« Comme si j’étais une menteuse » : Lyna Khoudri raconte son parcours de naturalisation

« Comme si j’étais une menteuse » : Lyna Khoudri raconte son parcours de naturalisation

Révélée par ses rôles puissants dans le cinéma français, et récemment très remarquée sur le tapis rouge de la 78e édition du Festival de Cannes, l’actrice franco-algérienne Lyna Khoudri revient sur un épisode méconnu de sa vie : son douloureux parcours pour obtenir la nationalité française. Une expérience intime qu’elle partage aujourd’hui avec franchise, mettant en lumière les failles d’un système souvent inhumain envers les jeunes issus de l’immigration.

Une actrice en pleine lumière, une citoyenne marquée dans l’ombre

Née à Alger le 3 octobre 1992, Lyna Khoudri a grandi en France avec un passeport algérien et une carte de résidence. Longtemps, elle n’a pas ressenti le besoin de questionner son statut. « J’allais en Algérie tous les étés, je pensais que l’affaire de l’immigration était réglée », confie-t-elle. Mais tout a basculé à ses 18 ans, lorsqu’elle a entamé les démarches pour sa naturalisation française.

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« Il fallait que j’aille à la préfecture à 4h du matin, que je justifie que j’avais grandi ici, en fournissant tous mes certificats de scolarité depuis la maternelle », raconte-t-elle. Une procédure qu’elle qualifie sans détours d’« humiliante », comme si l’administration lui réclamait de prouver qu’elle avait le droit d’appartenir à un pays dans lequel elle avait toujours vécu.

Un déclic identitaire et une quête de sens

Loin d’être une simple formalité, cette expérience a provoqué chez elle une profonde remise en question. « Je me sentais comme une menteuse, c’est là que la révolte a commencé », avoue-t-elle.

Pour comprendre son identité et apaiser sa colère, Lyna s’est tournée vers les écrits de Frantz Fanon, d’Aimé Césaire et les récits de la guerre d’Algérie. Un cheminement personnel qui a profondément influencé sa vision du monde et son engagement artistique.

Aujourd’hui, à 32 ans, et malgré le succès, elle affirme que « la rage adolescente est retombée, même si la colère s’est déplacée ». Comprendre son histoire lui a permis de trouver une certaine paix intérieure : « La compréhension apporte toujours plus de sérénité », conclut-elle.

Un exil contraint par la violence

L’histoire de Lyna Khoudri est indissociable de celle de sa famille. Née à Alger en 1992, elle est arrivée en France à l’âge de 2 ans, après que son père, journaliste et présentateur du JT, ait reçu des menaces de mort de la part des intégristes. « Ils ont dû quitter l’Algérie pendant la guerre civile qui a ravagé le pays de 1991 à 2002 », a-t-elle confié à Grazia en 2024.

Sa mère, violoniste, et son père ont tout quitté, croyant à un exil temporaire. À leur arrivée, la réalité a été plus rude. Sa mère a dû abandonner la musique pour devenir caissière, tandis que son père a tenté sans succès de poursuivre dans le journalisme. « Les médias français ne cherchaient pas de journalistes arabophones, du moins pas à des postes auxquels mon père pouvait prétendre. »

Après un détour en Allemagne, la famille revient en France, où son père ouvre des taxiphones, cybercafés ainsi que des sandwicheries, abandonnant son ancien métier. « Une traversée du désert », commente Lyna, qui admire aujourd’hui la résilience de ses parents.

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À travers ce témoignage sincère, Lyna Khoudri pose une parole forte sur la réalité de nombreux jeunes issus de l’immigration. Une parole d’autant plus puissante qu’elle émane d’une figure admirée et respectée, à la croisée de deux cultures qu’elle continue d’assumer avec dignité et intelligence.