Colloque national sur la contrebande : La traite humaine revient

Colloque national sur la contrebande : La traite humaine revient

Loin des clichés racistes ou xénophobes, ce corps de sécurité souligne dans ses bilans éblouissants que le phénomène a atteint son pic.

La contrebande est, dans toutes ses facettes, multiple et variée. Dans l’une de ses composantes traitées par les éléments de la Gendarmerie nationale, la traite humaine gagne de plus en plus de terrain.

En effet, des réseaux solides investissent de gros moyens financiers et matériels pour l’immigration clandestine. Dans son rapport, la Gendarmerie nationale tire la sonnette d’alarme tout en indiquant que la question nécessite un traitement de choc et immédiat.

L’immigration clandestine connaît une hausse de 34% comparativement aux années précédentes. Il n’y a pas de fumée sans feu semble vouloir dire la Gendarmerie nationale qui fait état d’un phénomène hautement dangereux étant donné qu’il est étroitement lié aux réseaux spécialisés dans la traite humaine.

Loin des clichés racistes ou xénophobes, ce corps de sécurité souligne dans ses bilans éblouissants que le phénomène a atteint son pic. D’importants réseaux spécialisés dans l’alimentation de ce phénomène ont été démantelés.

En effet, ce sont 18 396 immigrants clandestins qui ont été arrêtés durant la période allant de 2010 à 2014 dont près de 5000 personnes originaires du Royaume marocain. Selon une déclaration faite par le commandant du 2e Commandement régional de la Gendarmerie nationale, le général Othmani Tahar, rien que dans la journée du 13 mai, plusieurs Marocains ont été arrêtés un peu partout dans plusieurs localités de la partie ouest du pays.

Ce n’est pas tout. Le trafic de l’alcool frelaté, de la drogue et des armes a une forte relation avec les réseaux terroristes. L’aveu a été fait par le général Othmani Tahar s’appuyant sur les rapports onusiens. Une telle thèse est, en Algérie, confortée, par la saisie en 2013 de plus de 400 armes. Le phénomène de la contrebande gagne du terrain.

L’adhésion des universitaires et des chercheurs à la politique nationale de lutte contre la contrebande vise la création d’une force d’étude et de proposition, la finalité recherchée étant de combattre efficacement ce phénomène.

La démarche collective a, en l’espace de deux journées d’étude, permis aux participants de poser la problématique de la contrebande et d’étudier tous les déterminants culturels, sociaux, économiques, géopolitiques et géographiques d’un fléau qui menace la sécurité du pays et son économie nationale.

L’approche de l’université dans l’analyse et la compréhension de la contrebande a été axée sur les changements et les perturbations que connaissent les pays frontaliers, les déterminants de la contrebande en Algérie et les méthodes de lutte contre ce phénomène dans le cadre des conventions internationales et de la loi. En tout, une trentaine de recommandations ont été adoptées à l’issue des deux journées de travail. Elles s’articulent autour du renforcement du contrôle au niveau des postes frontaliers avec un redéploiement humain et matériel.

La contrebande n’est pas un simple point de vue. Raison pour laquelle, des mécanismes ont été mis en place afin de le juguler, notamment en ce qui concerne le trafic du carburant et de drogue. En 2013, plus de 200 tonnes de kif ont été saisies.

Le dispositif de lutte contre la contrebande est en développement constant. «Des équipements électroniques seront installés au niveau des frontières», ont plaidé les universitaires ayant pris part aux travaux de la rencontre nationale sur la contrebande tenue en fin de semaine à Tlemcen. Sur le plan juridique, un projet d’amendement de l’ordonnance 05/06 relative à la lutte contre ce phénomène transfrontalier est en voie d’élaboration.

Il portera sur une aggravation des peines prononcées contre les contrebandiers spécialisés dans le carburant, ajouté aux amendes infligées qui font 100 fois la valeur des produits prohibés saisis. Les participants ont rappelé les facteurs motivant l’éclosion du phénomène, en l’occurrence la situation géographique, l’étendue de la bande frontalière ainsi que le manque de civisme. Comme ils ont souligné la relation liant la contrebande la corruption et leurs corollaires dont le blanchiment d’argent.