Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales prévoit un mouvement des walis vers le mois de juin prochain. Mouvement qui se fera, selon lui, «sur la base de critères bien précis».
C’est ce qu’il nous a déclaré, hier, même s’il avoue que «pour l’instant, nous n’avons pas encore examiné la question et déterminé ceux qui partiront et ceux qui seront maintenus ».
Le ministre a rappelé qu’«un petit mouvement des chefs de daïra a eu déjà lieu entre octobre et novembre derniers ». Il a concerné, selon lui, le remplacement d’une quinzaine d’entre des chefs de daïra dont «certains étaient démissionnaires et d’autres malades».
Pour ce qui est du mouvement des walis, il explique qu’il ne se fera pas ces jours-ci parce qu’«il y a des walis qui ont des enfants scolarisés, on ne peut les changer en milieu d’année scolaire pour ne pas les perturber». Il n’y a pas que ce volet qui est pris en compte puisque le ministre met en avant «des élections qui arrivent». L’on rappelle qu’il a eu à déclarer qu’il n’était pas prévu de changer de walis avant la tenue de l’élection présidentielle de 2014.

«Ils ont été choisis pour veiller au bon déroulement de toutes les élections à venir y compris celle présidentielle », avait-il dit juste après le remaniement d’il y a plus de deux ans. Mais avant, il serait en principe question de l’organisation d’un référendum pour l’approbation par le peuple de la Constitution une fois révisée. «Je pense qu’il se fera au cours du 1er semestre 2013», a déclaré Dahou Ould Kablia dans un entretien qu’il nous avait accordé en avril dernier.
Le ministre de l’Intérieur a estimé, à cet effet, qu’une commission sera chargée de la rédaction de la Constitution révisée pour qu’elle soit soumise pour adoption, soit par le Parlement réuni ou par les deux chambres séparément. Hier, il n’a pas voulu s’étaler sur le sujet mais a tenu à rappeler que «c’est le président de la République qui a évoqué dans le discours qu’il a prononcé à partir de Sétif qu’il peut y avoir une commission qui se chargera de rédiger la nouvelle Constitution ».
L’on note que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a mené des consultations à ce sujet avec les responsables des partis politiques et ceux des grandes institutions de l’Etat. Les magistrats par exemple, tout autant que les partis politiques, lui ont déjà remis leurs propositions.
«ON N’AIME PAS TROP COPIER LE PASSÉ»
Des politiques s’attendent à ce qu’il y ait des débats publics interactifs sur les changements susceptibles d’être apportés à la loi suprême en vigueur. Le ministre de l’Intérieur estime, pour sa part, que «l’on n’aime pas trop copier le passé et il se pourrait qu’il y soit fait recours à des formules innovantes».
Il n’en dira pas plus. Ceci étant dit, des responsables locaux jugent que le remaniement dans le corps des walis a pris du retard au regard des dysfonctionnements administratifs et des retards dans l’exécution de projets qui sont observés dans certaines régions, et dont les conséquences décrédibilisent le discours politique.
C’est en tout cas l’avis de l’un d’entre eux, gestionnaire d’une importante institution locale. «Il a pris beaucoup de retard quand on voit les problèmes administratifs qui traînent dans certaines wilayas et les retards dans l’exécution de nombreux projets, ce qui est en total décalage avec le discours politique», nous dit-il.
La référence est claire puisqu’elle est faite au discours du 1er ministre qui, dès sa nomination en tant que tel, a insisté sur la réhabilitation du service public, la réforme de l’administration et le règlement des problèmes quotidiens des populations.
ELÉMENTS DE «BONNE GOUVERNANCE»
Nos sources nous font savoir qu’«il y a au moins trois walis qui sont très malades et qui demandent à partir, d’autres ont dépassé l’âge de la retraite et doivent donc être libérés».
Nos interlocuteurs au niveau de certaines collectivités locales notent en même temps que «des walis de certaines régions ne peuvent plus rien apporter à la collectivité qu’ils gèrent parce qu’ils sont tombés en disgrâce aux yeux des citoyens». Ils expliquent ainsi que «le courant ne passe plus entre eux et les populations, ils sont presque mis en quarantaine, ils n’ont plus rien à donner».
Autre constat intéressant, les walis qui ont dépassé cinq années d’exercice à la tête d’une wilaya devraient, selon nos sources, aussi être déchargés de leurs fonctions. «Un responsable local ne doit en principe pas dépasser quatre ans dans une wilaya, ceci pour éviter qu’il ne tisse des liens avec les milieux d’affaires et qu’il en devienne la proie», soulignent nos sources, en rappelant les affaires de corruption qui gangrènent les administrations publiques.
Rompus à la gestion locale, le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur gardent certainement à l’esprit ces éléments de référence à ce qui est qualifié de «bonne gouvernance». En tout état de cause, et à propos de toutes ces remarques, le ministre nous a précisé, hier, que «des éléments importants doivent être pris en considération dans le mouvement de juin prochain ».
Il tient ainsi à souligner que «tous les walis seront appréciés et leur travail évalué sur la base des missions qui leur ont été confiées à l’exemple de la réhabilitation du service public, la réalisation et la distribution des logements, l’éradication des commerces informels et la régularisation des dossiers y afférents, la distribution du foncier aux investisseurs, la préservation de l’hygiène des villes et des quartiers…».
Il fait savoir que «ce sont désormais ces critères qui détermineront le maintien ou le changement des walis».
Ghania Oukazi