Comme en Algérie en 1991, des groupes armés poussent secrètement Ennahda à la confrontation : démonstration de force des salafistes en Tunisie

Comme en Algérie en 1991, des groupes armés poussent secrètement Ennahda à la confrontation : démonstration de force des salafistes en Tunisie

Corans brandis, la voix détonante, les milliers de personnes venues  appuyer Ennahda ont manifesté samedi 16 février à Tunis. Après le raz-de-marée de l’opposition, les islamistes avaient besoin de montrer de quoi ils étaient capables. Ce fut alors une véritable démonstration de force. Les militants et sympathisants islamistes exigent qu’Ennahda continue à diriger le pays. Comme le FIS, en Algérie, en 1991, la Tunisie semble posée sur une poudrière. Mais les similitudes ne s’arrêtent pas  à ce seul aspect.

Rached Ghannouchi, le chef d’Ennahda, figure emblématique du parti, maintient la cohésion du groupe, vaille que vaille, malgré  les divergences au sein du parti qui éclatent au grand jour.
A Hamadi Jabali qui cherche à gagner la sympathie du peuple en sortant des limites politiques acceptables tracées par son parti, Ennahda, de former un nouveau cabinet avec des personnalités indépendantes, Ghannouchi s’oppose à l’idée émise par son numéro 2, et promet de rester au pouvoir.
Ghannouchi l’a proclamé haut et fort devant quelque 15.000 partisans : le parti n’est pas près de céder le pouvoir, contredisant une nouvelle fois son Premier ministre,  Hamadi Jabali.
Hier, dimanche, la Tunisie était toujours dans l’incertitude, avant la reprise lundi des tractations sur la formation d’un gouvernement de technocrates sur fond de bras de fer entre  Ghannouchi et Jabali.
Les salafistes, véritable hantise en Tunisie depuis une année, avec des pics de violence qui font craindre le pire, rappellent étrangement les groupes armés algériens, de 1991-1992, avec des divergences de fond avec le parti légal, le FIS, mais prompts à le soutenir quand une menace de l’Etat pèse sur lui.
Le véritable danger ne vient pas d’Ennahda lui-même, un parti modéré, avec des à-côtés discutables, mais bel et bien des groupes extrémistes qui gravitent autour. On ne parle pas seulement d’Ansar Ech-Charia, mais aussi de plusieurs groupes non structurés, dont certains sont totalement captés par la perspective de faire flotter l’étendard d’Al Qaida sur la Tunisie.
L’attaque de Teguentourine a largement confirmé cette tendance, avec au moins six terroristes impliqués dans la plus meurtrière prise d’otages jamais réalisée en Algérie et sur tout le continent africain.
Reste à la Tunisie, longtemps amarrée à la démocratie occidentale, de trouver en elle-même les ressources nécessaires pour dépasser ce cap difficile, et de ne pas tomber dans les mêmes erreurs commises en Algérie, et dont nous essuyons les effets à ce jour…
Fayçal Oukaci