La DGSN et ses partenaires de la wilaya d’Alger, de la direction de l’environnement et des associations spécialisées dans la protection de l’environnement, ont décidé de mener, ensemble, une mission délicate destinée à redonner à la capitale son lustre d’antan, sa blancheur légendaire, en sensibilisant avant tout les citoyens sur leur part de responsabilité dans cette démarche.
Pour réussir dans son entreprise, la DGSN a eu la louable initiative de lancer un grand prix appelé «Prix Vert», destiné à sélectionner le meilleur quartier d’Alger répondant aux normes de protection de l’environnement.
Parallèlement, la DGSN a décidé, de renforcer les contrôles dans les quartiers afin de lutter contre les décharges anarchiques de déchets ménagers, commerciaux ou industriels qui nuisent à la population et ternissent l’image de la capitale.
Dans une conférence de presse animée hier au siège de la Sûreté de wilaya d’Alger (SWA) le commissaire Bachir Boudriaâ, chef de la police de la protection de l’environnement, a expliqué que chaque citoyen, commerçant et patron d’usine ayant jeté des déchets ménagers, commerciaux ou industriels dans des lieux non autorisés sera passible d’une amende allant de 5 000 à 500 000 DA, selon ce que stipule la loi 01/19 visant à lutter contre toute forme d’atteinte à l’environnement.
«La DGSN a décidé de sévir contre toutes formes d’atteinte à l’environnement de la capitale, à l’instar des autres villes du pays, cela avec la contribution de la société civile et de nos partenaires, notamment de la wilaya d’Alger, de la direction de l’environnement d’Alger et des associations spécialisées dans la protection de l’environnement.
Le but de nos actions est d’instaurer une nouvelle culture de l’hygiène chez les citoyens, car l’on a constaté, lors de nos sorties effectuées dans diverses communes de la capitale, une fuite en avant des citoyens lorsqu’il s’agit de la protection de l’environnement.
C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons lancé un concours appelé «Prix vert» afin de pousser les habitants de chaque quartier d’Alger à se mobiliser pour que leurs cités retrouvent leur blancheur.
Pour cela, nous avons sélectionné 39 quartiers à Alger et avons finalement porté notre choix, après une sélection très stricte, sur la cité des Fleurs sise à Raïs Hamidou, la cité Colonel-El-Aïchane de Birtouta et le quartier M’douche à Hussein Dey.
Ces trois cités ont été choisies comme étant les meilleures de par la bonne image qu’elles donnent, celle d’un quartier respectable avec une parfaite organisation des habitants et un environnement exemplaire (éclairage public, espaces verts entretien des immeubles…», a expliqué le commissaire Boudriaâ.
Les sept critères du meilleur quartier
En lançant le grand prix du meilleur quartier, la DGSN, avec la collaboration des acteurs cités ci-dessus, ont arrêté sept critères essentiels pour sélectionner le meilleur quartier répondant aux normes exigées.
Les sept critères auxquels les quartiers doivent répondre sont, a expliqué le commissaire de police Boudriaâ, les suivants. Premier critère : l’éclairage public et les espaces verts sont dignes de ce nom. Deuxième critère : les habitants respectent les heures de dépôt des déchets ménagers. Troisième critère : les ordures ménagères sont jetées dans les poubelles.
Quatrième critère : les moyens nécessaires sont mobilisés pour la collecte des déchets ménagers. Cinquième critère : les habitants se mobilisent régulièrement pour la protection de leur quartier. Sixième critère : les locataires procèdent régulièrement à la collecte des ordures. Septième et dernier critère : le quartier répond aux normes de protection de l’environnement.
400 points noirs dans la capitale
Dans une de ses interventions, la représentante de la direction de l’environnement de la wilaya d’Alger, Mme Samira Maâmeri, a expliqué qu’au niveau de la capitale, il existe 400 points noirs.
Il s’agit de décharges publiques anarchiques créées par des citoyens qui y jettent tout genre de déchets. Aux ces citoyens s’ajoutent les commerçants, eux aussi pointés du doigt, à l’image des grossistes d’Oued Smar, Kouba et El-Hamiz qui jettent sans discontinuer des cartons, papiers d’emballage et autres bouteilles en divers endroits, isolés ou fréquentés, offrant une image des plus sales de la capitale.
«Il y a aussi certaines usines qui rejettent des déchets industriels un peu partout, de manière anarchique, ce qui cause d’énormes problèmes quant à l’image de la capitale et la santé des habitants», a expliqué la représentante de la direction de l’environnement d’Alger.
2 000 affaires d’atteinte à l’environnement devant les tribunaux
Allant du pis en mal, les atteintes à l’environnement au niveau national ont connu une hausse très inquiétante depuis l’année 2000, ce qui a poussé les services de sécurité (gendarmerie et police) chargés dans la protection de l’environnement à infliger des PV contre les pollueurs. «Nous avons comptabilisé plus de 2 000 affaires qui ont été introduites devant les tribunaux entre les années 2000 et 2012 », a évoqué Samira Maâmeri, de la direction de l’environnement d’Alger. Et d’ajouter que «ces chiffres ne concernent pas uniquement Alger mais aussi les 47 autres wilayas».
En effet, il s’agit de 2 000 affaires qui ont été traitées par les tribunaux du pays suite aux PV de constat établis par les services des APC, lesquelles, par la suite, ont fait appel aux directions de l’environnement de chaque wilaya concernée avant que les gendarmes et les policiers relevant des unités spécialisées dans la protection de l’environnement produisent des PV pour présenter les pollueurs devant les procureurs de la République puis devant les juges pour être condamnés à des amendes allant de 5 000 à 500 000 DA, conformément à la loi 01/19 relative à la protection contre des atteintes à l’environnement.
213 PV établis par la police d’Alger
Le durcissement des contrôles d’hygiène dans les quartiers d’Alger, et ce par les unités de la police de la protection de l’environnement, a permis de constater plusieurs dépassements de la part de citoyens, ce qui a été consolidé par l’exécution de 213 PV contre les pollueurs. C’est ce qu’a révélé le commissaire de police Bachir Boudriaâ lors de son intervention.
Il a ajouté que 116 interventions ont été effectuées par les policiers de la protection de l’environnement dans diverses communes d’Alger durant la période allant du 20 novembre au 10 décembre derniers, alors que 179 sorties sur le terrain des policiers ont ciblé les décharges publiques de la capitale.
Les écoles, l’épicentre des campagnes de sensibilisation
La DGSN tout comme ses partenaires de l’environnement ont choisi comme cheval de bataille les écoles et les CEM afin de mener à bien leurs campagnes de sensibilisation sur la protection de l’environnement.
Etant donné que la plupart des adultes se sont en quelque sorte démis de leurs responsabilités de citoyen lorsqu’il s’agit de protéger leur quartier contre les décharges anarchiques, les acteurs en charge des campagnes de sensibilisation ont d’abord et avant tout ciblé les enfants, car c’est cette frange de la société par qui il faut commencer pour espérer réussir le grand pari.
«Pour vous dire plus, nous avons effectué 120 cours dans 120 écoles et CEM de la capitale afin de sensibiliser les enfants sur le devoir de protéger son environnement, à commencer par respecter les heures de sortie des poubelles», a souligné le commissaire Boudriaâ.
La wilaya d’Alger et les associations s’investissent
Etaient également présents également à la conférence de presse, les représentants de la wilaya d’Alger et des associations activant dans le domaine de l’environnement, respectivement Mohamed Tahar Dilmi, ainsi que O. Touati et Samir Djnad. Pour le représentant de la wilaya d’Alger, Mohamed Tahar Dilmi, «aujourd’hui, nous ne pouvons cacher la démission des citoyens vis-à-vis de la protection de l’environnement.
Il faut oser et dire haut et fort que les citoyens ne contribuent pas à la protection de leur environnement, à commencer par leurs quartiers. C’est l’absence de cette culture qui a transformé Alger en une énorme décharge, et seul le réveil des citoyens pourrait faire retrouver à la capitale sa blancheur», a-t-il expliqué.
Même constat pour les représentants des deux associations de protection de l’environnement, que sont «Emeraude Ecologie » et l’«Association de la protection de l’environnement maritime». Ces derniers ont eux aussi expliqué la grande absence de l’action citoyenne dans la protection de l’environnement de leurs quartiers.
S. Abi