L’élevage et l’abattage clandestins de poulets ont pris des proportions alarmantes à Mers El-Kébir, localité connue pour être l’une des principales sources d’approvisionnement en viandes blanches de tout le marché oranais.
Les hangars et autres locaux de fortune qui tiennent lieu d’élevages et d’abattoirs de poulets de chair, poussent comme des champignons dans le versant coincé entre les deux vallées de Dada Youm (ex-Sainte Clotide) et du lieu-dit Aïn Khedidja, côté mont de Mers El-Kébir.
Selon des indiscrétions, confirmées d’ailleurs par un comptage sur le terrain fait par une source crédible, il y aurait sur le territoire de la commune de Mers El-Kébir pas moins de 25 points où l’on pratique, régulièrement et de manière sédentaire, l’abattage clandestin des poulets destinés au marché local. Et à quelques rares exceptions près, ces pseudo aviculteurs ne sont jamais ou peu inquiétés, malgré les signes ostentatoires de leur activité autant informelle que nuisible.
Outre la viande non contrôlée par un vétérinaire -et donc interdite à la consommation sur le plan légal- issue de ces abattoirs, l’impact sur l’environnement de cette activité «souterraine» a atteint le voyant rouge.
En effet, faute d’incinérateur comme l’exige la réglementation relative à l’abattage de volaille, les ordures générées par l’activité comme les déchets organiques résultant de l’éviscération des poulets, les cadavres des poussins, les restes d’aliments de volaille et autres produits biochimiques, sont jetées en pleine nature, le plus souvent en rase campagne sur la bordure même de la route qui serpente dans la montagne en reliant le petit village de Sainte-Clotide au fort de Santa Cruz, l’une des bifurcations du CW.44 qui débouche sur la Corniche supérieure.
Outre le fait que ces dépotoirs sauvages dégagent une odeur pestilente qui rend l’air quasi irrespirable pour les riverains et les passants, ces décharges représentent un danger pour la santé des habitants en raison du risque de transmission de maladies via les chiens errants, les moutons et autres vaches qui s’y nourrissent ainsi que la contiguïté de ces dépôts d’ordures avec les nappes phréatiques et les puits d’où s’approvisionnent en eau une bonne partie de ses habitants, des fermiers pour la plupart.
Ceci dit, cela ne veut pas dire pour autant que les autorités ferment l’œil sur ces infractions, puisque les services combinés de DCP/Gendarmerie nationale opèrent souvent des opérations coup-de-poing contre ces abattoirs informels.
Des opérations qui se soldent par des saisies de matériel et de marchandise assorties de poursuites en justice pour exercice d’activité agricole sans registre de commerce ni agrément des services vétérinaires relevant de la DSA.
De son côté, l’APC de Mers El-Kébir, par la voie du responsable du service d’hygiène, nous a affirmé que «la commune va ester en justice cinq éleveurs clandestins après les avoir mis en demeure à deux reprises», précisant que «les mis en cause exercent cette activité au niveau de Haï Dada Youm (ex-Sainte-Clotide), Haï Hansali (ex-Longs-Champs) et le lieu-dit Aïn Khedidja, et ce, sans aucun document et au mépris total des règles d’hygiène et sans aucun savoir-faire en aviculture.»
Et le même responsable de souligner: «nos services comptent sur l’effet dissuasif et l’impact de la sanction qui sera infligée par le tribunal aux cinq mis en cause sur les autres éleveurs récalcitrants.»
Loudani Mehdi