Qui dit vrai?
Les événements en Libye n’auraient pas d’incidence directe sur les actes terroristes en Algérie.
La forte circulation d’armes au niveau de la bande frontalière algérienne à l’ombre de la crise conflictuelle en Libye a été qualifiée de «rumeur» par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Daho Ould Kablia. Il estime dans ce contexte: «Je pense que la rumeur disant qu’il y a des armes qui circuleraient en grand nombre au niveau des frontières, du fait de la crise libyenne, a été exagérée un peu.» Ces propos ont été prononcés en marge d’une réunion algéro-malienne sur les frontières. Il ajoute: «Nos frontières sont sécurisées et il existe très peu de chances que des armes de cette nature puissent être introduites dans notre pays.»
Les déclarations du ministre de l’Intérieur interviennent en contradiction avec les propos du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel, qui avait affirmé en début du mois de juin dernier que «des armes venues de Libye avaient été utilisées pour commettre des attentats en Algérie», relativement à la recrudescence des actes terroristes enregistrés ces derniers temps.
Et tout en rappelant la position de l’Algérie quant à la crise en Libye et sa volonté de ne pas interférer dans l’actuel conflit, le ministre avertit: «Tout ce que dit le CNT (Conseil national de transition) sur l’Algérie se retournera probablement contre lui», pour répondre aux accusations infondées dudit CNT, faisant état de l’implication de l’Algérie dans l’acheminement de mercenaires vers la Libye. Ceci dit, la rencontre qui se tient à Alger et à laquelle assistait le ministre de l’Intérieur, s’inscrit dans un cadre particulier relatif au «rôle primordial» aussi bien du Mali et de l’Algérie pour garantir la stabilité dans la région du Sahel.
«Le redéploiement du terrorisme vers la sous-région du Sahel, imbriqué à la criminalité transnationale organisée, exhorte le Mali et l’Algérie à jouer «un rôle primordial» pour garantir la sécurité de la région frontalière», a indiqué lundi le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, à l’ouverture des travaux de la 11e session du Comité bilatéral frontalier algéro-malien. Il appelle les deux pays à jouer ce rôle, pour la prospérité des deux peuples, en particulier dans la région frontalière. Par ailleurs, il revient dans ce même contexte sur les difficultés politiques et la situation d’instabilité tragique que connaît la Libye, qui incitent, selon lui, à faire preuve de plus de vigilance, plus de concertation, plus de sacrifices, plus de solidarité et plus de coopération, pour prévenir la montée de l’insécurité et de la menace à la stabilité des Etats de la sous-région, «plus particulièrement avec la prolifération inquiétante d’armes de toutes sortes».
A ce sujet, il revient sur les efforts consentis par l’Algérie pour une prise en charge volontaire, dynamique et courageuse de cette question par les pays de la sous-région, dans le cadre du droit international et du respect de la souveraineté des Etats.
La première initiative selon lui «commence à donner ses fruits, avec la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint, à Tamanrasset, par les pays du champ (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie)». Il confirme à ce titre que «cette initiative qui a été renforcée par une meilleure coordination en matière de renseignements, ne manquera pas de donner des résultats positifs à la mesure des aspirations des populations de nos deux pays à la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité», et d’ajouter: «Les objectifs fondamentaux de cette coopération frontalière résident dans la promotion du développement et de la sécurité des zones frontalières, et que le développement et la sécurité étaient deux domaines indissociables».
C’est justement dans cette perspective que se tient la 11e session du Comité bilatéral frontalier algéro-malien. En effet, «les deux pays doivent répondre aux questions qui freinent les élans de développement durable dans leur espace frontalier», déclare à son tour le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales du Mali, M. Kafougouna Koné. Et d’estimer que «les deux pays doivent poursuivre l’effort déjà entamé pour répondre aux questions majeures persistantes qui freinent les élans de développement durable dans l’espace frontalier commun aux deux pays.» Et ajoute lors de son intervention que «les travaux actuels devront être empreints d’une forte volonté de dynamiser et d’intensifier les relations de confiance entre les deux pays, de structurer et de consolider au mieux leur cadre de coopération, et de faire avancer les grands projets structurants pour les économies du Mali et de l’Algérie».