Clôture des travaux de la conférence d’Alger Sur La lutte antiterroriste dans les pays du Sahel

Clôture des travaux de la conférence d’Alger Sur La lutte antiterroriste dans les pays du Sahel
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Les travaux de la Conférence internationale sur le partenariat dans les domaines de la sécurité et du développement entre les pays du Champ et leurs partenaires extra régionaux se sont achevés jeudi dernier par un appel à une action commune dans la lutte contre le terrorisme. L’importance du développement et de l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment dans les zones enclavées et déshéritées de la région du Sahel, a été également soulignée dans un communiqué lu à la clôture de la rencontre qui a débuté mercredi.

La stratégie militaire, la stratégie en matière de lutte contre la menace terroriste et le crime organisé, ainsi que le développement dans la région du Sahel sont les principaux points au menu de la rencontre à laquelle ont pris part 38 délégations. Des représentants du système des Nations unies, des partenaires bilatéraux, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité, les bailleurs de fonds et les organisations régionales, ont participé à cette conférence. La conférence d’Alger s’inscrit dans le prolongement des rencontres entre les pays du Champ (Algérie-Mali-Mauritanie-Niger) tenues en mars 2010 à Alger, et à Bamako en mai 2011, »qui ont permis d’asseoir une coopération aux niveaux politique, militaire, du renseignement et du développement régional ».

Une nouvelle ère

Les participants à la conférence internationale d’Alger sur la sécurité et le partenariat au Sahel se sont quittés jeudi dernier, au bout de deux jours de travaux à huis clos, avec la promesse de se revoir dans six mois, dans un des pays du Champ, où sera organisée une nouvelle réunion internationale sur le terrorisme. Une décision qui témoigne du souci des participants de ne pas casser la dynamique née de la conférence d’Alger.  » Je suis sûr que lors de notre prochain rendez-vous nous saurons arriver à des conclusions qui seront l’émanation et le prolongement de cet exercice qui a été bénéfique pour tous « , a déclaré M. Messahel à la clôture de cette rencontre. Et pour cause, le fléau du terrorisme n’est plus circonscrit à une seule région du monde.  » La menace du terrorisme nous interpelle et nous donne l’intime conviction que seul un partenariat renforcé et bien compris peut nous aider à l’éradication de ce phénomène », a indiqué le ministre. Toutefois, si les pays du Champ ont interpellé leurs partenaires extra régionaux pour leur fournir aide et assistance (les besoins en moyens sont énormes, est-il indiqué), il n’en reste pas moins que de leur point de vue cette assistance ne signifie nullement une présence militaire étrangère. L’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie veulent prendre en charge eux-même la lutte contre le terrorisme et le trafic transfrontalier. Et ils ont tenu à ce que leurs partenaires le sachent. Le communiqué final exprime du reste ce souci de s’approprier la lutte contre le terrorisme.

Une lutte qui se fera tant individuellement que collectivement. L’apport des partenaires sera en termes de formation, d’armement, de renseignement et de développement local. Ainsi on peut lire dans le communiqué que « les offres de partenariat et de coopération ont pour vocation de correspondre prioritairement aux besoins des pays de la région tels que ces derniers les ont définis », quand bien même les pays du Sahel ont convenu « de la nécessité de créer des synergies et des complémentarités entre les stratégies et les approches existantes sur la sécurité et le développement au Sahel, dans le but de conférer plus d’efficacité et de cohérence à la coopération entre les pays de la région et leurs partenaires », et ce, d’autant que cette conférence, comme le fera remarquer M. Messahel,  » a permis aux pays du champ de montrer à leurs partenaires extra régionaux qu’ils possédaient une véritable stratégie et une vision unifiée dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la pauvreté ». Les conférenciers ont également relevé » l’importance du développement et de l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment dans les zones enclavées et déshéritées, soulignant la nécessité de leur consacrer les moyens nécessaires et d’appuyer les efforts entrepris à cet égard par les pays de la région ». En effet, pour les participants, toute stratégie de lutte contre le terrorisme et le crime organisé ne peut faire l’économie du volet développement, sous peine de réduire son efficacité. Mais ce ne sont pas les seules préoccupations que la conférence d’Alger a permis de soulever. En effet, le communiqué qui a sanctionné les travaux de cette conférence fait ainsi état d’une autre « préoccupation » exprimée par les pays du Champ. Il s’agit du paiement des rançons. Une préoccupation dont la prise en charge demeure tributaire du refus de procéder au paiement de rançons demandées par les groupes terroristes contre la libération d’otages occidentaux. Les pays du Sahel ont ainsi souligné l’importance « qu’ils attachent au tarissement de toutes les sources de financement du terrorisme et au renforcement des mécanismes internationaux de lutte contre ce fléau ». Pour ce faire, ils souhaitent criminaliser l’acte de paiement des rançons. Toutefois, et sans préjuger de l’impact des travaux de la rencontre d’Alger, il demeure un fait indéniable qu’elle a constitué, de l’avis de tous les participants, un espace pour l’unification des points de vue sur la stratégie de la lutte antiterroriste et l’élaboration de plans de développement. Pour M. Maïga, ministre malien des Affaires étrangères, cette réunion constitue « un succès ».

Nadia Kerraz

M. André Parant à propos de la lutte antiterroriste

«L’Algérie a une compétence, une expérience et une légitimité incontestables»

Les mesures sécuritaires visant à rétablir la présence et l’autorité de l’Etat sont nécessaires

«Il y a, nous en sommes tous convaincus, urgence à agir. La menace terroriste s’accroît au Sahel : l’implantation d’AQMI au sein des populations locales se renforce, et son rayon d’action ne cesse de s’étendre. » C’est ce qu’a déclaré M. André Parant, conseiller diplomatique adjoint du président français Nicolas Sarkozy, dans son intervention lors de la conférence internationale d’Alger sur le partenariat, la sécurité et le développement dans les pays du sahel.

M. André Parant a fait savoir que l’Algérie qui paie depuis de longues années un très lourd tribut au terrorisme « et qui mène contre ce fléau un combat courageux, dont le terrible attentat de Cherchell vient malheureusement rappeler qu’il n’est pas terminé, a tous les moyens d’y faire face, une expérience, une compétence, et donc une légitimité incontestables ».

M. Parant met en exergue la position de la France en matière de lutte contre le terrorisme et les trafics illicites au Sahel, précisant toutefois que le rôle primordial dans ce domaine doit revenir aux pays de la région.

« Ce sont leurs populations qui sont les premières victimes du terrorisme et des trafics en tout genre. C’est donc à eux qu’il appartient, avant tout, de se mobiliser et d’agir. Nul ne peut se substituer à eux et décider à leur place. La coopération régionale est la clé de tout », a-t-il indiqué.

L’expert a affirmé qu’il ne serait « ni juste ni raisonnable » de laisser les pays de la région seuls face au terrorisme et aux trafics. « Ceux-ci constituent, je le redis, une menace pour nous tous», a-t-il dit.

Mettant en avant l’action de son pays dans la lutte contre ce fléau, il signale que la France a très tôt répondu de façon positive aux demandes d’aide présentées par les pays de la région, dans des domaines (aide au développement, renforcement de l’Etat de droit, formation des forces de sécurité) « et selon des modalités qui seront précisées lors des travaux en atelier », a-t-il signalé, avant d’ajouter : « C’est pourquoi aussi elle a (la France, ndlr) , avec d’autres pays membres de l’UE, fortement plaidé pour la mise en œuvre d’une stratégie européenne sur le Sahel. Son adoption est un signal positif qui trouvera très rapidement, nous en sommes convaincus, une traduction concrète sur le terrain. »

Evoquant les raisons profondes qui minent la sécurité dans ces régions, il dit que les causes en sont « les besoins insatisfaits de développement de ces régions et le sentiment développé au fil des ans par leurs populations qu’elles ont été négligées, voire abandonnées par les pouvoirs centraux ».

L’hôte de l’Algérie n’a pas manqué par ailleurs d’affirmer que les mesures sécuritaires, visant à rétablir la présence et l’autorité de l’Etat, sont nécessaires.

« Mais elles ne sauraient suffire et doivent impérativement s’accompagner de mesures visant à assurer, en parallèle, le développement économique et social des régions concernées ».

M. Parant considère que « l’objectif doit donc être d’engager, dès que possible, des actions ayant des résultats rapides, positifs et visibles sur la vie des populations sahéliennes. Il est donc crucial de les empêcher de trouver refuge dans des espaces « sanctuarisés » où ils développent des réseaux de complicité et de soutiens. Les actions doivent être poursuivies et intensifiées ».

Enfin, il met en exergue le fait que la coopération doit être multidimensionnelle, « aux côtés des autres partenaires extérieurs ici présents ». « La France est aujourd’hui plus déterminée que jamais à leur apporter son soutien, en poursuivant avec eux la concertation et la coopération déjà engagées », a-t-il conclu.

Wassila Benhamed

M. Messahel reçoit Mme Shari

Villarosa, responsable américaine du contre-terrorisme

Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a reçu jeudi dernier, Mme Shari Villarosa, vice-coordinatrice des affaires régionales du Bureau américain du contre-terrorisme. L’audience s’est déroulée au Palais des nations en marge de la Conférence internationale sur le partenariat dans les domaines de la sécurité et du développement dans les pays du Champ et leurs partenaires extérieurs. Dans une déclaration à l’APS à l’issue des entretiens, Mme Shari a indiqué que les entretiens ont porté notamment sur les relations algéro-américaines qu’elle a qualifiées d’« excellentes ». Elle a, par ailleurs, affirmé que le gouvernement américain œuvre à tisser des relations « étroites » avec les pays du Sahel dont il veut être un bon partenaire, relevant dans ce sens la présence à la conférence d’Alger d’une importante délégation de l’Agence américaine pour le développement. « Nous apprenons tous les jours et avec de bons partenaires comme l’Algérie, nous finirons par vaincre le terrorisme », a ajouté Mme Villarosa, qui a relevé que les perspectives de coopération entre son pays et l’Algérie sont « très bonnes ».

Conférence de presse de M. Messahel

«La sécurité et le développement du Sahel sont l’affaire des pays de la région»

Lors du point de presse animé jeudi dernier à l’issue des travaux, en présence des ministres des Affaires étrangères du Mali et du Niger, M. Messahel est revenu sur les résultats de la conférence dont les travaux ont été sanctionnés par un communiqué final. La conférence a permis de constater que « tout le monde a compris que la sécurité et le développement dans le Sahel est l’affaire des pays de la région ». « Cependant, il existe une complémentarité entre les efforts consentis par ces pays et le soutien de leurs partenaires », a-t-il précisé. Il souligne aussi que, désormais, « tout le monde s’accorde à admettre que les pays du Champ détiennent une stratégie commune de lutte contre le terrorisme qui repose sur des mécanismes de coordination qui répondent à leurs préoccupations et qui ne privilégient pas l’intervention militaire ».

Interrogé sur « les raisons qui font que l’Algérie ne participe pas directement à des actions militaires de lutte contre le terrorisme dans la région », il explique la position algérienne en précisant que « très souvent l’intervention militaire étrangère ne réussit pas, et elle peut même alimenter le terrorisme et le djihadisme armé ». De même qu’il a souligné que ce n’est pas dans les traditions de l’Algérie d’envoyer des troupes armées dans d’autres pays. Il a également cité, dans ce cadre, le cas du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) des pays du Champ de la région du Sahel, qui a arrêté une stratégie de lutte contre le terrorisme et qui, a-t-il dit, repose sur la formation et l’équipement, ainsi que l’échange du renseignement. De son côté, le ministre malien, M. Maïga, considère le CEMOC « comme une importante avancée dans la coordination de la lutte antiterroriste entre les pays du Champ de la région du Sahel », estimant, dans ce cadre, qu’il reste pour le CMEOC « d’établir des liens opérationnels sur les questions liées aux opérations militaires combinées ».

M. Messahel relève aussi le fait que la rencontre a également permis de constater que « tout le monde a compris que la sécurité et le développement dans le Sahel est l’affaire des pays de la région », tout en mettant l’accent sur la nécessaire complémentarité qui doit exister entre les efforts consentis par ces pays et le soutien de leurs partenaires. Il s’est aussi félicité de constater que les travaux ont constitué une occasion pour identifier le contenu du partenariat entre les pays du champ et leurs partenaires, ainsi que les moyens de tarissement des ressources financières des groupes terroristes activant dans le Sahel. « Nous sommes heureux de constater qu’une dynamique s’est instaurée entre les pays du Champ et leurs partenaires dans le domaine du développement socio-économique », relevant qu’un « calendrier a été fixé pour organiser des réunions entre les pays du champ et les partenaires pour renforcer cette dynamique ».

La circulation d’armes libyennes, l’autre inquiétude

Il évoque aussi la question de la circulation clandestine d’armes libyennes dans les pays voisins. Selon lui, cette question concerne en premier lieu les nouvelles autorités libyennes. « La circulation illégale des armes et leur récupération devraient figurer parmi les priorités des nouvelles autorités libyennes », a-t-il souligné. Toutefois, M. Messahel s’est dit optimiste sur la prise en charge de cette question, indiquant avoir appris que les questions sécuritaires « allaient être une priorité pour les nouvelles autorités libyennes ». L

e ministre a, dans ce contexte, relevé que des partenaires des pays du Champ ayant pris part à la conférence d’Alger, notamment ceux concernés par la situation en Libye, « ont affiché un intérêt particulier à cette question et souligné l’importance qu’elle revêt ». Interrogé, par ailleurs, sur « l’arrêt de la guerre de l’OTAN contre la Libye », M. Messahel a répondu que la question a été « discutée en aparté » entre des partenaires, en marge de la conférence. « Tout le monde s’accorde pour que cesse toute activité militaire, afin qu’il y ait un retour rapide de la stabilité dans ce pays et pour que les nouvelles institutions se mettent en place le plus tôt possible », a-t-il dit. « Nous sommes dans la perspective qui s’inscrit dans la stabilité et la paix, et l’Algérie s’inscrit dans cette logique », a-t-il souligné. Il a également estimé que « chacun doit apporter son effort en ce qui le concerne, à sa manière, pour que, réellement, on s’engage dans une ère faite de renouvellement, de réconciliation, de dialogue et de mise en place de structures modernes qui répondent aux standards de gouvernance mondiale », a-t-il dit. « Je crois que nous avons des signaux très forts dans ce sens, et nous l’espérons », a-t-il conclu. D’autre part, et à une question relative aux « menaces de reprise des armes proférées par des groupes armés de rebelles dans le nord du Mali après le décès de Ag Bahanga », le ministre a affirmé n’avoir pas eu écho de ces « menaces ». Il a néanmoins relevé que cette question « concerne directement les pays voisins et amis dans le cadre d’un dialogue national et dans le cadre de la mise en œuvre des accords conclus à ce sujet ».

Nadia K.

En marge de la conférence

M. Messahel reçoit le vice-ministre qatari des AE

Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a reçu jeudi dernier à Alger le vice-ministre des Affaires étrangères de l’Etat du Qatar, M. Sief Moukadem El Bouanine, en marge de la Conférence internationale de lutte contre le terrorisme. M. El Bouanine a indiqué dans une déclaration à la presse au terme de l’audience que son entretien avec M. Messahel avait porté sur « les questions abordées lors des travaux du premier jour de la Conférence internationale (ouverte mercredi à Alger) ainsi que sur les relations bilatérales ».

Il s’est félicité, dans ce sens, de la participation de son pays à la conférence d’Alger, estimant que la stratégie de l’Algérie pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, exposée pour la première fois à cette occasion, « est cohérente avec le cadre onusien et régional. Nous sommes très contents d’avoir été conviés à prendre part à cette conférence qui constitue une rencontre importante pour les pays de la région », a-t-il soutenu. A une question sur le soutien du Qatar à la lutte des pays du Champ contre le terrorisme et le crime organisé, il a affirmé que son pays est disposé à soutenir l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie dans leur combat contre ce fléau. « Qatar va aider du mieux qu’il pourra et sous différentes formes les pays du Sahel dans leur combat contre le terrorisme », a-t-il dit.

M. Maïga, ministre d’Etat, ministre malien des AE

«La conférence d’Alger est importante pour l’élaboration des stratégies commune au Sahel»

Le ministre d’Etat, ministre malien des Affaires étrangères, M. Soumailou Boubaye Maïga, a souligné jeudi dernier à Alger l’importance de la conférence d’Alger sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du Champ et les partenaires extra régionaux, qui a constitué un espace pour l’unification des points de vue sur la stratégie de la lutte antiterroriste et l’élaboration de plans de développement. Cette rencontre concrétise « la volonté des pays du Champ et la convergence » qui existe entre eux pour œuvrer à établir une approche commune de lutte contre le terrorisme, a déclaré, M. Maïga. Cette conférence internationale concrétise aussi « l’intérêt de nos partenaires » pour ces questions, a-t-il poursuivi. Tout le monde a compris, nous ne pouvons pas « avancer durablement » sur ces questions, « s’il n’y a pas ce genre de rencontres et s’il n’y a pas une unification de nos approches », a encore relevé le chef de la diplomatie malienne. M. Maïga qui a considéré que cette réunion constitue « un succès », a indiqué que les partenaires extra régionaux ont « la même approche et la même analyse » de la situation que celle des pays du Champ de la région du Sahel. C’est dans ce sens qu’il a souligné que la nature de la réponse à apporter aux exigences de la lutte contre le terrorisme, doit être « multidimensionnelle et multinationale ». Une réponse qui s’appuie à la fois sur « la sécurité, le développement et la gouvernance » et ou la coopération doit jouer « un rôle central », a-t-il expliqué.

Evoquant l’impact de la crise libyenne sur la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel, M. Maïga a relevé que ses répercussions « deviennent de plus en plus visibles », expliquant que cette crise s’exprime dans la région, à travers « le flux de personnes démunies fuyant la violence » et « le retour de personnes armées impliquées dans le conflit ». Ces flux de personnes posent « d’énormes problèmes dans des zones connues par leur précarité », a-t-il souligné, précisant que cette nouvelle situation « augmente encore le potentiel de violence qui existe déjà dans la région ».

La réinsertion, un nouveau défi

Pour le chef de la diplomatie malienne, en raison de la disponibilité d’armes dans cette région, dont l’AQMI peut profiter, l’urgence de trouver des réponses concrètes pour récupérer les armes en circulation et aider à la réinsertion des personnes démunies fuyant la guerre en Libye, « devient plus pressante ». C’est ainsi qu’il a estimé que les questions relatives à la réinsertion des travailleurs migrants de la région du Sahel qui reviennent de Libye « constituent de nouveaux défis qui viennent se greffer aux défis qui existaient déjà ».

M. Maïga qui a reconnu qu’il ne peut pas donner, à l’état actuel, le nombre des personnes arrivées dans la région du Sahel, a indiqué qu’il existe « un nombre important de Touaregs maliens, nigériens et tchadiens, installés en Libye depuis longtemps et qui commencent à arriver dans leurs pays d’origines ». Répondant à une question sur la position de son pays vis-à-vis du Conseil national de transition libyen (CNT), il a estimé qu’elle n’est pas perçue « comme une priorité au Mali ». L’essentiel pour nous actuellement, est que la Libye puisse se doter d’un « gouvernement représentatif », a déclaré, M. Maïga. Interrogé sur les retombées de la mort de Ibrahim Ag Bahanga — l’un des chefs de la rébellion touaregs du nord du Mali et qui avait refusé de déposer les armes — sur la sécurité dans la région de Kidal, le chef de la diplomatie malienne a assuré que  » cet évènement ne va pas influer sur la démarche de paix initiée grâce à l’Accord d’Alger de 2006 « .  » La mort d’Ibrahim Ag Bahanga ne va pas changer grand-chose dans notre démarche « , a-t-il assuré, soutenant que  » l’Accord d’Alger de 2006 est toujours d’actualité et se met en œuvre progressivement « . M. Maïga a indiqué qu’une évaluation de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger  » sera faite prochainement  » pour, a-t-il dit, identifier les actions à mener afin d’instaurer une stabilité durable dans le nord du Mali.

Ils ont dit…

Le Haut commandant d’AFRICOM : « La lutte antiterroriste est une inquiétude partagée »

La lutte antiterroriste et les activités criminelles, notamment dans la région du Sahel, est une « inquiétude partagée » a indiqué jeudi à Alger le Haut commandant des forces américaines pour l’Afrique (AFRICOM), le général Carter Ham. Relevant à cet effet que l’organisation par l’Algérie d’une Conférence internationale sur la lutte antiterroriste témoigne de son rôle de « leader » en la matière, le général Ham a mis l’accent sur la « nécessité » de conjuguer les efforts de « tout le monde » pour y faire face. M. Ham qui a mis en exergue la participation de nombreux pays et organisations à la conférence internationale d’Alger sur le terrorisme, a affirmé que la communauté internationale est « convaincue » de la « nécessité » de faire face à la menace du terrorisme dans la région du Sahel et partout ailleurs dans le monde. Pour ce qui est de la coopération entre l’Algérie et les Etats-Unis, il a « insisté » sur le terme de « partenariat ». « Nous désirons créer des opportunités aussi bien pour les forces américaines qu’algériennes afin de travailler ensemble et d’augmenter le volume de la coopération, notamment dans le volet formation et apprendre ainsi les uns des autres », a souligné M. Ham. Il s’est dit « très satisfait » du niveau de la coopération entre les forces armées des deux pays, « bien qu’il reste encore du chemin à faire ».

Mme Shira Villarosa, membre du bureau de coordination

antiterroriste du département d’Etat armée : « Nos relations avec l’Algérie s’améliorent de jour en jour»

Mme Shari Villarosa a affirmé que « la coopération entre les deux pays, marquée par un respect mutuel et une amitié concrète, s’améliore de jour en jour ». « Il est vrai qu’il y a quelquefois des divergences dans les points de vue, mais l’Algérie et les Etats-Unis restent de très bons partenaires », a-t-elle dit.