Juste après sa victoire en match amical contre la sélection du Gabon, celle-là même qui a battu l’Algérie au 5-Juillet, Claude Le Roy, le sélectionneur du Sultanat d’Oman,……a été approché par des gens qui se sont présentés comme étant des hauts responsables à la Fédération algérienne de football pour lui proposer le poste de conseiller technique auprès de la FAF.
Claude Le Roy, que nous avons contacté hier, nous a confirmé l’information, mais il a gardé secret le nom de la personne qui a pris attache avec lui.
«Effectivement, mes agents ont reçu des appels d’Alger pour me proposer un poste à la fédération, mais comme je me sens bien à Oman, j’ai décliné l’offre», dira le technicien français. Pour les raisons qui l’ont poussé à refuser de travailler en Algérie, Le Roy dira qu’il est très heureux de travailler au Sultanat d’Oman tout en expliquant qu’il a décliné d’autres offres intéressantes qu’il a également reçues de France. «C’est une question de respect.
J’ai un contrat avec Oman et je dois l’honorer. Moi, quand je m’engage, c’est à 100% que je le fais. Je vous informe qu’en plus de ce contact avec l’Algérie, j’ai eu des offres très alléchantes en provenance de France que j’ai refusées pour les mêmes raisons. Je me sens bien à Oman où je ne manque de rien. Le projet de la Fédération omanaise de football est très intéressant et je suis très heureux de travailler avec ces gens-là», expliqua l’ancien sélectionneur du Cameroun.
«Travailler à la pige est une mission de mercenaires»
On a essayé d’évoquer les détails de ce que les gens qui ont contacté ses agents lui ont proposé, mais Claude Le Roy est resté muet. «Je ne peux rien vous dire à ce propos. Ils ont parlé à mes agents, qui m’ont transmis leurs offres. J’ai dit non pour les raisons que je vous ai expliquées avant. C’est tout.» On a ensuite expliqué que la FAF, ou plus précisément Raouraoua, veut quelqu’un d’expérience pour assister, conseiller et aider Benchikha dans sa mission.
Travailler à la pige et être payé à la pige, tout cela en gardant son poste actuel, s’il le souhaitait. On a cru que la proposition allait intéresser Le Roy, mais au contraire, ça l’a choqué. «Je ne comprends pas comment des fédérations africaines peuvent faire ça ! C’est incroyable ! Faire appel à des entraîneurs pour travailler à la pige est un manque de respect à cette nation, à son peuple et à son football.
La sélection est un héritage, un patrimoine qu’il faut d’abord sacraliser, respecter, étudier et connaître à la lettre. Il faut un engagement total et indéfectible. Etre au courant des traditions, des habitudes, de la mentalité des gens avec lesquels on va travailler est indispensable pour réussir.»
«Je m’installerai en Algérie, si…»
Stupéfait qu’en ces temps, des fédérations acceptent d’engager des entraîneurs qui travailleront parallèlement dans un club ou une autre sélection, Claude Le Roy persiste et signe : «Moi par exemple, si j’accepte de prendre la sélection algérienne, je viendrai m’installer à Alger. J’aurai mon bureau là-bas. Je suivrai le championnat local, je resterai près de mes staffs technique, médical et administratif. Travailler en sélection ne se résume pas à coacher ou à choisir les joueurs qu’on doit sélectionner. C’est plus que ça.
Il faut suivre des joueurs, superviser les jeunes, mettre en œuvre un projet, un programme, une stratégie puis veiller à ce que tout marche comme on le souhaite. Pour résumer tout ça, je dirais que travailler à la pige est un travail qu’on confie généralement aux mercenaires. Gagner de l’argent de cette façon est tout simplement de l’arnaque.»
«On pige avec des journaux, des télés ou des radios, pas avec des sélections»
En voyant l’état dans lequel était Claude Le Roy quand on a évoqué la pige en sélection, on a questionné notre interlocuteur sur ce qu’il pense d’Eric Gerets qui entraîne le Hilal tout en étant sélectionneur du Maroc et aussi de José Mourinho qui voulait prendre la sélection du Portugal tout en restant entraîneur du Real Madrid. Le Français nous répondit spontanément : «Je ne tirerai sur personne.
Tout ce que j’essaye de dire, c’est qu’il est inconcevable, voire malhonnête d’être sélectionneur d’une nation et travailler entre-temps dans un autre club ou une autre sélection. On pige avec un journal, une émission télé, une radio, mais pas avec une sélection. Une équipe nationale, c’est sacré, il faut respecter son histoire, ses supporters, son drapeau et ses couleurs avant d’y penser travailler. C’est ma logique, ce sont mes principes, et je ne les changerai pas.»
«Saâdane est un grand entraîneur, Benchikha, connais pas, Damiano, je le connais de renommée»
Sans qu’on lui parle de lui, Claude Le Roy nous posa directement la question : «Pourquoi Saâdane a démissionné ? C’est un grand entraîneur. Personnellement, j’ai un grand respect pour cette personne et je trouve que son départ est une perte pour l’Algérie», dira-t-il. Après avoir expliqué le départ de Rabah Saâdane de la tête de l’équipe nationale, nous avons demandé à Claude Le Roy s’il connaissait Benchikha ou pas.
Ce dernier répondit : «Non, je ne le connais pas.» On a essayé de mieux connaître celui que la FAF veut aux côtés de Benchikha, en l’occurrence, Christian Damiano, l’adjoint actuel de Ranieri à la Roma. On a été étonné par la réponse du Français qui dira : «Qui est ce Damiano ? Il a travaillé où ? C’est un Français ?» Après avoir lu la fiche technique de cet entraîneur, Le Roy dira : «Ah oui, je vois qui sait… Il a accepté de travailler à la pige, lui ?»
«Ce n’est pas à moi d’expliquer l’échec de votre équipe»
L’équipe nationale n’a pas su gérer l’après-Mondial, c’est évident. Nous avons dit cela à Claude Le Roy tout en essayant d’avoir son explication à lui. Ce dernier refusa toute déclaration à ce sujet. «Je ne suis pas de ceux qui parlent pour parler. Pour donner une explication objective à ce qui s’est passé, il faudra être au courant de tout ce qui s’est passé, les décisions qui ont été prises, et celles qu’il fallait prendre… Il faut tout étudier et être au courant de tous les détails de ce dossier pour se permettre ou se donner le droit de juger ou d’expliquer cet échec. Dans mon cas, je ne sais pas ce qui s’est passé, donc, je ne peux rien dire à ce sujet.»
«Ce que l’Algérie représente à mes yeux ? Demandez à ma mère»
Pour conclure notre petite conversation, on a demandé à cet entraîneur de nous dire ce que représente pour lui l’Algérie. Ce dernier réplique ironiquement : «L’Algérie ? Ma mère, qui a 87 ans et qui est à quelques mètres de moi, pourra mieux que moi vous répondre à cette question. Mes parents ont quitté l’Algérie en 1962. C’était l’Indépendance de l’Algérie. A ce jour, elle continue de me parler de ce beau pays qu’elle regrette toujours d’avoir quitté.»