Cinq heures dans les commissariats d’Alger pour commémorer la révolte du 5 octobre 1988

Cinq heures dans les commissariats d’Alger pour commémorer la révolte du 5 octobre 1988
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Après cinq heures de garde-à-vue, une vingtaine de militants du RAJ (Rassemblement Actions Jeunes) et autres participants au sit-in de célébration du 5 octobre 1988, ont été relâchés vers 16H. Auparavant, ils ont été séquestrés dans plusieurs commissariats d’Alger. Hakim Addad, ancien secrétaire général du RAJ et actuel secrétaire national au FFS (Front des Forces socialistes), fait parti des personnes appréhendées. Quelques instants après sa libération, il s’est confié à DNA. Entretien express.

DNA : Le Rassemblement Actions Jeunes (RAJ) a appelé ce mercredi 5 octobre à un sit-in de commémoration des événements 5 octobre 88. Finalement, la police a intervenu, en opérant des arrestations parmi les militants? Peut-on savoir les circonstances ?

Hakim Addad : Les agents de la police ont intervenu avant le début même de la commémoration, prévue à la place Square Port Saïd vers 12H30. Une heure auparavant, j’ai été appréhendé par des policiers puis embarqué, avec un ami, dans un commissariat. Le président de l’association, Abdelouahab Fersaoui, accompagné de deux militants du RAJ, a subi le même sort. Au total, les policiers ont procédé à une vingtaine d’arrestations.

Que s’est passé par la suite ?

LG Algérie

Les personnes arrêtées ont été placées dans différents commissariats de la capitale. Dans l’après midi, les militants de RAJ ont été acheminés vers d’autres commissariats de Bab El Oued. Je trouve que c’est un sacré clin d’œil pour la révolte du 5 octobre que nous nous retrouvions dans des commissariats de ce quartier populaire d’où avaient démarré les événements du 5 octobre 1988. Ceci dit, ces interpellations n’ont pas empêché les autres membres du RAJ de tenir le rassemblement prévu comme il se doit.

Et à l’intérieur du commissariat…

Les policiers ont établi des procès verbaux ordinaires avec des questions stupides. Les flics nous ont interrogés sur les raisons de cette célébration et ce que nous comptions faire.

Quelle a été l’attitude de la police ?

Excepté une privation de notre liberté pendant 5 heures, le reste s’est bien déroulé, c’est-à-dire le comportement de la police a été correct. Cela dit, ils n’ont pas le droit d’interpeller par suspicion des citoyens et de les garder pendant des heures sans qu’officiellement nous sachions les raisons.

Pensez vous qu’il pourrait y avoir des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes arrêtés ?

Il faut demander au parquet ou au général Hamel (patron de la DGSN, Ndlr). Je ne peux pas vous le dire.

Les manifestations organisées par le RAJ sont systématiquement frappées d’interdit, voire même réprimées à Alger…

On prend les mêmes et on recommence. Les mêmes pratiques continuent toujours. Pour nous, les raisons invoquées par les policiers justifiant l’arrestation de citoyens pacifiques, entre autre la préservation de la sécurité, sont irrecevables. Les autorités policières continuent de harceler sans relâche les citoyens qui veulent manifester pacifiquement.

Ce qui s’est passé aujourd’hui démontre pour la énième fois la manière avec laquelle les hautes autorités politiques et « autres » voient les révolutions dans les pays arabe et comment elles continuent à traiter la population algérienne. Cela nous ne étonne en rien. Nous sommes habitués à ce genre de pratiques. Il n y a que ceux qui croient au Père noël qui pensent que le pouvoir allait tolérer les manifestations, particulièrement cette année.