Le ministre de l’Intérieur français, Claude Guéant, entame, aujourd’hui, une visite officielle à Alger à l’invitation de son homologue algérien Dahou Ould Kablia. C’est la première en Algérie du premier policier de France, qui s’était déjà rendu à Alger, à deux reprises en février et en juin 2010, alors qu’il était le tout-puissant secrétaire général de l’Élysée, pour la relance des relatons entre les deux pays.
Claude Guéant, qui arrive à Alger en pleine campagne électorale non déclarée de Nicolas Sarkozy, devrait aborder avec ses interlocuteurs algériens et probablement le Président Bouteflika, l’épineuse révision de l’Accord algéro-français de 1968 et notamment les questions d’immigration Une question de celui que le journal français Libération a qualifié de porte-voix de Le Pen, qui veut faire un axe majeur de la campagne présidentielle française.
La France souhaite notamment relancer les négociations sur la révision des Accords de 1968 sur le séjour des Algériens en France et ne plus accorder aux nationaux des avantages et privilèges qui étaient jusque-là les leurs. Cette visite intervient aussi dans un contexte marqué par l’aggravation de l’insécurité au Sahel avec notamment plusieurs prises d’otages d’Occidentaux ces dernières semaines. Deux Français ont ainsi été enlevés dans le nord du Mali. Quatre autres, enlevés au Niger, sont toujours détenus par Aqmi.
Claude Guéant s’entretiendra avec les responsables algériens au sujet de la lutte antiterroriste menée par les pays de la région. Selon des sources diplomatiques, cités par le journal électronique TSA, la France «souhaiterait» notamment que les pays dit «du champ» – l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali -, qui ont mis en place un partenariat, intègrent le Maroc dans leurs discussions. «Pour Paris, ce serait la garantie d’avoir un allié fidèle associé dans cette lutte antiterroriste régionale», ajoute TSA.
Outre le fait que le Maroc n’est pas un pays frontalier du Sahel, comment intégrer un pays, qui bafoue le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dont la propagande et les dirigeants au plus haut niveau, veulent faire passer le Front Polisario pour un groupe terroriste.
Une rengaine hallucinante pour un pays qui va siéger au Conseil de securité ! Dans une interview au même journal électronique, Guéant déclare venir en Algérie à l’invitation de son homologue algérien Dahou Ould Kablia, qu’il a eu «l’occasion de rencontrer au mois de mai, à Paris lors de la réunion du G8 élargi sur la lutte contre le trafic international de la drogue». «Nous avons ensemble beaucoup de sujets d’intérêts communs : nos organisations administratives réciproques de part et d’autre de la Méditerranée.
Notre coopération dans le domaine de la Protection civile est importante, la coopération décentralisée -vous savez qu’il y a un grand nombre de jumelages entre les villes françaises et algériennes, Tlemcen- Montpellier, Oran-Bordeaux, Constantine-Grenoble… – contribue à rapprocher les populations» . «De surcroît, il est fondamental que nous continuons à coopérer étroitement dans la lutte contre le terrorisme. Nous ferons aussi le point des discussions en cours sur les questions migratoires.», a-t-il ajouté.
À propos de ses déclarations pour le moins scandaleuses sur les musulmans et les étrangers il se contente d’affirmer que «ces polémiques ont été alimentées par l’opposition, qui a intérêt à exagérer et déformer la portée de mes propos.
Je dis simplement que la France doit maîtriser et réduire les flux migratoires – de 10% dans un premier temps – si elle souhaite conserver la capacité d’intégrer convenablement et dignement les étrangers qu’elle accueille sur son sol ». « De même, ajoute-t-il, je n’ai évidemment jamais tenu de propos désobligeants sur les personnes de confession musulmane. J’ai simplement dit que nous devions traiter certaines questions concrètes.
Par exemple, il y a eu le problème des prières de rue : ces pratiques ne sont pas conformes au principe de laïcité. J’ai demandé à ce qu’elles n’aient plus lieu. Le dialogue avec les représentants du culte musulman a permis de trouver les bonnes solutions. La France est un pays ouvert et entend le rester, mais si nous voulons éviter les préjugés et les dérives xénophobes, nous devons prendre un certain nombre de mesures attendues par nos concitoyens».
Mokhtar Bendib