CHU Ibn-Badis de Constantine : Relancer l’activité de la greffe rénale

CHU Ibn-Badis de Constantine : Relancer l’activité de la greffe rénale

Le directeur de cet établissement hospitalier affirme qu’un programme a été mis en place, indiquant qu’il est question de faire de ce CHU un centre national de prélèvement d’organes.

Pionnière en matière de greffe rénale, la clinique Daksi à Constantine peine toujours à redorer son blason perdu dès la fin 2015. Une léthargie qui pourrait, toutefois, connaître un épilogue heureux, puisque d’importantes réformes et restructurations qui toucheraient cet établissement hospitalier en particulier seraient prévues par le ministère de tutelle, à l’effet, justement d’y relancer la greffe rénale. Le directeur du CHU Ibn-Badis de Constantine, qui a pris part en début de semaine à une rencontre regroupant les responsables de wilaya de la santé et des directeurs de CHU au ministère de la Santé, affirme, à ce titre, qu’un programme a été mis en place pour relancer l’activité de la greffe rénale, à Constantine notamment, indiquant par ailleurs qu’il est même question de faire du CHU Ibn-Badis un centre national de prélèvement d’organes. Il s’agit là certes d’un grand pas en avant, mais faudrait-il d’abord que les moyens logistiques suivent. Ce dont doute fortement Dr Zoheir Messaoudi, néphrologue et spécialiste dans le dépistage et le suivi. “La durée de viabilité d’un greffon est variable d’un organe à un autre ; dans le cas du rein, il peut être conservé pendant 24 heures entre le recensement potentiel du donneur et l’implantation chez le receveur.” Pour lui, le succès de cette opération est lié à un certain nombre de facteurs qui n’existent pas encore en Algérie. “Il faut donner les moyens nécessaires aux équipes pluridisciplinaires, entre autres la rémunération.” Cela étant, notre interlocuteur préconise le dépistage annuel organisé : “La maladie du rein est celle de la décennie dont le diabète et l’automédication sont les premiers facteurs de la mise sous dialyse. Le dépistage annuel et obligatoire permet un diagnostic précoce, une étiologie et un suivi, ce qui permet aux malades d’augmenter les chances de réussite d’une greffe rénale.” Pour rappel, le ministère de la Santé avait été conduit à prendre la décision de suspendre les greffes dans cette clinique suite au décès de deux patients, mais également après la constatation de plusieurs dysfonctionnements au sein de cet établissement hospitalier public (EHP). Les médias s’en étaient même fait écho pendant plusieurs jours à l’époque. Des sources médicales avaient souligné d’ailleurs que ces défaillances étaient à l’origine de conséquences graves pour les patients, même si du côté du ministère de tutelle l’on a préféré se rabattre sur les possibilités de rejets pouvant intervenir suite aux greffes rénales causant le décès du patient. La tutelle qui a manqué d’arguments pour justifier la baisse vertigineuse du nombre d’actes chirurgicaux (greffes) à l’époque. Une baisse particulièrement importante à la fin des années 2000. Et paradoxalement, l’ancien directeur de la clinique, dont la gestion a été sérieusement écorchée lors de la suspension des greffes, avait été promu à un poste encore plus important, celui de directeur de la santé de la wilaya. Aussi, Constantine, qui fut à un certain moment une véritable locomotive en la matière, aura beaucoup de peine à rattraper ce retard, déjà qu’entre 2010 et 2013, seulement 84 opérations de greffe ont été réalisées, et ce, malgré les moyens mis à la disposition des équipes médicales. A contrario, le service de néphrologie du CHU de Batna a réalisé une cinquantaine de greffes rien qu’en 2016. Même si depuis 2014, près de 200 demandes de greffe sont en attente, la wilaya de Batna est référencée comme étant un pôle de la greffe rénale et projette d’atteindre la moyenne internationale de 90 greffes par an.

Lynda NACER