– Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, le Ciddef a tenu à présenter son nouveau-né : l’Observatoire national indépendant sur les droits de la femme.
Ce projet mis en place en 2011, a deux missions essentielles : celle de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et celle d’un plaidoyer pour une réelle égalité entre hommes et femmes.
Depuis sa création, plusieurs travaux de recherche sur la situation de la femme en Algérie ont été publiés, ainsi que l’organisation de séminaires. «On veut travailler avec les institutions pour les impliquer.
Le travail avec le mouvement associatif en tant que première institution au niveau de la base permet d’interpeller les pouvoirs publics», a indiqué Me Aït Zaï présidente du Centre de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef). L’avocate est revenue, à l’occasion de cette table ronde organisée conjointement avec l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid), sur les pratiques sociales au sein de notre société. «Nous avons des lois égalitaires, à l’exception du code la famille qui est source de discrimination, mais leur effectivité reste difficile à réaliser», dit-elle. La loi demeure peu appliquée «par manque de politique publique et à cause du comportement des préposés de l’administration, inspirés par leur sensibilité culturelle et religieuse au lieu d’appliquer la loi», explique Me Aït Zaï. Elle appelle dans ce sillage à «déconstruire le code de la famille» qui n’est que «la combinaison des lois françaises et les règles de droit musulman qui tient son origine de l’école malékite», selon elle. Elle plaide pour l’ouverture sur d’autres interprétations pour éviter au code de la famille de tomber dans la «hiérarchisation des sexes».
Toutes ces questions devront être, à l’avenir, des pistes de travail pour le dit Observatoire. Les femmes algériennes devraient apprendre à «s’émanciper devant les obstacles et prendre le travail comme un projet de vie.
Elles doivent arracher elles-mêmes leurs droits et construire des plaidoyers pour interpeller les pouvoirs publics», ajoute l’oratrice qui rappelle certaines statistiques sur la violence faite aux femmes. Elles sont trois femmes sur dix à être victimes de violence.
Les chiffres des services de police évoquent une augmentation annuelle d’environ mille cas. Ainsi 7 000 plaintes ont été enregistrées en 2012 contre 6 000 en 2011.
Afin d’aborder en profondeur cette thématique, le Ciddef a par ailleurs invité des experts espagnols à parler de l’expérience de leur pays dans l’espoir d’ouvrir de nouveaux horizons aux Algériennes.
«La responsabilité de l’Etat face à la violence envers les femmes» a été dans ce contexte le thème choisi par Maria Naredo Molero, juriste spécialisée dans les droits des femmes. Pour elle, la société civile à un rôle important dans la surveillance et l’analyse de la loi. Dans son exposé Maria Naredo Molero a mis l’accent sur la formation et la recherche pour mieux comprendre le phénomène de la violence à l’égard des femmes et pour mieux évaluer les missions qui sont en marche pour donner une réponse effective aussi bien aux victimes qu’aux agresseurs.
A.B