Chute des prix du pétrole, réforme scolaire, nouvelle constitution ;Une rentrée politique à haut risque

Chute des prix du pétrole, réforme scolaire, nouvelle constitution ;Une rentrée politique à haut risque

Septembre est quasiment à nos portes et on a l’impression que les hauts responsables de l’Etat en sont au même point que le citoyen moyen, gardant un oeil inquiet sur les cours du pétrole. Les décisions destinées à gérer au mieux la nouvelle donne financière, sont venues avec un certain retard.

Le mois de septembre arrive à grands pas. Dans trois semaines, les Algériens devront affronter une rentrée sociale et politique incertaine. Et pour cause, tous les indicateurs s’affolent et personne, le gouvernement en tête, ne peut contrôler le tableau de bord. Si tous les voyants ne sont pas encore au rouge, il est clair que les choses évoluent très vite, trop vite. Le principal indicateur qui marquera la rentrée est immanquablement le prix du pétrole sur le marché international. A quel niveau sera-t-il en septembre? Personne ne peut répondre à cette question présentement. En glissement continu depuis des mois, les cours peuvent accueillir le mois de la rentrée politique avec un niveau des prix à moins de 40 dollars le baril. Cette hypothèse n’est pas farfelue. L’imminence d’un autre grand choc pétrolier qui réduirait à néant toutes les ambitions de l’Exécutif est du domaine du probable.

De cette incertitude «lancinante» découlent forcément tous les autres événements attendus pour la prochaine rentrée. Le gouvernement étant quasi désarmé, il lui sera très difficile de faire face à ses engagements sociaux, sans recourir à la spirale de l’endettement ou écorcher certains privilèges, voire remettre en cause quelques fragiles équilibres. Faut-il rappeler que toutes les contradictions qui étaient mises sous le tapis des pétrodollars vont resurgir de plus bel, à mesure que l’Etat renonce à telle ou telle autre catégorie sociale. Il va sans dire que les plus pauvres ne seront pas les premiers touchés, mais il est des classes sociales «moyennes» qui ne comprendraient pas certaines coupes budgétaires nécessaires.

Les conflits sociaux verront le jour. C’est certain, estiment nombre d’observateurs qui prévoient même un «chamboulement» plus important que ce que l’on a déjà connu. L’argent qui «apaisait» les esprits n’est plus disponible. L’Exécutif doit faire sans. Le pourra-t-il? Difficile de répondre à cette question, mais les spécialistes notent que les décisions du gouvernement, destinées à gérer au mieux la nouvelle donne financière, sont venues avec un certain retard. La suspension de réalisation de projets qui ne sont pas encore lancés et autres pistes de réflexion pour revoir à la baisse le train de vie des Algériens n’ont pas assez mûri dans l’esprit et le discours de l’Etat. De fait, le gouvernement se voit rattrapé par une situation et risque d’en être submergé, perdant, de fait, toute marge de manoeuvre. Septembre est quasiment à nos portes et on a l’impression que les hauts responsables de l’Etat en sont au même point que le citoyen moyen, gardant un oeil inquiet sur les cours du pétrole.

La rentrée, c’est aussi les polémiques de l’Etat qui reprennent du poil de la bête. Celle de l’enseignement de la langue parlée n’est pas près de s’éteindre. Septembre, et notamment la rentrée scolaire, fournira un carburant aux détracteurs de la ministre de l’Education nationale qui aura à affronter une tempête de critiques de la part de syndicats qui l’attendent au tournant. Les hésitations des partis au pouvoir qui ne soutiennent pas Mme Benghebrit et l’acharnement de l’opposition islamiste électriseront un climat tendu. Les formations de l’opposition ne se feront pas prier face à un gouvernement fragilisé, puisque désargenté, pour monter au créneau et pointer du doigt toutes les insuffisances. Celles-ci ne manqueront certainement pas de se multiplier, puisque la «médication» financière ne sera pas au rendez-vous. La politique de rigueur, à chaque fois reportée, s’imposera en septembre. La valeur du dinar baissera, le pouvoir d’achat suivra la même courbe. Le choc des nouveaux prix des produits d’importation aggravera le malaise. Se poseront les vraies questions de savoir quelle politique à suivre pour soutenir les bas salaires, comment rationner l’essence et autres débats qui auraient dû être tranchés, il y a plusieurs mois. Et c’est dans ce contexte de grande incertitude que le dossier de la révision de la Constitution sera ouvert. L’opposition qui promet un débat véhément, se mobilise déjà, se mobilise en silence et va lancer une nouvelle offensive, dès que l’avant-projet sera rendu public. Dans le camp de l’opposition, les islamistes qui ont l’expérience des situations troubles, aidés par le louvoiement du pouvoir sur la question de la réforme de l’éducation et les chauds débats autour de la révision de la Constitution, feront de l’agit-prop, détournant l’opinion sur les thèmes qui sont chers. Les salafistes qui reviennent petit à petit dans les grandes villes du pays, profiteront du triple désavantage de la baisse des recettes pétrolières, de l’acharnement de l’opposition légale et de la faiblesse politique du pouvoir pour gagner des pans entiers de la société, au risque de faire revenir le pays à la case départ.