Collecte des olives à Béjaia, Les champs prennent les couleurs de la saison

Collecte des olives à Béjaia, Les champs prennent les couleurs de la saison

olive.jpgPetits et grands, hommes et femmes entreprennent le ramassage des olives

Si l’olivier s’est fait assez avare, l’olive a été, par contre, généreuse, notent les paysans.

La campagne oléicole a atteint sa vitesse de croisière à Béjaïa. A la faveur des dernières éclaircies, les habitants de la basse Kabylie ont renoué avec l’ambiance de la collecte qui singularise la région depuis la nuit des temps. Bien que l’olivier se soit fait assez avare cette année, notamment sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, les premières opérations de pressurage rendent espoir aux paysans. D’Amizour à Tifra en passant par Aït Smaïl, Beni Ksila, Sidi Aïch, Taourirt Ighil, Tazmalt, l’heure est à l’olivaison.

Les champs replongent comme chaque année dans une ambiance de partage, de convivialité et de solidarité. Petits et grands, hommes et femmes entreprennent le ramassage des olives tandis que les huileries qui ont déjà ouvert leurs portes, voient leurs aires de stockage se remplir au fil des jours. Les premières collectes triturées laissent présager un rendement conséquent. Il se situe entre 25 et 30 litres au quintal. Voilà qui ne laisse guère indifférent. La collecte des olives a toujours été une affaire familiale. En Kabylie, la campagne de la cueillette des olives est une chose trop sérieuse pour se faire dans le désordre. Au-delà du bénéfice qu’on en tire, la cueillette des olives est purement familiale et se décline comme une fête qui doit se partager dans un esprit festif et solidaire. Les paysans ramassent la moindre olive. Cela vaut le coup lorsqu’on observe le prix actuel de l’huile d’olive. Présentement, la campagne de récolte des olives redouble d’intensité. Elle le sera encore plus à la faveur des vacances scolaires. Si sur les hauteurs de la vallée de la Soummam l’opération tire déjà à sa fin, ce n’est pas le cas du côté d’Akbou et Tazmalt où l’on ne fait que commencer.

Depuis la mi-octobre, la cueillette des olives constitue l’événement en basse Kabylie. Elle le restera jusqu’à fin mars. Dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa, de nombreuses familles se sont précipitées vers leurs oliveraies. Sur la route des montagnes et chacun des villages haut perchés sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, les villageois semblent avoir préservé leurs traditions ancestrales. Le début de la récolte est respecté comme chaque année. Une tradition qui marque toute la solidarité qui singularise ces régions. Des oliviers, des figuiers et des figues de barbarie font partie du décor des villages, un héritage ancestral qui est malheureusement souvent en proie aux incendies dévastateurs. Des pertes énormes ont été enregistrées l’été dernier. Cette année, le coeur n’y est pas. L’olivier n’a pas été généreux. Qu’à cela ne tienne! Les champs prennent les couleurs de la saison. De loin, la collecte est visible à travers les champs. Les familles ont entrepris la collecte après que le coup d’envoi que certains respectent encore de nos jours ait été donné. «Mais pas tout le monde», regrette ammi Salah, un villageois de Tifra, dont l’olivier est situé près du chemin de wilaya. Il fait partie des vieux paysans irrités par cette précipitation. D’année en année, le rendement s’affaiblit tout comme les oliviers mal entretenus. «Un découlement logique», estime ce paysan dont la production familiale ne cesse de s’effondrer au fil du temps. Il le reconnaît lui-même. Depuis qu’il a perdu la force de travailler ses terres et que ses enfants sont pris par d’autres activités, il assiste impuissant à la déperdition de ses oliviers qui périssent et lorsque les incendies et les broussailles s’ajoutent, le mal s’aggrave, rendant l’olive rare et par voie de conséquence l’huile aussi. On comprend le prix pratiqué. Le litre d’huile d’olive non frelatée se négocie entre 700 et 800 dinars.

Les spécialistes expliquent cette médiocre récolte par les conditions climatiques défavorables. Bien qu’elle ait réussi à conserver sa place de leader pour ce qui concerne la production d’huile d’olive (60% de la production nationale), la région de Béjaïa n’en accuse pas moins un net recul par rapport aux années fastes. Les paysans se veulent rassurants et mettent en exergue la règle de l’alternance qui veut qu’à un cycle exceptionnel succède une période de vaches maigres. En tout état de cause, dans les oliveraies, hommes, femmes et parfois, enfants, se sont mis au travail. Et c’est parti pour deux à trois mois de récolte. C’est selon la région et l’abondance.