Chute du prix du baril de pétrole, cherté de la vie et attentes politiques, Un hiver algérien

Chute du prix du baril de pétrole, cherté de la vie et attentes politiques, Un hiver algérien

La cherté de la vie a déjà touché les citoyens algériens avant même la venue de l’hiver

L’hiver a commencé hier avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises. Tous les problèmes des Algériens s’accumuleront durant cette période et des nuages lourds menacent l’Algérie sur le plan social, politique et économique.



A l’approche de la fin de l’année, le prix du baril de pétrole a chuté mettant en danger les réserves de change jalousement stockées durant ces quelques années d’aisance pétrolière. Cette chute libre du prix du baril de pétrole enregistrée depuis son pic de juin, résulte de la faible activité économique mondiale et de prévisions d’une offre très abondante en brut l’an prochain dans un marché déjà bien approvisionné en Chine et aux Etats-Unis. Pour des spécialistes, cette crise risque de se poursuivre durant tout l’hiver, ce qui aura une incidence indirecte sur la loi de finances algérienne de 2015, qui sera signée le 31 décembre 2014. Le gouvernement est appelé à faire des économies dans ses dépenses budgétaires et probablement revoir ses prévisions pour le plan quinquennal 2015-2019. Comme tous les pays en Europe, l’hiver est une saison difficile où il faudrait faire des économies pour les prochaines saisons. La cherté de la vie a déjà touché les citoyens algériens avant même la venue de l’hiver. La hausse des prix de la pomme de terre et des viandes blanches, considérées comme les produits de consommation les plus achetés quotidiennement, a considérablement changé les habitudes alimentaires des Algériens qui se sont orientés vers des produits alimentaires les moins chers comme les pâtes et les légumes secs.

Ces hausses s’ajoutent à la consommation toujours en augmentation des produits de première nécessité comme le lait, le pain et surtout le carburant que le gouvernement subventionne avec des devises fortes.

LG Algérie

Depuis quelque temps, l’Etat s’est lancé dans une lutte implacable contre la contrebande à la frontière Sud-Est et Sud-Ouest. Il ne se passe pas un jour où les éléments de l’Armée nationale populaire (ANP) stationnés aux frontières du sud du pays n’arrêtent pas des contrebandiers avec en leur possession des centaines de litres de carburant.

La semaine dernière 121 contrebandiers de différentes nationalités africaines ont été arrêtés, dans l’extrême Sud du pays, saisissant six véhicules, six motocyclettes, 2680 litres de carburant, des sommes d’argent en dinars algériens et trois téléphones satellitaires. L’Etat algérien qui avait jusque-là fermé un peu les yeux sur la fuite des matières premières et du carburant pour les pays du Grand Sud et vers les pays voisins devient implacable et récupère son produit subventionné chèrement payé. Même les cigarettes algériennes sont revendues dans les rues parisiennes de Barbès.

Le gouvernement qui fait face également à la crise aiguë du logement, reste intraitable dans la gestion du foncier. Après un silence prudent, le gouvernement a décidé de récupérer toutes les parcelles de terrain. La plus grande opération du Val d’Hydra où a été récupérée une importante parcelle de terrain et où étaient construits illégalement des centaines de magasins et de logements illégaux démontre une fermeté de l’Etat et un regain de l’autorité des collectivités locales pour la gestion efficace des terrains à construire.

Le gouvernement qui a accéléré la distribution des logements et qui a géré consciencieusement le programme Aadl essaye de régler cette demande toujours en hausse des Algériens, pour le logement.

Car à côté du logement, du marché quotidien il y a également l’emploi. A l’approche de l’hiver, plusieurs syndicats de l’éducation et de la santé menacent avec des grèves illimitées durant cette saison glaciale propice au repos et aux vacances. Et à chaque fois c’est le peuple et ses enfants qui payent pour la mauvaise gestion et la mauvaise politique de certains syndicats qui attendent toujours la saison des vaches maigres pour s’exprimer. L’hiver algérien sera plus douloureux si les lycéens et les collégiens seront empêchés de poursuivre normalement leurs études, menaçant une nouvelle fois leur parcours vers le bac ou le BEF.

D’autres revendications salariales sont en ébullition, celles des gardes communaux et des chômeurs dans le Sud. A côté de ces problèmes économiques et sociaux, il y a les problèmes politiques qui guettent l’Algérie. Après les tentatives de déstabilisation de l’opposition qui avait choisi de pactiser avec l’Union européenne dans une énième tentative pour changer le système, voilà que l’Assemblée est ébranlée par une revendication maladroite de hausse de salaires des parlementaires. Cette demande dénoncée par l’ensemble des partis politiques représentés à l’Assemblée témoigne du malaise qui règne dans la coupole de l’APN. Cette crise intervient au moment où les députés sont interpellés sur un vote important pour l’avenir de la nation: le vote pour la révision constitutionnelle.

Cette demande malhonnête a fortement secoué la classe politique et choqué les Algériens qui ont dénoncé cette revendication la qualifiant de chantage politique pour accéder à un changement significatif de la Constitution. Quoi qu’il en soit, l’hiver algérien sera moins froid que dans certains pays touchés par les révolutions arabes et d’autres qui ont été étouffés par la crise financière européenne, l’Algérie résiste toujours au choc en attendant des jours meilleurs à l’approche du printemps.