Cimenteries en grève à travers le pays,Comment la mafia fait son beurre

Cimenteries en grève à travers le pays,Comment la mafia fait son beurre

Pour les entrepreneurs, le problème n’est pas dans l’offre, mais dans une régulation qui ne fonctionne pas

La suspension de la production de ciment crée une pénurie qui encourage le marché informel.

La guerre du ciment se poursuit… La chute de l’économie algérienne aussi! Voilà où nous en sommes! Plusieurs cimenteries sont à l’arrêt en Algérie. Conséquence: place aux importations.

Cela fait quatre jours maintenant que plusieurs cimenteries à travers le territoire national sont à l’arrêt. C’est le cas de la cimenterie Lafarge de Hammam Dhalaâ (M’sila), qui est à l’arrêt depuis quatre jours maintenant. Cet arrêt qui est dû à une grève des travailleurs, a provoqué «une raréfaction du ciment sur le marché local et national avec pour conséquence une augmentation des prix», a indiqué, avant-hier, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI-Hodna), Mouhia Boudissa..

«De plus, les opérateurs qui ont procédé à des versements sur le compte de la cimenterie en attendant d’être approvisionnés voient aujourd’hui leur argent bloqué», a ajouté M.Boudissa qui estime à «des milliards les pertes quotidiennes» causées à ces opérateurs.

Le président de la CCI-Hodna a évalué, en outre, le déficit sur le marché des ciments à près de 160.000 tonnes représentant la production de cette cimenterie pendant 10 jours. M.Boudissa a appelé les représentants des travailleurs et l’administration de l’usine à trouver une «solution consensuelle» qui éviterait des préjudices encore plus importants et «préserverait la réputation du pays en matière d’investissements étrangers».

Pareil à Mascara, la cimenterie du groupe Lafarge Algérie, à Oggaz (dans la wilaya de Mascara), est traversée depuis plus de dix jours par un mouvement de protestation entamé par les travailleurs pour protester contre la déliquescence de leur situation socioprofessionnelle. Ils étaient quelque 800 travailleurs à avoir répondu au mot d’ordre de la grève en bloquant l’accès de l’entreprise.

A l’origine de cette grève, la réduction du bonus annuel, une prime que les travailleurs perçoivent chaque année pour objectif atteint. «Cette prime est réduite chaque année alors que l’entreprise atteint ses objectifs. Donc, il n’y a pas de raison pour nous réduire ce bonus!», tiennent à préciser les travailleurs.

Aussi, ils dénoncent, «les licenciements abusifs et la pression exercée sur les ouvriers avec une charge d’horaire dépassant tout entendement». A Aïn Témouchent, les employés d’une société privée dénommée Emic, partenaire sous-traitant de la cimenterie de Béni Saf (Scibs), ont lancé un mouvement de grève depuis 10 jours. C’est la même revendication qui revient là aussi. Les travailleurs réclament une meilleure couverture sociale et l’amélioration de leurs conditions de travail.

Actuellement, les entrepreneurs du bâtiment sont sous pression. Le gouvernement doit réagir dans l’immédiat car la pénurie de ciment risque de provoquer une vraie paralysie des chantiers.

La suspension de la production de ciment a créé une pénurie qui encourage le marché informel et depuis, la spéculation ne s’estompera jamais.

La solution passe par une commission de contrôle au niveau du ministère du Commerce qui veillera sur la distribution du produit. Pour les entrepreneurs, le problème n’est pas dans l’offre, mais dans une régulation qui ne fonctionne pas.

Malheureusement, au lieu de s’attaquer aux ventes informelles, le gouvernement comme d’habitude, agit sur l’offre en important du ciment pour faire face à la grande spéculation. Enfin, qu’attend l’Etat pour lutter contre la mafia du ciment?