont été constamment repoussées. Les leaders des deux partis « Fatah et Hamas » doivent se rencontrer mardi au Caire pour reprendre leur dialogue de réconciliation.