La cndh critique le rapport d’amnesty international sur les droits de l’homme : “Nous n’avons rien à cacher”

La cndh critique le rapport d’amnesty international sur les droits de l’homme : “Nous n’avons rien à cacher”

Amnesty International est invitée à venir s’enquérir de la situation des libertés et du respect des droits de l’homme de visu. Y a-t-il meilleure preuve qu’un constat établi par soi-même? L’ONG devrait accepter une telle invitation et justifier ensuite les critiques qu’elle a adressées à l’Algérie.

«Nous n’avons rien à cacher.» Ces propos sont ceux de la présidente du Conseil national des droits de l’homme (Cndh), Fafa Ben Zerrouki qui, irritée par le dernier rapport d’Amnesty International sur la situation des droits de l’homme, a tenu à rétablir les vérités altérées par cette organisation, l’accusant même de se baser sur des déclarations «fallacieuses». Fafa Ben Zerrouki va même inviter les animateurs d’Amnesty International à venir s’enquérir de la situation des libertés en Algérie et du respect des droits de l’homme de visu. «J’invite cette ONG à venir en Algérie pour s’enquérir de près de la situation», a indiqué Fafa. Ben Zerrouki, soulignant que le Cndh est prêt à accompagner les représentants d’Amnesty International, partant du principe, a-t-elle dit, que «l’Algérie n’a rien à cacher». Il n’y a pas meilleure preuve qu’un constat établi par soi-même. Amnesty International devrait accepter une telle invitation et justifier ensuite les critiques qu’elle a adressées à l’Algérie. Que reproche-t-on à l’Algérie le pays qui a ratifié toutes les déclarations relatives à la défense des droits de l’homme et des libertés? Prenons des exemples. Dans son rapport, Amnesty fait état de l’emprisonnement d’un défenseur des droits de l’homme pour avoir publié sur les réseaux sociaux une vidéo accusant de corruption de hauts responsables de la ville d’El Bayadh. Elle évoque également les poursuites contre un avocat spécialiste des droits humains parce qu’il aurait introduit en prison un ordinateur et une caméra lors d’une visite à un militant détenu. Et la question est celle de savoir si le défenseur des droits de l’homme arrêté a pu fournir des preuves pour étayer ses accusations? Si la réponse est non, comment la justice devrait-elle agir face à une plainte pour diffamation? Doit-elle donner raison à un défenseur des droits de l’homme et renoncer au droit et à la loi? Si le règlement intérieur des prisons en Algérie interdit l’introduction d’une caméra, d’un ordinateur ou d’un tout autre produit, n’est-ce pas à l’avocat qui est un défenseur de la loi, de respecter en premier les règles? Dans son rapport de l’année d’avant, Amnesty International avait également fait cas de la condamnation d’un Algérien, chrétien converti, pour avoir insulté le Prophète (Qsssl). En quoi l’Algérie n’a-t-elle pas respecté les droits de ce citoyen qui lui-même a offensé la croyance de millions de ses concitoyens? «L’islam est la religion du pays», c’est dans la Constitution algérienne. Quel pays accepte que l’on porte atteinte à ses constantes? Ne dit-on pas que la liberté d’un individu s’arrête quand commence celle d’autrui. Cet Algérien chrétien peut avoir l’opinion qu’il veut sur l’islam et le Prophète (Qsssl). Il n’a cependant pas la liberté de leur porter atteinte sur un réseau social. Faut-il rappeler l’épisode de l’acteur français Dieudonné, condamné pour antisémitisme dans son spectacle La bête immonde. Ce qui est accepté en Europe, ne l’est-il pas en Algérie? Citant également le cas des réfugiés en Algérie, l’ONG accuse l’Algérie de «profilage ethnique, d’arrestation arbitraire et d’expulsion forcée» des migrants. Et à ce propos, Fafa Ben Zerrouki a pris le soin de répondre à l’organisation non gouvernemental en lui rappelant la position constante de l’Algérie concernant les questions humanitaires.

«L’Algérie ne ménage aucun effort pour préserver la dignité des réfugiés», a dit Fafa Ben Zerrouki soulignant que le pays a adopté un an après son indépendance, la Déclaration universelle des droits de l’homme qui compte 30 articles axés sur les principes de préservation des individus et la non-discrimination. La responsable du Cndh a expliqué que les autorités poursuivent en collaboration avec le Croissant-Rouge algérien (CRA) leurs efforts pour préserver la dignité des réfugiés. Elle en veut comme preuves, les différentes mesures prises dans ce sens, à l’image du droit de tout réfugié, dont l’épouse est enceinte, de rester sur le territoire national jusqu’à ce qu’elle accouche, la préservation de la famille, outre les services sanitaires offerts aux réfugiés. «Les réfugiés de la région du Sahel représentent 37% des patients ayant bénéficié de soins au niveau des établissements hospitaliers de la wilaya de Tamanrasset», a-t-elle souligné non sans appeler les autorités compétentes à accorder les autorisations nécessaires pour permettre aux représentants de ces organisations internationale de vérifier la situation sur le terrain. Dans le même sillage, Fafa Ben Zerrouki a tenu à démentir l’existence de rapports accablants sur les droits de l’homme en Algérie que certaines parties tentent de faire passer, affirmant que «tous les pays ont constaté que les droits de l’homme sont une priorité dans notre pays qui a constitutionnalisé l’instance en charge de ce dossier».

Elle a cité, à titre d’exemple, les derniers rapports sur la torture qui «ne mentionnent pas l’Algérie». La présidente du Cndh a fait état de l’adoption, lundi dernier, du rapport annuel des droit de l’homme, un rapport, a-t-elle insisté, qui sera adressé au président de la République, au Premier ministre, au Parlement ainsi qu’aux ambassades accréditées en Algérie, avant d’être publié. Pour rappel, Fafa Ben Zerrouki avait averti la représentante d’Amnesty International lors d’une audience qu’elle lui a accordée récemment, que la Cndh «ne tolère aucun dépassement». Sa mise au point hier, était donc plus que nécessaire. Elle vient appuyer les récentes remarques soulevées par le ministère des Affaires étrangères concernant ce rapport. «Le gouvernement algérien a pris connaissance avec étonnement du contenu du rapport et tient à déplorer le fait que dans son chapitre consacré à l’Algérie, ce rapport n’ait pu, encore une fois, porter un regard objectif sur la réalité de la situation des droits de l’homme en Algérie. En effet, les contrevérités et autres allégations infondées mentionnées dans ce rapport ne font regrettablement que reproduire mécaniquement des stéréotypes désuets, d’appréciations partiales et de conclusions simplistes», a écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié le 25 février dernier. «Les allégations se rapportant à l’exercice des droits de liberté d’expression et de réunion, de la liberté d’association, de la liberté de religion et de conviction ou encore des droits des réfugiés, des migrants et des travailleurs s’inscrivent en droite ligne des errements auxquels nous a malheureusement habitués Amnesty International; errements qui disqualifient irrémédiablement ce rapport dont le manque de cohérence, résultat de l’amateurisme tout autant que des préoccupations médiatiques immédiates d’Amnesty International, est foncièrement évident», a ajouté le communiqué affirmant en conclusion que «(..) l’aspiration à la justice, à la dignité, à la démocratie et à la stabilité constitue le principal moteur de l’action des autorités politiques algérienne».

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