Une vue du tribunal de Tizi Ouzou
Cité dans l’affaire de l’assassinat de l’entrepreneur Hand Slimana, Mansouri Antikan, originaire de Tamanrasset, a comparu hier au tribunal de la ville de Tizi Ouzou.
Après une première condamnation par contumace à 20 ans de prison, le juge a décidé hier l’annulation des charges retenues contre lui. Il sera acquitté après les témoignages de deux inculpés dans la même affaire. Ceux-ci affirmeront devant le juge que le jeune, originaire de Tamanrasset, âgé de 29 ans n’a rien à voir dans tout cela. Au sujet de son numéro de téléphone retrouvé dans la liste d’appels du principal accusé,
M.A. dira qu’il avait perdu sa puce quelques jours avant le kidnapping. Selon les conclusions de l’enquête, ce groupe de malfaiteurs était composé de quatorze éléments. Agissant à travers plusieurs communes de l’est de la wilaya de Tizi Ouzou, ce gang s’était spécialisé dans l’activité criminelle juteuse des kidnappings et des enlèvements de personnes. Le gang a été l’auteur de 19 actions terroristes dont quatre attaques contre des camions de transport de boissons alcoolisées, sept attaques contre des bars, deux faux barrages, trois attaques contre des commerçants ainsi que trois kidnappings, celui de Mehadi Nourdine, le 9 décembre 2010 à Yakourène, celui d’Ibarar Lounès, le 4 juillet 2010, puis celui de Hand et Omar Slimana le 14 novembre 2010. Pour rappel, l’affaire pour laquelle, M.Antikan comparaissait hier devant le juge remontait à 2010. Un entrepreneur, Hand Slimana et son cousin Omar ont été kidnappés alors qu’ils rentraient en voiture chez eux dans la commune de Fréha. Après une tentative de fuite, l’entrepreneur sera blessé par balle. Slimana Hand, 48 ans et père de 5 enfants, a été kidnappé puis assassiné froidement par une rafale de kalachnikov le 14 novembre 2010 alors qu’il rentrait chez lui en compagnie d’un de ses cousins. Il décèdera après avoir été pendant 4 jours dans le coma dans une clinique à Tizi Ouzou. Omar, son cousin, quant à lui sera relâché après deux semaines de captivité. Lors de ce séjour justement, la population de Fréha avait montré un élan de solidarité sans pareil. La maison de la victime était assaillie de monde venu prendre des nouvelles. Une organisation villageoise se constitua presque spontanément afin de montrer à ces bandits que les citoyens ne comptaient pas abdiquer devant leurs méfaits.
Une série d’actions sera décidée. La ville de Fréha connaîtra une marche grandiose. Des journées de grève des commerçants ont également été organisées. Il convient de noter que des interrogations marquent toujours cette affaire. En effet, lors du procès des présumés assassins du défunt Hand Slimana, la partie civile représentée par maîtres Zaïdi, Aït-Larbi et Chikhaoui, a déploré le laxisme et la légèreté avec laquelle a été instruite cette affaire. Les avocats ont invité à prendre au sérieux les aveux de Sadek Hlifi, cerveau du gang, qui disait alors: «Convoquez les personnes que je viens de vous citer, car derrière eux, il y a des personnes importantes, il y a des choses qui vous dépassent, Mme la juge». Le même accusé a jouté: «J’ai loué cette maison à trois personnes qui ne sont pas dans le box des accusés. Dans ma déposition à la gendarmerie de Fréha, le chef de brigade m’a conseillé vivement de ne pas citer leurs noms.» Depuis, la justice ne s’est jamais auto-saisie de cette question! Notons enfin que ce phénomène des kidnappings a grandement sanctionné la wilaya de Tizi Ouzou. Depuis 2005, pas moins de 70 personnes ont été kidnappées. Les ravisseurs demandaient des rançons qui se chiffraient en milliards de centimes.
Le fléau a eu comme effet immédiat, la fuite de plusieurs investisseurs avec son corollaire, le chômage qui a atteint des records.
