Des étudiants algériens ont réclamé lundi au président Abdelaziz Bouteflika une « réforme profonde » du cursus universitaire dans une lettre dénonçant notamment « une dégradation de la qualité de la formation » et l’absence de « cohérence dans les programmes ». La mobilisation de la communauté universitaire pour exiger une vraie réforme sonne comme un désaveu cinglant pour le président algérien.
Une soixantaine de délégués d’étudiants de plusieurs universités d’Algérie avaient organisé un sit-in devant le siège de la présidence pour protester contre les conditions actuelles régissant le système universitaire. Ce sit-in a été organisé parallèlement à une série de réunions dans différentes universités du pays.
A Alger, une délégation de cinq étudiants a ensuite remis une lettre à la présidence adressée au chef de l’Etat, selon l’APS.
Ammar, un délégué de l’Université de Boumerdès (60 km à l’est d’Alger), a indiqué à l’APS que ses camarades réclamaient « une évaluation de l’ensemble des réformes opérées ces dernières années en vue d’aller vers une université qui soit au diapason des exigences du développement du pays ».
Dans la lettre adressée à M. Bouteflika, les étudiants dénoncent « une dégradation de la qualité de formation », une « absence de cohérence » dans les programmes. Ils évoquent aussi « un manque d’évaluation pédagogique de l’enseignement supérieur et des réformes induites, les mouvements de contestations qui deviennent récurrents et la dégradation du cadre socio-pédagogique ».
Outre une solution à ces problèmes, ils réclament une « évaluation » de toutes les réformes entreprises dans l’enseignement supérieur, des moyens pédagogiques adéquats pour les universités censées répondre aux besoins de développement du pays.
Cette fronde des étudiants algériens constitue un désaveu cinglant à la politique menée par les autorités algériennes concernant l’enseignement supérieur. Le 19 mars 2008, le président algérien s’était encore une fois exprimé sur les réformes mises en place pour l’université.
« Notre objectif à travers ces réformes engagées depuis plus de trois ans, avait-il déclaré, est d’ouvrir grand la voie à l’étudiant pour qu’il puisse choisir la formation qui s’adapte le mieux à ses aptitudes et qui corresponde à ses ambitions professionnelles (…) Cette réforme se propose de « conforter la vocation culturelle de l’université à travers la promotion des valeurs universelles de tolérance, de respect de l’autre, de rejet de l’extrémisme et de la violence ainsi que par la propagation de la culture du dialogue et de l’ouverture
Trois ans après ce discours, les étudiants lui demandent de revoir sa copie de fond en comble.
Depuis le mois de décembre 2010, les campus universitaires ont allumé une vive protesta pour dénoncer non seulement un décret présidentiel promulgué en décembre 2010 et abrogé en février 2011 mais également la faillite du système universitaire algérien.
Grèves, rassemblements, marches, la majorité des universités du pays ont connu d’importantes perturbations depuis deux mois.
Les enseignants ne sont pas en reste. Outre le soutien apporté aux revendications des étudiants, les enseignants réclament désormais la tenue des états généraux de l’université algérienne.
Selon l’universitaire Farid Cherbal, l’université algérienne comptabilise aujourd’hui plus de 1,5 million d’étudiants, 72 établissements universitaires,12 écoles préparatoires et 44 000 enseignants du supérieur.