CMA CGM en Algérie : ce que le PDG français est venu proposer à Tebboune

CMA CGM en Algérie : ce que le PDG français est venu proposer à Tebboune

Ce lundi 2 juin, le président Abdelmadjid Tebboune a reçu à Alger Rodolphe Saadé, PDG du groupe français CMA CGM, l’un des poids lourds mondiaux du transport maritime.

L’entretien, qui s’est tenu au Palais présidentiel en présence du ministre des Transports et du directeur de cabinet, s’est focalisé sur « différents projets », selon le communiqué officiel.

Rodolphe Saadé a déclaré sur la télévision nationale : « Nous croyons beaucoup dans le développement de l’Algérie (…) Nous allons essayer de surmonter les difficultés opérationnelles et d’avancer dans la bonne direction ». Si les détails des discussions n’ont pas été rendus publics, plusieurs pistes se dessinent.

Investissements portuaires : CMA CGM vise une montée en puissance en Algérie

D’après des sources concordantes, notamment El Watan, CMA CGM envisage des investissements de plusieurs milliards d’euros dans les infrastructures portuaires algériennes. Il s’agirait notamment de :

LG Algérie
  • La modernisation et l’équipement de terminaux à conteneurs (notamment à Djen Djen, Skikda ou Oran) ;
  • Une implication directe dans la gestion logistique portuaire ;
  • La création d’une nouvelle ligne maritime Marseille-Oran via sa filiale La Méridionale ;
  • Des retombées estimées à plus de 2 000 emplois directs.

Déjà actif dans neuf ports algériens, le groupe ambitionne désormais d’en assurer la gestion complète sur certains sites stratégiques. Cette expansion s’inscrit dans sa volonté de faire de l’Algérie une plateforme de redistribution régionale vers l’Afrique.

Un cadre favorable à l’investissement, mais une vigilance nécessaire

L’assouplissement du code de l’investissement en Algérie facilite désormais l’entrée de grands groupes étrangers. Ce climat incitatif attire des acteurs comme CMA CGM, à la recherche de relais de croissance en Méditerranée, notamment dans un contexte concurrentiel où Tanger Med (Maroc) et Port-Saïd (Égypte) dominent la région.

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Cependant, ces projets ne sont pas anodins. La gestion d’infrastructures aussi sensibles que les ports soulève des questions de gouvernance et de retombées économiques locales concrètes. Jusqu’à présent, aucun détail n’a été communiqué sur les formes de partenariat envisagées.

Algérie – France : vers un redéploiement économique bilatéral, malgré les tensions diplomatiques

Bien que les relations diplomatiques avec la France restent tendues, cette visite montre que les logiques économiques peuvent suivre leur propre calendrier. L’annulation de la visite initiale prévue mi-avril semble désormais appartenir au passé.

En toile de fond, la France cherche à maintenir sa présence économique en Afrique du Nord, face à la montée d’acteurs comme la Chine, la Turquie ou les Émirats. CMA CGM incarne cette approche pragmatique, axée sur les infrastructures et les partenariats directs.

Quelle suite pour le projet CMA CGM en Algérie ?

Aucune feuille de route officielle n’a encore été rendue publique. Mais la venue du PDG du troisième armateur mondial confirme l’intérêt stratégique du groupe pour le littoral algérien. Si les discussions avancent, le gouvernement devra clarifier les conditions d’accès à ces marchés sensibles et garantir une juste répartition des bénéfices.

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Dans un secteur aussi structurant que le transport maritime, l’équilibre entre ouverture économique et protection des intérêts nationaux sera déterminant.