Le porte-parole de ce syndicat, M. Ali Yahia, imputera le peu de mobilisation des travailleurs en ce premier jour de grève des communes au fait que ces derniers ont été mis sous pression par l’administration qui menace de résilier leurs contrats.
Et c’est de ces contrats justement qu’il est question. Les travailleurs, ajoute notre interlocuteur, «en ont assez de dépendre indéfiniment du travail contractuel, revendiquant un statut, une permanisation et une augmentation des salaires.
Selon M. Ali Yahia, sur les 500.000 travailleurs des 1.541 communes du pays, 20% sont des contractuels. Notre interlocuteur explique que dans la catégorie des éboueurs, il y a ceux âgés de moins de 35 ans, engagés dans le cadre de l’emploi de jeunes et qui touchent 2.700 dinars par mois.
Les contractuels du filet social, selon M. Ali Yahia, recrutés dans ce cadre-là, touchent eux 3.000 dinars. Seuls ceux qui travaillent dans le cadre du préemploi peuvent atteindre les 12.000 dinars/mois. Ce sont pourtant, ajoute Ali Yahia, des diplômés, mais ils demeurent des éternels contractuels. «C’est cette précarité en tout point de vue qui fait réagir les communaux», affirme ce syndicaliste.
«Pour combien de temps encore resterons-nous marginalisés avec des salaires insignifiants ?», s’interroge-t-il. Selon Ali Yahia, le débrayage a été suivi dans la wilaya de Annaba par 90% des travailleurs, à Béjaïa 100%, à Tlemcen 70%, Tizi-Ouzou 70%, Oran 50%… Tandis qu’à Chlef, il a été enregistré entre 20 et 30%.
Notre interlocuteur dénonce des «dépassements» enregistrés dans les communes de Rouiba, Réghaïa et Baba-Hacène, dans la wilaya d’Alger, où les travailleurs «ont été menacés de radiation». Les services administratifs et techniques au niveau de l’hôtel de ville, l’état civil et les secteurs urbains d’Oran fonctionnaient normalement hier.
Une visite au niveau des plus importantes divisions, notamment celle de l’hygiène et de l’assainissement (DHA), et celle de la voirie et de la circulation (DVC), qui regroupent en leur sein une grande partie des travailleurs, nous a permis de constater que peu d’importance est accordé à cet appel à la grève, alors que certains affirment ne pas avoir été informés d’une telle action de protestation.
Il faut signaler que les travailleurs de la commune d’Oran, dans leur majorité, sont affiliés à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), et que les tentatives ultérieures d’installer une section du SNAPAP au sein de la commune n’ont pas réussi. Les échos en provenance des autres communes de la wilaya indiquent que l’appel n’a pas été suivi.
Mais malgré le fait qu’il n’y ait pas eu de suivi, quelques travailleurs, qui se disent non syndiqués, nous ont déclaré que l’appel du SNAPAP à un dédébrayage est légitime car la situation des travailleurs de la commune ne cesse de se dégrader.
A Constantine aussi, la grève des communaux n’a pas été suivie hier mardi. Le secrétaire général du bureau de wilaya du SNAPAP, interrogé, a déclaré «que son syndicat n’a nullement appelé à la grève du personnel des administrations communales, que la presse avait annoncée pour hier et aujourd’hui.
Notre syndicat n’a déposé aucun préavis de grève auprès du ministère de tutelle et les travailleurs du secteur ont été induits en erreur par des gens qui ne sont pas représentatifs du SNAPAP», nous a déclaré M. Lemili.
Les informations données par le secrétaire de wilaya ont été confirmées par une tournée que nous avons effectuée dans plusieurs antennes communales de la ville et à la mairie centrale, où tout le personnel des différents services était normalement à son poste.
Il est à rappeler que samedi, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) avait lancé un appel à l’ensemble de ses adhérents pour une grève de deux jours à partir d’hier (30 et 31 mars) dans toutes les communes à l’échelle nationale.
Ce débrayage, selon le syndicat, sera suivi de trois jours de grève reconductibles à compter de la deuxième semaine du mois d’avril.
Dans un appel rendu public, le bureau du conseil national du secteur des communes du SNAPAP a indiqué qu’avant de recourir au débrayage, un préavis de grève avait été adressé au ministère de l‘Intérieur et des Collectivité locales et au ministère du Travail le 21 mars 2010… Mais aucune réponse n’a été donnée aux revendications des travailleurs communaux.
«Considérant que les travailleurs communaux ont été marginalisés et exclus de toutes les augmentations salariales et du régime indemnitaire, ainsi que dans la classification catégorielle dans la nouvelle grille des salaires de la fonction publique, vu la précarité de l’emploi concernant les vacataires et les contractuels qui émargent sur le budget de l’Etat et qui exercent les horaires normaux de travail pendant des années et qui ne sont pas régularisés, le conseil national des communes appelle l’ensemble des travailleurs communaux à rejoindre massivement le mouvement de débrayage… », lit-on dans cet appel.
Selon le même document, les revendications des représentants des travailleurs s’articulent autour de la défense des libertés syndicales et du droit à la grève, la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne…
Ainsi que la promulgation du projet de statut particulier des communaux par la révision de la classification catégorielle, la promulgation du régime indemnitaire, le maintien de la retraite sans condition d’âge et enfin l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90-11.
S. E. K. , Djamel B. et A. Mallem