Colocation à Alger, Une formule « chère » aux célibataires

Colocation à Alger, Une formule « chère » aux célibataires

Un phénomène nouveau s’est imposé depuis plusieurs années dans Alger. Il s’agit de la location de logements par leurs propriétaires au profit de jeunes hommes et de jeunes filles célibataires issus de l’intérieur du pays travaillant ou poursuivant leurs études dans la capitale. Les locataires ont recours au bouche à oreille ainsi qu’aux annonces via les journaux, principaux supports des offres.

Ce type de location a pu se développer à cause du manque de logements et de la cherté du loyer, mais également au désir des propriétaires d’obtenir des revenus supplémentaires. Dans le quartier de Mohamed-Belouizdad (ex-Belcourt), un immeuble de quatre étages appartenant à un particulier est mis à la disposition des gens de passage d’un jour ou de plusieurs années. Moyennant 6000 DA par mois, les locataires ont droit à un lit. Autrement dit, chaque pièce on y trouve trois canapés. La location d’une chambre reviendrait à 18.000 dinars/mois. Dans le couloir, une télé accrochée au mur permet aux couches-tard de combler leur soirée. Une cuisine collective, des toilettes et une salle de bain est mise à leur disposition. L’inexistence d’armoire ou de placard mural dans les chambres pénalise les pensionnaires qui sont contraintes de garder leurs vêtements dans les cabas.

« Le sérieux, la propreté des lieux m’ont incité à venir ici », dira une journaliste exerçant dans un titre privé, et originaire d’Annaba. En effet, d’après notre interlocutrice, « la propriétaire de l’immeuble ferme la porte d’entrée à 21h. Une manière de mettre un terme aux abus et de préserver la bonne réputation des lieux ». Des particuliers disposant de niveaux de villa ou vivant seuls ont également investi dans ce créneau. C’est le cas de cette dame vivant dans le quartier de Aïn Naâdja. Pour mieux gérer sa solitude et sous les conseils de ses voisines, elle a ouvert sa porte à trois jeunes filles, des amies, pour une durée déterminée. Les consignes de sortie et d’entrée ainsi que le ménage sont appliquées à la lettre. Ces filles, originaires de Chlef dont deux sont des cadres supérieurs dans des institutions de l’Etat, déboursent 4000 DA par mois.

« Pour mieux me sécuriser, j’ai remis le duplicata des cartes d’identité nationale de mes locatrices au commissariat du quartier. C’est la première fois que j’adopte une telle activité que ma voisine m’a suggérée », dira-t-elle. La colocation de la chambre chez les particuliers a aussi trouvé des émules chez la gent masculine. En effet, ils cotisent pour un loyer jugé fort. Makhlouf et Riad originaires de Béjaia exerçant dans la même entreprise ont opté pour la colocation. « Il m’est impossible de débourser 20.000 DA pour la location donc en commun accord avec mon collègue et deux autres copains, nous avons loué un F4. Chacun dispose de sa propre chambre, de la cuisine et des sanitaires dans de meilleures conditions que celles d’un hôtel.

Le loyer mensuel est de 9000 DA pour chacun de nous », explique Makhlouf. Ahmed, venu de Tizi Ouzou, est également de ceux qui ont préféré la colocation. A raison de 9000 DA par mois pour chacun des trois pensionnaires, Ahmed, qui en est à sa sixième année de location, s’est dit satisfait de cette formule. « J’ai galéré durant deux années dans un hôtel mais les horaires de fermeture et d’ouverture (5h-22h) ne m’ont guère arrangé. Il m’est arrivé de passer des nuits blanches dans un cybercafé car sachant que j’arriverais tard pour entrer à l’hôtel », se rappelle-t-il tristement.

Souhila H.