Le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant sera, à partir d’aujourd’hui, en visite officielle en Algérie. Si d’aucuns considèrent que cette énième visite de l’ex-secrétaire général de l’Elysée a tout l’air d’une précampagne, du côté officiel algérien, l’on inscrit cette venue, sur «invitation», qui intervient dans un contexte particulier, dans un cadre d’échanges et de coopération au moment où le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s’apprête à se rendre en France.
Claude Guéant, qui s’entretiendra avec son homologue algérien, Daho Ould Kablia, aura également plusieurs rencontres avec les responsables algériens. Une occasion pour aborder plusieurs questions d’intérêt commun mais aussi les «dossiers qui fâchent» et qui ont constitué un réel frein dans l’évolution des relations entre les deux pays, comme la repentance, l’immigration ou encore la libre circulation des personnes alors que Paris souhaite réviser l’accord de 1968.
Il sera aussi question, lors des discussions qu’aura le ministre français avec les responsables algériens, de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. La visite de Guéant a été, rappelons-le, précédée de celle, «discrète», du secrétaire du ministère français des Affaires étrangères et européennes,
Pierre Sellal, qui a été reçu par Medelci avec lequel, il s’est entretenu «de l’état des relations bilatérales, y compris sur certaines questions liées aux conditions de séjour des ressortissants algériens en France, ainsi que sur certaines questions régionales telles que la crise syrienne, la situation au Maghreb, en général, et en Libye, en particulier», déclarait Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui précisait que cet entretien «intervient à la veille de la visite du ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant,
à l’invitation de son homologue algérien, et quelques jours avant le déplacement du ministre Mourad Medelci à Paris où il aura des entretiens avec son homologue français Alain Juppé». Ce chassé-croisé est-il d’ordre «électoral»? C’est Claude Guéant en personne qui répond, dans un entretien accordé au journal en ligne TSA. «Cette visite n’a rien à voir avec l’échéance présidentielle française. Ce qui est exact, en revanche
c’est que d’un commun accord entre le président Bouteflika et le président Sarkozy, nous avons relancé l’année dernière notre relation bilatérale après une période de deux années difficiles», a-t-il dit, constatant que cette relance «a notamment été illustrée par les visites en Algérie de membres du gouvernement français et de personnalités politiques». Sur le dossier de la repentance, le ministre français de l’Intérieur dira :
«Nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous ne sommes pas sur cette ligne-là. Cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissons pas ou n’assumons pas notre histoire». Pour lui, la page doit être «tournée sans pour autant la déchirer». Sur l’immigration, le ministre français a affiché sa détermination à lutter «contre l’immigration clandestine». Il affirmera que ses déclarations à ce sujet ne sont que «des polémiques alimentées par l’opposition,
qui a intérêt à exagérer et déformer la portée de mes propos». Le responsable français, qui refusera de commenter les réformes politiques entamées en Algérie, affirme apprécier et encourager «les efforts des autorités pour répondre aux aspirations du peuple algérien». Ces réformes seront d’ailleurs «étalées» par Medelci devant les parlementaires français.
S. M
