Au moment où une nouvelle carte des réseaux routiers africains circule en ligne, les chiffres révèlent un continent en mouvement mais aussi de profonds contrastes. Si l’Afrique du Sud écrase le classement, l’Algérie tire son épingle du jeu avec un réseau parmi les plus étendus d’Afrique du Nord. Enquête sur les réalités derrière les kilomètres.
L’Algérie s’impose régulièrement dans le haut des classements africains. Avec environ 141 000 km de routes, selon WorldDataInfo, le pays revendique l’un des réseaux routiers les plus étendus du continent. Une position qui ne doit rien au hasard : avec 2,4 millions de km², le plus grand pays d’Afrique a fait du développement routier l’un de ses leviers prioritaires de modernisation.
Selon le ministère des Travaux publics, plus de 90 % des déplacements en Algérie se font par route. Ce chiffre en dit long sur la centralité du transport terrestre dans un pays où les distances sont colossales et où la majorité de la population vit concentrée dans le nord. Relier les grandes métropoles côtières, désenclaver les régions intérieures et sécuriser les corridors sahariens sont autant d’enjeux stratégiques.
L’autoroute Est-Ouest, longue de plus de 1 200 km, illustre cette ambition. Présentée par le ministère comme « l’épine dorsale du système routier national », elle traverse le pays d’est en ouest et irrigue la majorité des pôles économiques. Autour d’elle gravite un ensemble de pénétrantes, de rocades et de routes wilayales qui structurent un réseau tentaculaire.
Selon la Banque mondiale, les efforts consentis ces deux dernières décennies ont permis de moderniser une large partie du réseau. Mais l’institution souligne deux défis persistants : la qualité du revêtement, encore inégale selon les régions, et la résilience climatique, cruciale dans les zones désertiques où la chaleur extrême fragilise les infrastructures.
Malgré ces difficultés, l’Algérie conserve une position solide sur l’échiquier africain. Ses investissements massifs et sa volonté de connecter l’ensemble du territoire lui permettent aujourd’hui de rivaliser avec des pays à forte densité ou à économie plus diversifiée.
Un continent fracturé : entre réseaux surdimensionnés et territoires enclavés
Au-delà du cas algérien, la photographie du continent souligne des disparités frappantes. Selon une compilation de données de la Banque mondiale, de WorldDataInfo et de statistiques nationales, les réseaux routiers africains évoluent à plusieurs vitesses.
Avec environ 750 000 km de routes, selon les analyses du Southern African Times, l’Afrique du Sud surclasse le reste du continent. À elle seule, elle dépasse la somme de plusieurs pays africains réunis. Un leadership enraciné dans des décennies d’investissement public, une forte urbanisation et une économie dépendante de la logistique terrestre.
Le Nigeria totalise près de 195 000 km de routes selon les données du gouvernement fédéral. Son réseau reflète sa densité de population et le poids économique de Lagos ou d’Abuja.
L’Éthiopie suit avec environ 180 000 km, selon les statistiques nationales relayées dans plusieurs rapports régionaux. Depuis les années 2000, Addis-Abeba mise sur de grands programmes d’infrastructures pour soutenir sa croissance.
Le Kenya s’approche des 161 000 km de routes selon les chiffres régulièrement cités dans les rapports locaux. Nairobi, véritable hub économique, tire le réseau vers le haut. La Tanzanie, avec environ 145 000 km, bénéficie quant à elle d’un réseau en expansion, poussé par les corridors reliant Dar es-Salaam aux pays enclavés de la région.
L’Afrique centrale, l’immensité sous contrainte
La RD Congo, créditée d’environ 152 000 km de routes, se heurte à une réalité plus nuancée. Selon la Banque mondiale, seule une faible part de ces routes est carrossable toute l’année. L’entretien, freiné par les conditions climatiques et la faiblesse des infrastructures de base, reste un défi majeur.
Le Mali, le Zimbabwe ou encore le Soudan du Sud affichent des réseaux routiers plus modestes, souvent compris entre 90 000 km et 140 000 km. Des avancées notables, compte tenu des contraintes économiques et parfois sécuritaires qui ralentissent les projets d’infrastructures.
Infrastructures routières : le classement africain en bref
Pour situer la performance de l’Algérie par rapport aux autres pays, il est essentiel d’intégrer son positionnement dans les classements internationaux. Selon WorldDataInfo, qui publie régulièrement des comparatifs mondiaux sur les infrastructures, les transports et les équipements publics, l’Algérie se place dans un rang intermédiaire, derrière les pays les plus développés mais devant plusieurs États de la région. Ce classement permet de comprendre la dynamique globale du réseau routier et son importance dans la compétitivité économique.
| Rang | Pays | Longueur réseau routier estimée |
|---|---|---|
| 1 | Afrique du Sud | 750 000 km |
| 2 | Nigeria | 195 000 km |
| 3 | Éthiopie | 180 000 km |
| 4 | Kenya | 161 000 km |
| 5 | RD Congo | 152 000 km |
| 6 | Tanzanie | 145 000 km |
| 7 | Algérie | 141 000 km |
| 8 | Mali | 139 000 km |
| 9 | Zimbabwe | 97 000 km |
| 10 | Soudan du Sud | 90 000 km |
