Chute brutale du prix du poulet en Algérie, la viande rouge reste hors de prix

Chute brutale du prix du poulet en Algérie, la viande rouge reste hors de prix

Le prix du poulet a subi une forte baisse en novembre. Une aubaine pour les consommateurs, qui trouvent un dérivé à la viande rouge, dont le prix reste trop élevé.

Le prix du poulet a de nouveau chuté en Algérie, repassant en novembre sous la barre des deux cent dinars le kilo (deux euros), après avoir dépassé les trois cent dinars à la fin de l’été. En quelques semaines, le poulet a ainsi perdu près de la moitié de son prix, relançant une consommation, qui a « connu une forte augmentation ces dernières années », a déclaré à Maghreb Emergent un commerçant opérant dans la Mitidja.

Au détail, le poulet est disponible entre 180 et 200 dinars le kilo. Dans certaines villes de l’intérieur, il se rapproche de 150 dinars. Dans le marché de gros, le prix du poulet est de 140 dinars, a indiqué ce commerçant, qui s’approvisionne aussi bien auprès de coopératives que de particuliers.

Cette baisse soudaine du prix du poulet confirme que le produit fait l’objet de variations cycliques, difficiles à maitriser. Une forte hausse avait été enregistrée durant l’été, elle-même précédée d’une baisse sans précédent au printemps. La hausse de l’été avait coïncidé, cette année, avec le Ramadhan, à cheval sur le mois de juillet et août, provoquant la grogne des consommateurs, qui se rabattent souvent sur le poulet pour pallier l’insuffisance de la viande rouge.

Le poulet, une alternative à la viande rouge

M. Aït-Abderrahmane Abdelaziz, directeur général de l’organisation au ministère du commerce, a déclaré en septembre que la hausse estivale du prix du poulet était due à deux facteurs : la hausse du prix des aliments de bétail et la baisse du prix du poulet observée au printemps. Les éleveurs, méfiants, avaient déjà perdu de l’argent au printemps, et ne voulaient pas prendre de risques supplémentaires en été, ce qui les a amenés, selon lui, à réduire la production. Un éleveur avance toutefois une autre explication. Selon lui, les éleveurs évitent l’été, en raison des risques que fait peser la chaleur sur le poulet, très fragile. Ils réduisent donc le risque, en réduisant la production.

Le gouvernement a, de son côté, fortement misé sur le poulet pour permettre aux couches moyennes et à faible revenu de contourner la difficulté d’acheter de la viande. Le gouvernement a notamment décidé, depuis trois ans, de supprimer la TVA sur les aliments du bétail, pour pousser les prix vers le bas. Cette mesure, maintenue la loi de finances 2014, devrait toutefois être supprimée dès le milieu de l’année prochaine, selon le directeur général des impôts, M. Abderrahmane Raouia.

La viande rouge hors de prix

Celui-ci a précisé que la loi maintient l’exonération de TVA jusqu’au 31 août seulement, pour la supprimer ensuite, au lendemain du Ramadhan. Un député a déclaré à Maghreb Emergent que cette formule a été adoptée pour « éviter une hausse des prix pendant le Ramadhan », et « rétablir ensuite, progressivement, les taxes de manière uniforme sur tous les produits d’une même catégorie ».

Le poulet revient près de cinq fois moins cher que la viande ovine ou bovine. Celle-ci reste stable, mais à un niveau de prix très élevé, au-dessus de mille dinars le kilo (dix euros). Malgré les importations et les encouragements à la production, la viande n’a pas connu de baisse, contrairement aux autres produits qui subissent des fluctuations, avec une tendance générale à la hausse.

Le gouvernement a aussi fortement encouragé l’importation de viande congelée, cédée entre 30% et 50% du prix de la viande fraiche. La viande importée ne s’est toutefois jamais imposée dans le modèle de consommation algérien.