L’année 2010 aura été une année plutôt positive pour le cinéma algérien avec dix-sept distinctions internationales, la production de dix courts-métrages et l’adoption d’une loi sur la cinématographie.
Talon d’Achille du cinéma en Algérie, de l’avis de tous les professionnels du secteur, le manque criard de salles de projection commence, quant à lui, à se résorber et l’année qui s’achève aura vu une certaine accélération des travaux de réfection d’un nombre notable de salles sombres dans tout le pays et dans la capitale en particulier. Les distinctions, obtenues dans différents rendez-vous cinématographiques internationaux parfois prestigieux, ont concerné onze courts-métrages, trois longs-métrages et une comédie musicale.
Le court-métrage « Garagouz » d’Abennour Zahzah, produit en septembre 2010, a décroché à lui seul cinq distinctions: deux prix au festival d’Aix en Provence en France (le Prix du public et le Prix du jury jeune), Prix du public du Midi Libre à la 32e édition du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (France), Prix d’Aguillar de Compoo en Espagne et le Prix du Jury au 7e festival international du film de Dubaï (EAU).
« Le dernier passager » de Mounes Khemmar a reçu, quant à lui, la Perle noire au Festival international du film d’Abu Dhabi. « Le Jinn », un court-métrage d’une vingtaine de minutes de la jeune réalisatrice Yasmine Chouikh, a remporté le prix de la fédération des critiques du cinéma russe au festival international du film islamique de Kazan (République de Tatarstan).
Toujours dans la catégorie court métrage, « On ne mourra pas » d’Amel Kateb a raflé deux prix et une mention spéciale dans 3 manifestations. Il s’agit du prix de la meilleure réalisation au festival du film romantique de Cabourg (France), le prix d’excellence Università di Corsica aux Nuits méditerranéennes du court-métrage (Corse), ainsi qu’une mention spéciale du jeune public au Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier (France).
Le court-métrage « Sektou » de Khaled Benaissa, distingué une dizaine de fois dans des festivals internationaux en 2009, le Fespaco notamment, a continué à briller en 2010, décrochant le prix du meilleur court-métrage au festival Panafrica international de Montréal (Canada). Yanis Koussim a été distingué en Suisse pour son court métrage « Khouya », remportant le Prix du jury Cinéma e Giobertite (cinéma et jeunesse) au festival du film de Locarno. Dans la catégorie long-métrage, quatre œuvres ont été primées, à savoir « Hors la loi », « Voyage à Alger », « Es-Saha » et « Taxiphone ».
Le film controversé du réalisateur algéro-français Rachid Bouchareb « Hors la loi » a remporté le grand prix du 18e Festival international du cinéma de Damas et le prix du meilleur film arabe. La première comédie musicale algérienne, Es Saha (La place) de Dahmane Ouzid, a remporté le prix de la meilleure musique au festival de Montpellier. Un groupe d’illustres compositeurs ont travaillé sur les musiques du film, tels que Safi Boutella et Cheikh Sidi Bémol.
« Voyage à Alger » de son réalisateur Abdelkrim Bahloul, a raflé deux prix aux journées cinématographiques de Carthage, à savoir le Tanit d’argent et le Prix du public. « Taxiphone » tourné dans la région de Taghit, relatant l’histoire d’un couple suisse qui traverse le désert en camion, a décroché le Grand prix du public au dernier Festival du cinéma d’Izola en Slovénie.
En matière de production, le FDATIC (Fonds d’aide aux techniques et à l’industrie cinématographiques) a financé la production de 10 courts-métrages, dont « Le dernier passager », « Le Jinn », « Dehia » d’Omar Belkacem, « Ahmed » de Mourad Zidi, « La maison des vieux » de Yahia Mouzahem. Sur le plan législatif, le projet de loi sur la cinématographie a été adopté ces derniers jours, même s’il n’a pas fait l’unanimité sur son réel apport à ce secteur névralgique.
Si la ministre de la Culture, Khalida Toumi, considère le nouveau texte de loi comme une base législative pour la relance du secteur, certains élus ayant participé aux débats sur le projet de loi, ainsi qu’une partie des cinéastes, considèrent, en faisant référence notamment à l’article 5, que cette loi limite la liberté d’expression et de création. L’article en question subordonne la production des films sur la guerre de libération nationale et ses symboles à « l’accord préalable du gouvernement ». Pendant l’année qui s’achève, le 7e art algérien a enfin eu son lot de disparitions célèbres avec le décès de deux figures emblématiques du cinéma national, les regrettés Larbi Zekal et Keltoum.