Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a affirmé que les lois qui n’ont pas été adoptées lors de cette session, dont celle relative aux violences contre les femmes, ne sont ni abandonnées ni bloquées. Il n’a pas, pour autant, annoncé le traitement de ce projet pour la prochaine session parlementaire.
Àune nuance près, les discours des présidents des deux chambres du Parlement, faits hier à l’occasion de la clôture de la session parlementaire de printemps, semblaient écrits par une seule main, tant ils étaient identiques dans le contenu et le style. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, son homologue à l’Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould-Khelifa, sont restés cantonnés dans le cadre solennel de l’évènement sans oser la moindre digression. L’un comme l’autre ont énuméré les projets de loi débattus et adoptés durant la session finissante. Ils ont abordé les journées parlementaires, les séances des questions orales, les audiences privées… Il fallait évidemment montrer coûte que coûte que le Parlement a fonctionné normalement durant ces quelques mois. Pourtant, il était difficile de justifier d’un rendement honorable, tant la moisson est faible. À peine dix projets de loi adoptés par l’APN, et moins par le Sénat. À la Chambre haute, le projet de loi sur les violences faites aux femmes est carrément bloqué, ou du moins le semble-t-il. À ce propos, Abdelkader Bensalah a donné, à demi-mot, des garanties sans rassurer vraiment. “Si l’adoption n’a pas concerné l’ensemble des projets de loi initialement prévu lors de la session, cela ne veut pas dire qu’ils ont été retirés ou abandonnés. Les projets de loi non adoptés recevront le traitement qu’il leur convient dans l’avenir.” Il ne limite pas, toutefois, l’échéance à la prochaine session parlementaire. Il a ainsi suggéré l’idée que le gouvernement n’a peut-être pas renoncé à son projet, mais il le met en veilleuse le temps d’endormir le front qui s’oppose à sa mise en œuvre, ou inversement, celui qui le revendique, essentiellement le mouvement associatif féminin. Aussi laconiquement, le président du Sénat a abordé les violences en cours à Ghardaïa. Évidemment, il s’est abstenu de citer le nom de la wilaya. Par sous-entendus, il a affirmé que le pays vit sous la menace sécuritaire à ses frontières. “… Devant la poursuite de la baisse des prix du pétrole et la crise économique, il est du devoir des animateurs de l’opposition de revoir leurs priorités et d’orienter le débat politique sur ce qui sert l’intérêt suprême de la nation.” Auparavant, il a incité les acteurs politiques à sensibiliser les populations sur les difficultés de l’heure.
Pour sa part, le président de l’APN s’est attaqué à l’opposition et à la presse nationale. “L’homme sage est celui qui travaille. Cet adage est rarement mentionné par ceux qui prêchent le désespoir, l’échec et le défaitisme, afin de rabaisser l’Algérie et d’affaiblir l’État-nation, ceux qui prétendent être le ‘Mehdi sauveur’”, a-t-il discouru sans préciser qui visait-il par ses propos. Il est devenu, néanmoins, clair dès qu’il a commencé à invectiver les journaux et les chaînes de télévision qui donnent la parole à l’opposition. “Ce discours est souvent relayé par certains médias qui optent pour la désinformation en sculptant la réalité à leur guise.” Larbi Ould-Khelifa s’est aussitôt mis dans le rôle du moralisateur en disant : “Tout ce qui est à la limite de l’éthique ne saurait produire que dérive et non-professionnalisme.” Évidemment, il n’a point dénoncé le passage récurrent sur des chaînes de télévision de salafistes radicaux qui prêchent l’obscurantisme, ni l’intox érigée en règle dans certains titres proches des cercles du pouvoir.
Sinon, ni le Premier ministre ni les membres de son gouvernement n’ont souhaité s’exprimer en marge de la cérémonie, aussi bien au Conseil de la nation qu’au Sénat.
S H