L’Algérie pleure l’un de ses géants du septième art. Mohammed Lakhdar-Hamina, cinéaste, scénariste et producteur légendaire, est décédé ce vendredi 24 mai 2025, à son domicile d’Alger, à l’âge de 95 ans. Son nom restera à jamais gravé dans l’histoire de la culture mondiale comme celui du premier – et à ce jour, unique – réalisateur arabe et africain à avoir remporté la Palme d’or du Festival de Cannes, en 1975, pour son chef-d’œuvre « Chronique des années de braise » (وقائع سنين الجمر).
Né le 26 février 1930 à M’sila, Lakhdar-Hamina a fait ses débuts dans le cinéma durant la guerre de libération nationale, utilisant la caméra comme une arme pour témoigner de la souffrance du peuple algérien sous le joug colonial. Après l’indépendance, il joua un rôle fondamental dans la fondation du cinéma algérien moderne. Il contribua à l’émergence d’une industrie cinématographique nationale, profondément engagée et ancrée dans l’histoire de la libération.
🟢À LIRE AUSSI : Bilel Bellahcene, 1er algérien à avoir remporté un titre en jeux d’échecs et rentre dans l’histoire
Le réalisateur Mohammed Lakhdar-Hamina
Une œuvre majeure et internationalement reconnue
Parmi ses films les plus marquants figurent « Le Vent des Aurès » (1966), premier long-métrage algérien présenté à Cannes et couronné du Prix de la première œuvre, « Chronique des années de braise » (1975), « Rih al-Raml » (1982) et « Les Dernières Images » (1986). Ses récits mêlaient poésie visuelle, dimension historique et réflexion politique, offrant une voix puissante au tiers-monde et aux causes postcoloniales.
La singularité de son regard et la force de sa narration ont été saluées sur les plus grandes scènes internationales. Il a participé à la compétition cannoise à quatre reprises, un exploit rare pour un réalisateur africain.
Hommages nationaux et internationaux
Dans un message de condoléances émouvant, le président Abdelmadjid Tebboune a salué la mémoire d’un « géant du cinéma mondial », rappelant que « sa Palme d’or, remportée à Cannes il y a tout juste 50 ans, avait révélé au monde les souffrances du peuple algérien sous la colonisation ». Il a également rendu hommage à son engagement de moudjahid et à son rôle dans la transmission des idéaux de la Révolution à travers le cinéma.
Cette année, le Festival de Cannes lui avait d’ailleurs rendu un hommage particulier en projetant une version restaurée en 4K de « Chronique des années de braise » dans la section Cannes Classics, comme un ultime clin d’œil à une œuvre intemporelle.
🟢À LIRE AUSSI : Une patineuse algérienne émeut le public canadien avec un message fort pour la Palestine
Un monument s’éteint, mais son héritage reste
Mohammed Lakhdar-Hamina s’est imposé comme un pont entre le Sud et l’Occident, une figure universelle du cinéma engagé. « Il fut l’un des derniers maîtres du cinéma épique et lyrique », a rappelé sa famille dans un communiqué, évoquant une perte immense pour la culture mondiale.
Le cinéaste sera inhumé ce samedi 25 mai au cimetière de Sidi Yahia à Alger, après la prière d’Asr.