Colloque international Enrico Mattei et l’Algérie pendant la Révolution,Hommage à Monsieur Pétrole du GPRA

Colloque international Enrico Mattei et l’Algérie pendant la Révolution,Hommage à Monsieur Pétrole du GPRA

laune.jpgUn colloque international sur le thème « Enrico Mattei et l’Algérie» s’est déroulé hier à Alger en présence d’universitaires et de personnalités historiques nationales ayant connu et côtoyé ce grand militant anticolonialiste italien et fervent partisan de l’indépendance de l’Algérie.

Ce colloque parrainé par le président de la République et organisé par l’ambassade d’Italie et le Centre culturel italien à Alger, en collaboration avec le Centre national algérien des archives, se veut un témoignage sur l’amitié algéro-italienne et « une contribution à la connaissance et à l’écriture de cette période de l’histoire» de l’Algérie et de l’amitié algéro-italienne, a dit en substance l’ambassadeur italien à Alger, M. Giampaolo Cantini.

Les intervenants ont mis l’accent sur la dimension « politique et stratégique» de la pensée de Mattei, notamment en matière de gestion des hydrocarbures des pays colonisés. Expert dans le domaine, le défunt était en effet fondateur et président de l’ENI, la société publique italienne des hydrocarbures de 1953 jusqu’à son assassinat en 1962.

Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia, présent en tant que président de l’Association des anciens du MALG (services de renseignements du FLN historique), a affirmé vouloir « apporter (son) témoignage sur le concours apporté par Mattei au MALG en ce qui concerne la préparation du dossier de négociation avec la France (à Evian, NDLR) en matière des hydrocarbures» .

Outre ses conseils aux principaux dirigeants de la Révolution afin de les aider à obtenir le maximum des négociateurs français et de déjouer les multiples stratagèmes de la France coloniale pour maintenir sa mainmise sur le pétrole algérien au-delà de l’indépendance, « Mattei a fixé au GPRA les six points sur lesquels il ne fallait absolument pas céder» en matière d’hydrocarbures.

Parmi ces points, Enrico Mattei insistait notamment, selon Daho Ould Kablia, sur la nécessité pour l’Algérie, qui allait bientôt devenir indépendante, « d’obtenir sa souveraineté intégrale sur les richesses de son sol et de son sous-sol ainsi que sur la recherche et la prospection des gisements d’hydrocarbures» . Le ministre est revenu par ailleurs sur « l’amitié sincère» qui liait Mattei à plusieurs dirigeants de la Révolution, notamment Tayeb Boulahrouf, représentant du FLN en Italie, et Abdelhafid Boussouf, qui « avait très bien compris, a dit M. Ould Kablia, les idées d’Enrico Mattei» . Tout cela a poussé « les services spéciaux français à surveiller Mattei de près» .

Tout en soulignant, lui aussi, « la sympathie agissante» de Mattei à l’égard de la révolution algérienne, l’ancien chef de gouvernement, Réda Malek, a affirmé que « Mattei a crée un climat nouveau, pas seulement en Algérie, mais dans le monde entier» , en mettant en exécution sa politique de partage équitable des revenus pétroliers entre les pays colonisés et les compagnies multinationales exploitant leurs champs pétroliers.

« Mattei a donné une pulsion vigoureuse en préconisant le partage des revenus à hauteur de 75 % pour les pays propriétaires de la richesse et 25 % pour la compagnie exploitante. Une politique qu’il a appliquée lui-même, en étant à la tête de l’ENI, avec l’Arabie saoudite et l’Iran. Cela n’avait pas plu à ce qu’on appelait le Cartel (du pétrole) qui faisait la pluie et le beau temps dans ce domaine et qui lésait les pays colonisés» , a affirmé en substance M. Malek.

C’est d’ailleurs cette « théorie» qui aurait coûté la vie à Mattei, dont l’avion s’est écrasé près de Milan. Les soupçons sont encore lourds contre les services secrets occidentaux en général et français en particulier qui auraient provoqué ce crash.

Signalons qu’outre MM. Ould Kablia et Rédha Malek, le colloque a drainé aussi d’autres personnalités du mouvement national, à l’instar d’Abdelhamid Mehri et de Belaïd Abdeslam.

H. Mouhou