L’Etat s’est engagé à faire de l’emploi une « haute priorité », Mme Ourida Amrani directrice du laboratoire Lancomnet estime qu’il faudrait, aujourd’hui, faire un état des lieux pour comprendre si les dispositifs d’aide à l’emploi ont accéléré ou freiné la recherche de l’emploi.
Comment éviter aux jeunes « l’angoisse » de la quête du travail ? Comment les aider à s’insérer dans le monde professionnel ? Quelle stratégie de communication adopter au sein des structures de l’emploi ? Ces questions ont été au centre d’un colloque national intitulé « L’emploi des jeunes et la communication en Algérie », organisé par le laboratoire de recherche des langues, de la communication et des nouvelles technologies, en partenariat avec Emploitic et la Fondation Friedrich Ebert, à l’auditorium de l’université Alger 3.
Mme Ourida Amrani, directrice du laboratoire Lancomnet, a affirmé d’entrée que la culture numérique est un facteur clé dans la problématique du chômage, notamment les réseaux sociaux qui ont ouvert les portes aux professionnels. Tout en rappelant que l’Etat s’est engagé à faire de l’emploi une « haute priorité », elle estime qu’il faudrait, aujourd’hui, faire un état des lieux pour comprendre si les dispositifs d’aide à l’emploi ont accéléré ou freiné la recherche de l’emploi. Amrani regrette le fait qu’il y ait peu de liens entre le monde du travail et les universités, « les principales pourvoyeuses de l’emploi ».
Le professeur Chems Eddine Chitour, dans sa communication « Emploi des jeunes, du tonneau des Danaïdes actuel et éphémère à une stratégie de création de richesse pérenne », a indiqué, de son côté, que « le moment est venu de changer le fusil d’épaule en terme de politique éducative, en passant du quantitatif au qualitatif. Il affirme que, certes, le chômage est de l’ordre de 10%, mais les frontières qui séparent le CDD et le CDI restent méconnues. 120.000 diplômés sortent chaque année des universités avec des cursus qui ne répondent pas souvent à l’offre d’emploi quand elle existe », dira-t-il. Selon lui, l’emploi est d’abord stimulé par une richesse créée à long terme. Sauf que notre économie « roule » toujours, malheureusement, avec les hydrocarbures en l’absence d’une stratégie d’ensemble qui dépasse la rente pétrolière. Chitour confirme que dans 20 ans, le modèle algérien ne pourra plus reposer sur les hydrocarbures.
En Algérie, le chômage des jeunes est trois à quatre fois plus important que celui des adultes, souligne-t-il, en proposant une certaine flexibilité au sein des universités, de façon à permettre aux étudiants de poursuivre leurs études et de travailler en même temps. M. Noureddine, dont la communication est intitulée « La perception par les jeunes des dispositifs publics d’emploi », a fait savoir que l’Anem a réalisé en 2010, 273.141 emplois, et 292.000 en 2012. L’ADS a, quant à elle, créé 302.000 en 2012. L’Ansej a, elle aussi, financé à fin 2012, 13.586 projets. Un regret toutefois : ces organismes d’emploi « ne disposent pas de véritable plan de communication ».
Ils se contentent d’actions de vulgarisation. Ce qui induit une perte de confiance chez les jeunes qui « restent prisonniers de l’idée qui ces dispositifs sont réservés uniquement à ceux ayant des liens avec l’administration », regrette-t-il. Mme Leah Bitat, représentante de World Learning Algéria, a fait savoir que son organisation offre son aide à l’Etat algérien pour mettre en place des centres de carrières, à l’instar de ceux réalisés à Ouargla, Constantine et Bejaia. Ces centres auront pour vocation d’accompagner les étudiants en situation de handicap à trouver un travail. Ils servent de liens entre les universités et le monde professionnel. « L’expérience, il faut la créer et non pas l’attendre », déclare-t-elle.
Karima Alloun