La circoncision, du latin circumcisio “couper autour”, désigne dans sa forme répandue l’ablation totale du prépuce, laissant ainsi le gland du pénis à découvert.
Elle est pratiquée dans l’ensemble des pays musulmans. Le prépuce est un repli mobile de la peau et de la muqueuse coulissant et non roulant qui couvre plus ou moins le gland du pénis. La prépucectomie est un acte chirurgical qui a son indication lorsqu’il y a une pathologie du prépuce, à savoir un phymosis ou une anomalie du prépuce, voire une pathologie dermatologique.
Tout acte chirurgical du plus petit au plus grand à ses risques, donc il n’y a pas de risque zéro. Des incidents, des accidents et des complications peuvent survenir : hémorragies, infections, problèmes anesthésiques, etc.
La pratique de la chirurgie à ses conditions : une asepsie rigoureuse, un matériel stérile, un bloc opératoire, un anesthésiste, un chirurgien et surtout un diagnostic précis et un bilan préopératoire, notamment un bilan sanguin à la recherche d’une contre-indication relative ou formelle de l’acte opératoire. Pour la circoncision, on éliminera une hémophilie (anomalie constitutionnelle de la coagulation sanguine en rapport avec un déficit d’un des facteurs de la coagulation).
Il ne faut plus jamais utiliser ce mot “bricola” en parlant de circoncision, parce que l’avenir, voire la vie des enfants circoncis dépendra d’un geste au bistouri, que celui-ci soit mal fait et la tragédie s’abattra sur l’enfant et sa famille.
La circoncision étant un acte religieux, elle doit être faite dans des conditions idéales par des mains expertes maîtrisant l’acte chirurgical.
En Algérie, il est de tradition de circoncire les petits garçons la nuit du 27e jour de Ramadhan. Cette nuit, appelée nuit du Destin, est choisie par beaucoup d’Algériens pour fêter comme il se doit cette recommandation de notre prophète Mohammed, que le salut soit sur lui.
Le problème est que tout le monde veut circoncire ses enfants à cette date, ce qui va créer un rush vers les structures hospitalières durant la dernière semaine de Ramadhan pour que l’enfant soit guéri et prêt pour la grande nuit du Destin en ayant sur lui sa gandoura, sa chéchia et le henné dans ses mains pour recevoir beaucoup de cadeaux.
Néanmoins, cet acte chirurgical n’est pas accompli avec soin par les médecins qui seront dépassés par le nombre d’enfants à circoncire, par les pleurs de ces derniers, leur agitation, les problèmes de décollement du prépuce, etc.
Le plus souvent, les médecins demandent aux proches de l’enfant (père, oncle, voisin) de les aider en maintenant l’enfant de force, ce qui va accentuer la peur de l’enfant et son agitation. Cette situation va gêner considérablement le chirurgien dans son acte opératoire, car après avoir coupé le prépuce, il faut arrêter le saignement coûte que coûte (ligature de l’artère du frein).
Parfois, l’enfant, découragé, résigné et fatigué se met à insulter le médecin, et d’autres fois c’est l’un des parents ne supportant pas la vue du sang qui s’évanouit. Que d’histoires !!!
Alors imaginons 25 à 30 enfants en train d’attendre dans une salle leur tour en entendant les pleurs et les cris des premiers garçons choisis pour la circoncision, ajouter à cela la chaleur suffocante, la fatigue du médecin, le matériel non stérilisé après des usages successifs, et c’est la porte grande ouverte aux incidents, accidents, voire complications (hémorragies, blessure du gland…) d’un acte souvent perçu par certains médecins comme un acte qui ne nécessite pas forcément une grande attention, le plus souvent à tort. C’est pour cette raison que l’opération ne sera toujours pas accomplie avec soin, surtout lorsqu’il s’agit de circoncisions collectives où, pour aller vite, les médecins utilisent le bistouri chaud, pratique très dangereuse. Il faut toujours avoir à l’esprit le drame survenu en 2005 à El-Khroub où la mairie avait organisée une circoncision collective qui a fait malheureusement neuf victimes, la plupart ont perdu leur verge. Malgré toutes les recommandations, certains parents venant de milieux défavorisés s’orientent vers des associations ou des bienfaiteurs qui organisent des circoncisions collectives et prennent en charge les frais engendrés par cette opération.
C’est vrai que l’initiative est louable de la part de ces bienfaiteurs, c’est vrai que les gens défavorisés sont aidés, mais si on compare le pour et le contre des circoncisions collectives, le contre l’emporterait haut la main. C’est pour cela qu’il est recommandé de pratiquer la circoncision chirurgicale tout au long de l’année au lieu de la limiter à cette seule nuit sacrée, où il faut savoir que lors des circoncisions collectives le même matériel non stérilisé sera utilisé plusieurs fois, hormis la lame de bistouri et les gants qui seront changés à chaque fois. Parfois, pour aller vite, vu le nombre important d’enfants à circoncire, on utilise le bistouri chaud. Pratique qu’il faut interdire, car elle est à l’origine de plusieurs catastrophes.
En conclusion, on peut circoncire son enfant chaque jour de l’année en prenant le soin de le faire examiner par un médecin qui demandera un bilan sanguin, et l’acte chirurgical sera fait par un chirurgien dans un bloc opératoire qui prendra toutes les précautions nécessaires pour que la fête soit complète.
Dr B. A-K