Commémoration artistique du cinquantenaire de l’Indépendance : la « Chkara » de Khalida Toumi

Commémoration artistique du cinquantenaire de l’Indépendance : la « Chkara » de Khalida Toumi

Les artistes algériens ont toujours été exclus des rendez-vous commémoratifs des grandes dates historiques de l’Algérie: Hadj M’hamed El Anka et Sid Ahmed Serri ont claqué la porte des médias officiels depuis 1963. 50 après l’indépendance, Khalida Toumi s’encombre d’une polémique liée au cachet mirobolant d’une jeune chanteuse du Moyen-Orient invitée en Algérie pour « faire chanter » son indépendance..

N’y a t-il pas ou plus de chanteurs algériens dignes du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie pour fêter cet événement avec, bien sûr, des artistes étrangers de renommée internationale ? La grande diva, la défunte Warda Djazaïria, depuis 1963, a toujours été la voix officielle des rendez-vous non moins officiels de différentes commémorations de dates historiques de l’Algérie, desquelles les chanteurs, musiciens, ont été exclus depuis une cinquantaine d’années. Cela, dès 1963, a provoqué l’ire du talentueux Si Ahmed Serri qui a coupé toute relation avec les médias officiels algériens depuis cette date et du fondateur du chaâbi, Hadj Mhamed El Anka alors président du premier colloque sur la chanson algérienne populaire qui, selon une étude du musicologue, Bachir Hadj Ali, a été « orientalisé » par la télévision algérienne à l’indépendance de l’Algérie.

Ainsi, la télévision algérienne, l’Unique, a, dès le 5 juillet 62 et les années d’après, censuré les artistes algériens fondateurs dans la diversité des genres musicaux populaires pour privilégier des artistes orientaux inconnus en Algérie comme Fahed Belane dans les années 70 appuyant ainsi les prêches religieux d’El Azhar par lesquels passaient les commémorations du 1er Novembre 54 et du 5 juillet 1962.

Un demi-siècle après l’indépendance du 5 juillet 62 date à laquelle ont été exclus cheikh Mhamed El Anka, Sid Ahmed Serri et tant d’autres sommités artistiques algériennes, Khalida Toumi ne faillit pas à cette règle d’exclusion « historique » des voix fondatrices de la culture artistique algérienne. D’où cette polémique éhontée autour du cachet de la chanteuse libanaise Elissa Khoury invitée à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

La ministre de la Culture, Khalida Toumi, accuse la mairie d’Annaba ainsi que le promoteur du spectacle, de recourir à des moyens frauduleux pour payer le cachet de la chanteuse. Grande star au Moyen-Orient qui ne connaît rien du passé de l’Algérie ni même de son présent – et cela ne peut lui être reproché, loin s’en faut-, Elissa ne se déplacera pas en Algérie pour des clopinettes. Montant de sa prestation sans la prise en charge de son staff : 9,5 millions de dinars (environ 96 000 euros). Rien que ça ! Et dire que la communauté artistique algérienne n’attend qu’un pauvre statut de «retraitables» pour s’assurer les vieux jours !

Pour monter le spectacle, le comité des fêtes signe un contrat avec un promoteur local, Décibel Systems, lequel a déjà assuré des prestations du même genre par le passé.

Mais voilà. La ministère de la Culture, Khalida Toumi, qui gère ce département depuis 10 ans, allume la mairie et le promoteur en les accusant de recourir au marché parallèle pour payer le cachet de la chanteuse.

« Je sais que la Banque d’Algérie ne donnera jamais le quitus pour une telle opération », affirmait Mme Toumi. « Alors comment cela va être réglé ? Cela veut dire qu’on va utiliser la chkara. Et c’est un organisme public qui fait cela. L’APC de Annaba, pour ne pas la nommer. » La « chkara » de Khalida Toumi a de quoi donner le tournis à Ali Baba et les 40 voleurs !

R.N