Cliniques privées, Des organes humains dans des décharge publiques

Cliniques privées, Des organes humains dans des décharge publiques

Faute de moyens et incapables de fournir une meilleure qualité de soins et de traitements les hôpitaux font fuir les patients. Ces derniers se rabattent donc sur les cliniques privées certes onéreuses mais qui à leurs yeux sont plus professionnelles. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Une clinique privée jette des restes d’organes humains dans une décharge au lieu de les faire incinérer, une autre ferme en raison de l’apparition en son sein de cas de méningite, etc. Les exemples ne manquent malheureusement pas…

Le secteur de la Santé qui a bénéficié, ces dernières années, d’importantes réformes sur le plan organisation et répartition des structures à l’échelle nationale, semble arriver difficilement à améliorer la qualité des soins offerts aux patients, qui ne cessent de soulever le manque de médicaments et de consommables dans ces structures. Les proches des patients continuent d’acheter les seringues et autres consommables auprès des officines en cas d’hospitalisation.

Le retard dans la prise en charge des malades, nécessitant des interventions chirurgicales à cause du nombre important de personnes à opérer, continue de susciter la colère des patients d’autant plus que le nombre de chirurgiens ne peut répondre à la charge de travail. Cette situation oblige plusieurs patients à recourir aux cliniques privées pour ne pas attendre parfois des mois pour subir une intervention chirurgicale. Cependant même si les

cliniques privées permettent de prendre en charge rapidement les patients, elles sont néanmoins critiquées par une partie des patients, qui les considèrent  comme des structures dont les gérants ne chercheraient qu’à engranger de l’argent. S’agissant du respect des normes, les services de la direction de la Santé prennent les mesures nécessaires dictées par la loi en matière de contrôle.

Ce qui signifie que ces cliniques doivent respecter les normes de l’activité médicale sinon elles risquent la fermeture. Une clinique, privée spécialisée en biopsie, a été fermée jeudi à Mostaganem sur ordre du wali, pour avoir déposé des restes d’organes humains dans une décharge, a-t-on appris de source sécuritaire.

La fermeture est intervenue sur la base d’une plainte contre la propriétaire de la clinique, après constat de restes d’organes humains (sein, rein et poumon) jetés au milieu de déchets ménagers domestiques dans une décharge à proximité de cet établissement, a précisé la même source qui a indiqué qu’un dossier sur cette affaire a été transmis à la justice.

Une commission relevant de la direction de wilaya de la santé et de la population a été dépêchée sur les lieux, en compagnie d’éléments de la Police judiciaire, pour s’assurer de la véracité de la plainte d’un citoyen qui a signalé avoir découvert deux sacs d’ordures contenant des organes humains.

Une convention a été signée entre la direction de la santé et les cliniques privées permettant à ces dernières d’utiliser gratuitement, dans de pareils cas, les incinérateurs dont dispose l’hôpital Che Guevara de Mostaganem et ceux de Sidi-Ali et de Aïn Tedelès. Bien avant, au seuil de l’année 2013 précisément, la direction de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière de la wilaya de Blida avait procédé à une fermeture

« préventive » de la clinique Amina, située à Chiffa, en raison de l’apparition en son sein de cas de méningite, selon un communiqué de cette direction.

La même source a souligné que « des investigations sont en cours pour déterminer la source exacte de cette maladie, ajoutant que cette mesure préventive a pris en considération la situation des malades soignés au niveau de la clinique, notamment les dialysés qui ont été pris en charge au niveau d’autres structures

spécialisées ». La direction de la Santé, qui a précisé que ses investigations sont menées en collaboration avec les services spécialisés du ministère de la  Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, outre des investigations menées par d’autres instances compétentes, a fait part de

l’enregistrement, à ce jour, de 13 cas de méningite au niveau de cette clinique, dont 2 mortels. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que les autorités procèdent à la fermeture de cliniques privées pour des cas similaires.

En 2008, les autorités concernées avaient procédé à la fermeture de la clinique les Rosiers de Blida. Deux années après, la tutelle avait déclaré qu’« une enquête a été ouverte par les services du ministère de la santé autour des conditions d’exercice des cliniques privées ». Selon la même source, cette enquête allait révéler beaucoup de surprises et aboutir à la fermeture de cliniques.

A Tizi-Ouzou Six jeunes femmes sont décédées durant ou suite à leur accouchement au sein de l’établissement hospitalier spécialisé en gynécologie Sbihi-Tassadit de la ville de Tizi-Ouzou en l’espace de quelques semaines selon des sources médicales. Le dernier cas a été une femme de 37 ans. Après avoir accouché au niveau de cette clinique, elle a été transférée dans un état critique vers le CHU Nedir- Mohamed de la ville de Tizi-Ouzou où elle a succombé peu de temps après.

Les trois premiers cas de décès ont été recensés par le même EHS les 26, 27 et 30 décembre 2012. Puis, deux nouveaux cas ont été signalés les 24 et 25 janvier 2013. Ces deux jeunes mamans ont rendu l’âme après leur accouchement, alors que leurs bébés sont sains et saufs. Aucune mesure particulière n’a été prise par les autorités face à cette situation.

Alors que le directeur local de la Santé et de la Population, interpellé par la presse il y a quelques jours, avait indiqué que les raisons de ces décès seraient d’ordre médical tout en soutenant que la « responsabilité est partagée » car, pour lui, il y aurait « des femmes qui dissimulent leurs maladies de peur de ne pas être hospitalisées dans la clinique ».

Le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, s’est rendu ce jeudi 7 février à Tizi-Ouzou où six femmes sont décédées en un peu plus d’un mois suite à leurs accouchements. Selon lui, « il n’y a pas, à la clinique Sbihi, plus de mortalité maternelle que partout ailleurs sur le territoire national ». Dr Boulesnane, gynécologue, invité par Midi Libre à donner son avis concernant le décès de ces femme nous dira

ceci : « Pour commencer une maman qui décède en accouchant n’est pas une statistique ou une donnée officielle mais un drame humain. Deuxièmement qu’en est-il de la souffrance

fœutale, des diagnostics et dépistages pré et post-nataux et du suivi des grossesses ? Si les maternités et autres hôpitaux des localités environnantes disposaient d’un gynécologue et de sages femmes en nombre suffisant, cette clinique ne croulerait pas sous des statistiques qui ne vous émeuvent pas ». L’indifférence, le laisser-aller, les négligences de toutes sortes, tuent dans les hôpitaux plus que les maladies elles-mêmes. Il faut qu’on se le dise et qu’on se le répète. Il suffit pourtant d’un petit pas ou une seule petite chose pour que les choses aillent mieux.

Mais cette petite chose ne s’achète pas et se décrète encore moins : que les gens apprennent à avoir un minimum de respect, sinon pour la dignité humaine, tout au moins pour la vie humaine. La question qui se poste est qui donne l’agrément à ce genre de structures sanitaires ? Car il ne faut pas se leurrer ces dernières n’ont visiblement aucune morale et ne pensent qu’à se faire de

l’argent. Elles ne respectent en aucune façon les normes des structures médicales. Des erreurs peuvent surgir dans le traitement des malades, ces derniers peuvent mourir ou survivre avec un handicap ou une maladie chronique.

Ces erreurs sont légion sans que les cliniques ou les médecins y travaillant soient inquiétés ou poursuivis pour faute professionnelle grave. En somme, en attendant le développement  rapide et efficace du secteur public de la Santé, l’apport du privé ne semble pas prêt à pouvoir prendre en charge les problèmes de santé d’une population en continuelle croissance.

Houda Bounab