combines, passe-droits et failles dans le système de contrôle ,Cette corruption qui grangrène les marchés publics

combines, passe-droits et failles dans le système de contrôle ,Cette corruption qui grangrène les marchés publics
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Déliquescence des institutions de l’Etat

Le champ de la corruption englobe également en Algérie petits et moyens projets des communes, daïras, wilayas ou d’autres institutions de l’Etat, en particulier dans le bâtiment et travaux publics. Cette situation mesure l’étendue du phénomène qui concerne aujourd’hui à la fois les petits et les grands contrats.

Face à l’ampleur de ce mal qui ronge l’économie nationale, une organisation patronale a eu le courage dans ce supplément de dénoncer les pratiques de corruption dans les marchés publics. Car leurs effets sont dévastateurs : l’exclusion de maintes et maintes entreprises qualifiées du secteur privé des projets publics. En d’autres termes, l’attribution de marché à des entreprises moins qualifiées à la faveur de dessous de table versés génère surcoûts, mauvaise qualité des travaux et, partant, gaspillage de l’argent public. En somme, le phénomène menace de disparition nombre d’entreprises et, du coup, l’emploi dans le pays. Au moment où les pouvoirs publics cherchent à mobiliser l’outil de réalisation public et privé, tant les programmes de réalisation des logements et d’infrastructures socioéducatives restent fort consistants dans le plan quinquennal 2010-2014, on assiste à la marginalisation d’une partie des entreprises privées parmi les plus qualifiées dans cet immense effort de construction. Quant au mode d’emploi, cela va des dessous de table, passe-droits, complicités ou implication de hauts responsables, aux failles dans le contrôle des procédures de passation des marchés. Le favoritisme règne également à l’intérieur du pays, où en l’occurrence quelques entreprises détiennent le monopole des marchés dans une wilaya, rapporte une organisation patronale. L’administration dans ces situations est là, suivant de tels témoignages, non pas pour assurer la transparence, la régularité des opérations de sélection, mais pour rendre opaque, compliquer les procédures, de manière à ouvrir les portes à la tchipa.

A cela s’ajoute une loi de l’omerta qui ne dit pas son nom. En effet, nombre de fonctionnaires ont perdu le désir de dénoncer les faits de corruption, après que leurs pairs ont été traînés devant les tribunaux ou licenciés pour avoir eu le courage d’alerter les autorités sur “des affaires de chkara”.

Dans ce “nid de vipères”, l’autorité de contrôle est curieusement absente. Les demandes de recours sont chaque fois rejetées. Morale de l’histoire : les règles du jeu sont aujourd’hui aux mains de parrains, un autre signe de la déliquescence des institutions de l’Etat.

Le fossé est donc très large entre le discours officiel qui affiche la détermination de l’Etat à combattre la corruption et les pratiques du terrain. Bien que ce cancer qui se généralise, y compris à l’échelle des collectivités locales, voire les démembrements au niveau régional, constitue le plus grand “barrage” au développement du pays et au bien-être de sa population, l’Etat reste toujours les bras croisés. Il faudra probablement “un séisme de forte magnitude sur l’échelle de la stabilité du pays” pour que les choses bougent.

K. R