Colmater les brèches

Colmater les brèches

C’est demain que seront fixés les dirigeants de l’opposition sur trois faits majeurs. D’abord, le choix de la date d’un deuxième sommet des partis politiques, ensuite le détail de l’ordre du jour de ce rendez-vous et enfin le contenu de deux textes majeurs, la charte de l’engagement et la déclaration politique, qui seront adoptés à l’issue du sommet.

Selon des animateurs de cette opposition, l’Instance de concertation et de suivi, qui regroupe aussi bien les membres de la Coordination nationale des libertés (CNLTD) que ceux du Front des forces du changement, se réunira demain au siège du parti El islah à Alger, afin de trancher plusieurs questions qui continuent de perturber les chantiers de l’opposition. On sait que cette réunion était prévue bien avant, mais reportée sans explications.

Ce qui a donné lieu à des rumeurs et déclenché des informations sur l’existence de divisions et de divergences profondes entre les différents acteurs de cette opposition. Interrogé sur ce report, le chef d’El Islah dira que le « problème est d’ordre technique », sans autre précisions, alors que d’autres estiment que c’est le contenu de cette charte dite de l’engagement qui pose problème.

De quoi s’agit-il ? Pour les initiateurs de ce projet, cette charte est un texte qui définit les obligations éthiques et politiques des signataires, qu’il soient partis politiques ou personnalités nationales.

Ce texte devrait mettre fin aux jeux « politiciens » et aux « tactiques » de certains, qui entretiennent le doute sur leurs intentions politiques majeures. C’était d’ailleurs le fameux prétexte qui déclencha la bataille des coulisses entre le MSP de Mokri et le FJD de Djaballah, ce dernier reprochant à l’autre de jouer « double jeu ».

« Un pied dans l’opposition et un autre dans l’espace du pouvoir » ou le fameux adage « prendre le bâton par le milieu » était cité régulièrement pour dénoncer la toute dernière initiative de Mokri de vouloir ouvrir des portes de dialogue avec le pouvoir.

Cela n’a pas plu aux autres membres de la CNLTD et certainement pas à l’ICS. C’est cela qui a motivé la rédaction de ce texte de « fidélité » aux options politiques et éthiques de l’opposition.

Ainsi, aux dires de certaines sources, c’est ce document de référence qui va définir durablement les grandes idées de l’opposition et permettre à d’autres forces politiques à et des mouvements ou organisations sociales de rejoindre l’ICS ou la CNLTD. Il y a peu, le président de Jil Jadid expliquait que ceux qui « décident de rejoindre l’opposition doivent respecter les clauses de la charte de l’engagement qui sera soumise pour approbation le jour du congrès ».

Autre point qui sera tranché demain : la date du deuxième congrès de l’opposition. Si certains veulent donner un cachet symbolique à ce rendez-vous en proposant soit le 18 février, qui coïncide avec la Journée du chahid, soit le 24 février qui rappelle les nationalisations des hydrocarbures, d’autres acteurs politiques pensent que cela est inutile politiquement en raison de la conjoncture et qu’il faudra seulement « bien préparer le congrès, sa logistique, son organisation, son ordre du jour et assurer son impact médiatique et politique ».

S’agissant enfin des textes qui seront soumis à approbation, il semble que la déclaration de politique générale a été finalisée, ainsi que les termes du communiqué qui devrait définir la position de l’ICS sur l’avant-projet de révision de la Constitution.

Reste maintenant à savoir si les membres de l’ICS vont procéder au changement de quelques dispositifs de la plate-forme de Mazafran, dont le contenu adopté en juin 2014 contient les fondements, les mécanismes et les leviers pour une transition pacifique. C’est cette transition qui pose problème aux partisans de la mouvance présidentielle, dont le FLN et le RND.

L’autre question en suspens est de savoir si cette opposition réussira à convaincre les autres formations politiques majeures de l’opposition à rejoindre sa démarche, comme le FFS ou le PT. Ce dernier parti s’est lancé dans une guerre sans merci contre certaines forces politiques et financières appartenant à la mouvance présidentielle.