CNES «L’université algérienne prise en otage»

CNES «L’université algérienne prise en otage»

Il y a une «nécessité urgente de se débarrasser de toutes les pesanteurs qui convergent à river tous les efforts déployés pour la construction d’une institution universitaire au service du pays», affirme le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) à l’issue de la session ordinaire de son bureau national tenue les 30 et 31 janvier 2014.

«Notre université est aujourd’hui l’otage d’une gestion politicienne au lieu d’une gestion rationnelle, fondée sur des valeurs académiques et scientifiques et qui ne prendra en compte que l’amélioration de ses performances », lit-on dans le communiqué du CNES.

Le syndicat estime que «la tutelle n’a jamais été capable de proposer un projet cohérent pour arracher notre université à sa réalité dure et amère». Il qualifie la gestion du secteur de «politiques de replâtrage» où «les pouvoirs publics ont toujours choisi la fuite en avant en sursoyant indéfiniment à la recherche de vraies solutions». Résultats, estime le CNES, «d’énormes contradictions et autres aberrations». Il cite : la «coexistence de deux systèmes d’enseignement (classique et LMD)», la «cohabitation de trois (3) types de doctorats», et un «système de recherche polycéphale».

Dans le domaine pédagogique, le CNES estime que «notre métier est en danger». La question pédagogique «est totalement élaguée des priorités de la tutelle». Elle est marquée, selon le CNES, par les «modalités incohérentes de recrutement des enseignants», la «non promulgation des textes d’application du statut particulier de l’enseignant chercheur, notamment ceux concernant le volet pédagogique depuis 2008» et le «peu d’intérêt accordé aux conditions réelles du déroulement de l’acte pédagogique (absence de formation pédagogique…)». Et d’ajouter : «La férocité de l’administration à l’encontre des enseignants qui tentent de maintenir un minimum d’exigence pédagogique».

Par ailleurs, «le Bureau national (du CNES) estime que la tutelle doit rapidement et sérieusement se pencher sur la situation socioprofessionnelle alarmante des enseignants chercheurs». Selon le communiqué, les enseignants chercheurs «constatent amèrement l’effritement de leur pouvoir d’achat face au taux d’inflation galopant et incontrôlable».

«Les maîtres assistants de classe A et B, représentant 85% du corps des enseignants chercheurs et assurant plus de 95% des charges pédagogiques et de formation, touchent des salaires dérisoires, comparativement à d’autres corporations moins diplômées, notamment après la révision de certains statuts particuliers et les augmentations des salaires conséquentes, calculées sur la base de l’ancienneté et non des diplômes».

Sur la question du logement aux enseignants du supérieur, le CNES rappelle que «le secteur n’a bénéficié d’aucun programme significatif » et que «25.000 enseignants ne sont pas logés». Selon le communiqué, même le «programme dit « du président» (11500 logements ???), lancé en 2007, connaît un énorme retard, car seulement 13% ont été réalisés depuis cette date, et il reste totalement tributaire d’une réelle volonté politique».

Le communiqué du CNES fait également état d’un «accroissement inquiétant des actes d’agression physique au sein même des enceintes universitaires». Il cite le cas de «l’agression physique dont a été victime (…) Azzouz Abd El Halim (membre du bureau national) à l’université de Saïda». «Le recteur, pourtant témoin de cette agression, n’a pris aucune disposition afin de sanctionner l’auteur de cet ignoble acte», précise le communiqué.

Le CNES tiendra son Conseil national les 14 et 15 février 2014 pour exiger «d’engager en urgence une réelle prise en charge des problèmes socioprofessionnels des enseignants » et de «mettre en place un vrai plan de redressement de l’université algérienne au service de tout le peuple et de la nation, dans le cadre d’un dialogue transparent et loin des pesanteurs politiciennes».

M. M.