Circulation des armes au Sahel et inquiétude internationale,Alger sous les projecteurs

Circulation des armes au Sahel et inquiétude internationale,Alger sous les projecteurs
circulation-des-armes-au-sahel-et-inquietude-internationalealger-sous-les-projecteurs.jpg

Le Sahel est devenu une zone à hauts risques

«il est important pour nous de comprendre la position de l’Algérie concernant ce qui se passe dans la région.»

Alger abritera à partir de demain la 5e réunion des points focaux du Caert (Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme). Cette réunion qui intervient dans un contexte crucial relativement aux bouleversements que connaît la région, verra justement la participation de tous les points focaux nationaux et régionaux du centre, a-t-on précisé dans un communiqué adressé à notre rédaction, sur lequel on pouvait lire également qu’à l’ordre du jour la réunion portera sur l’état d’avancement dans l’application du Plan d’activités stratégiques adopté par le Caert pour la période 2010-2013 et le rapport du président de la Commission de l’UA sur l’état de la coopération antiterroriste en Afrique.

Les participants examineront, par la même occasion, les futures activités du Caert sur les suites à donner aux efforts déployés par l’UA en matière de lutte contre le terrorisme, ainsi que les récents événements et leurs conséquences sur la sécurité en Afrique. Il est à souligner entre autre que la réunion se présente comme une excellente opportunité pour tous les points focaux de mener des pourparlers sur la situation, en mettant en exergue les menaces terroristes en Afrique, en particulier en ce qui concerne celle qui s’annonce incontournable: la circulation des armes lourdes.

D’ailleurs, l’ONU a exprimé sa préoccupation face à cette menace qui va au-delà des frontières libyennes. C’est à ce titre que M.Ian Martin, représentant spécial pour la Libye à l’ONU, est intervenu devant le Conseil de sécurité onusien, affirmant que «l’arsenal de systèmes de missiles anti-aériens portables à dos d’homme dont dispose la Libye, a été largement pillé, comme par ailleurs les stocks de munitions et de mines en tout genre». Il a relevé lors de son intervention que «cette prolifération d’armes au-delà des frontières libyennes demeure une source de préoccupation majeure pour les pays voisins». Sur sa lancée l’intervenant précisera que «les premières restitutions d’armes opérées jusqu’à présent sont symboliques et limitées». Sur cette menace grandissante désormais, l’Algérie avait à chaque occasion averti sans réserve l’opinion nationale et internationale. Ses appels multiples étant restés vains, les pays d’Afrique sont contraints à présent de s’engager dans une stratégie unifiée et un plan sécuritaire commun pour faire face à la prolifération des armes. Or le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin jeudi dernier au mandat de l’Otan, (résolution 1973) dont l’intervention, à l’initiative de la France, suivie par la Grande-Bretagne, en territoire libyen est à l’origine du vol sur une grande échelle de l’armement devenu propriété d’Al Qaîda au Maghreb. C’est sur cet axe que portera aussi la réunion d’Alger et, notamment sur la situation postguerre en Libye. A ce propos et dans un entretien exclusivement accordé à L’Expression, le général Robin Searby, conseiller du Premier ministre britannique pour la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et au Sahel revient largement sur la question sécuritaire dans la région, qualifiant les relations algéro-britanniques dans le domaine d’excellentes. Présent à Alger les 24 et 25 du mois en cours pour assister à la rencontre annuelle des deux pays sur la lutte antiterroriste, l’hôte d’Alger déclarait mercredi dernier, lors d’une conférence de presse, que les autorités britanniques partageaient les inquiétudes des pays du Sahel quant à la circulation incontrôlée des armes dans cette région. Il souligne: «Nous sommes, autant que les pays du Sahel, inquiets de la circulation incontrôlée des armes qui met en péril la stabilité de toute la région et nous devons agir ensemble pour connaître l’origine de ces armes et parvenir à les détruire.» Le général Robin Searby a prôné une coopération bilatérale et régionale pour faire face efficacement à cette menace, en intensifiant des actions concertées, soulignant que «le Royaume-Uni peut aider les pays de la région par son expertise et en leur fournissant une assistance technique plus soutenue». Pour leur part, les Etats-Unis d’Amérique avaient, lundi dernier, exprimé leur souhait de renforcer leur coopération avec l’Algérie pour lutter contre le trafic d’armes par le biais de l’envoyé spécial de la Maison- Blanche, Jeffrey Feltman, le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient et d’Afrique du Nord, arrivé en début de semaine à Alger. Celui-ci a déclaré à ce sujet, lors d’un point de presse que «la question de la criminalité frontalière a été la priorité dans les entretiens que j’ai eus avec les responsables algériens, dont Mourad Medelci et le président Abdelaziz Bouteflika. Les Etats-Unis comprennent que l’Algérie trouve qu’il est dans son intérêt de voir une transition en Libye qui réussisse et qui soit crédible et solide». Il ajoutera qu’«il est important pour nous de comprendre la position de l’Algérie concernant ce qui se passe dans la région et comment l’Algérie envisage la meilleure façon de la situation qui prévaut», faisant implicitement référence aux relations difficiles entre Alger et le Conseil national de transition (CNT) désormais au pouvoir en Libye.