CHU Mustapha Bacha : le constat alarmant d’un médecin de garde

CHU Mustapha Bacha : le constat alarmant d’un médecin de garde

La situation épidémiologique liée à l’épidémie du coronavirus en Algérie devient de plus en plus inquiétante. L’ensemble des spécialistes redoutent une situation encore pire en déplorant un relâchement total de la population quant aux mesures de prévention.

Au niveau des établissements hospitaliers de la capitale, le constat est unanime ; tous les services dédiés au coronavirus sont en saturation, les malades arrivent en grand nombre et la prise en charge est loin d’être appropriée. Ces structures manquent cruellement de moyens humains et matériels pour faire face à la forte demande.

Lors d’une visite que nous avons effectuée durant la journée d’hier samedi, au service Covid-19 de l’hôpital de Mustapha Bacha, nous avons constaté une situation qui dépasse largement les moyens de l’hôpital. Un médecin au service urgences Covid-19 au sein du même hôpital nous a livré son témoignage tout en appelant à intensifier les actions de sensibilisation auprès des citoyens.

D’emblée, il affirme que « tous les services sont au complet et nous constatons que la catégorie des plus jeune est de plus en plus touchée ». Pour étayer ses propos, il ajoute : « je viens tout juste de commencer mon service et je viens de voir 17 patients admis aux urgences, et ce, en l’espace seulement de 40 minutes ».

Une nouvelle vague plus contagieuse et plus virulente

Pour notre interlocuteur, « à ce rythme, même si l’on réquisitionne tous les hôpitaux de l’Algérie, ça ne suffira pas de contenir le flux important des malades ». Comme raison derrière cette situation, il déplore que « les gens ont carrément abandonné les gestes barrières et de prévention ; il y a ceux qui ne croient pas à l’existence du Covid-19, ceux qui ne se protègent pas … »

À titre de comparaison avec la deuxième vague, notre interlocuteur n’a pas hésité à dire que « celle que traverse le pays actuellement est beaucoup plus contagieuse et virulente que la précédente », d’autant « qu’il s’agit des variants qui sont à 60% plus contagieux que la souche initiale du virus ».

Pour ce qui est des moyens mis à la disposition des personnels sanitaires afin de faire face au rebond des contaminations, le médecin n’a pas passé par quatre chemins pour dire que les moyens matériels font cruellement défaut même en ce qui concerne leurs moyens de protection personnels. À peine sa garde de 16 heures entamée, il parait déjà épuisé et affirme : « comment voulez-vous avoir le moral, la force et l’énergie pour prendre en charge un malade ? ».

Nouvelles mesures d’hospitalisation

Il convient de rappeler que le Directeur de la Santé de la wilaya d’Alger a adressé une note à l’ensemble des établissements de santé, dans laquelle il instruit leurs responsables de ne plus accepter en hospitalisation que les cas jugés extrêmes.

« Les hôpitaux d’Alger sont instruits de ne plus admettre en hospitalisation des malades hormis les cas de Covid-19, exception faite aux cas d’extrême urgence », lit-on dans la note.

Au niveau du centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha à Alger, un état d’alerte maximal a été annoncé à compter du samedi 3 juillet 2021 pour cause de la hausse des cas de contaminations transférés au sein de ses services. Plusieurs services au sein de cette structure sanitaire seront affectés à la prise en charge des cas de contamination au coronavirus.

Propos recueillis par Massin Amrouni