Le dernier livre de M.Attoumi constitue un long travail d’élaboration de témoignages, aussi bien de l’auteur que d’autres acteurs qui étaient ses propres compagnons.
Le tome 1 fut, comme nous l’avons déjà écrit, consacré aux Crimes sans châtiments où furent rapportés les massacres, les tortures, les zones interdites les centres d’internement, les bombardements des villages, les regroupements inhumains de deux millions de personnes et leur humiliation dans ces ghettos, la guerre des capitaines où plusieurs d’entre eux furent montrés du doigt les accusant avec les noms des victimes, les dates, les lieux, de tant de crimes, de massacres et d’événements.
Il y eut aussi certains événements vécus soit par l’auteur lui-même, soit par des héros auxquels il fallait rendre hommage en les citant nommément. Il fallait relater aussi les pénibles conditions de vie dans les maquis, les sentiments des combattants de l’ALN, leur vie en zones interdites, leurs souffrances et celles de la population face à cette guerre ignoble contre le peuple, face à une armée coloniale dont les officiers et les soldats étaient avides de sang et pour lesquels tuer était devenu un geste banal. Pour ces gens-là, la vie humaine n’avait aucune importance et s’arrogeaient le droit de donner la mort en toute impunité; pour eux également, l’Algérien était un «bicot» «qui n’avait d’égal que l’animal».
Ce sont toutes ces raisons qui ont poussé l’auteur à écrire précédemment Crimes sans châtiments et qui est accueilli favorablement par les lecteurs. Ils découvrent par cette occasion, le vrai visage de la guerre de Libération, le sens de la politique mensongère de «pacification» et le vrai visage de l’armée coloniale à travers les massacres, les crimes perpétrés; en un mot, ils découvrent d’autres facettes de la Guerre d’Algérie jusque-là ignorées. Et si un jour ils entendront dire que l’indépendance de l’Algérie a été «offerte» par le général de Gaulle, ils sauront trouver la réponse. Ils répondront que l’Armée de libération nationale est sortie victorieuse grâce au sacrifice de ses combattants et du peuple tout entier. Elle a gagné, car la guerre de Libération fut une guerre d’usure et la victoire reviendra inéluctablement à celui qui durera le plus.
Contrairement à l’armée coloniale, l’ALN était prête pour une guerre de plusieurs décennies! Elle s’était préparée pour cela depuis le déclenchement, sachant qu’elle se renouvellera indéfiniment en puisant son énergie et ses nouvelles recrues au sein des couches populaires qui étaient restées au service de l’ALN et à sa disposition jusqu’à la fin de la guerre. C’est une autre preuve des soubassements populaires du FLN et de l’ALN dont ils tirent la fierté et la légitimité.
Le présent ouvrage intitulé: Tome 2 Récits de guerre se veut être complémentaire par rapport au précédent.
En effet, il fallait montrer que l’armée coloniale, après sa débâcle de Dien Bien Phu allait s’engouffrer dans le bourbier de la Guerre d’Algérie, relater les complots ennemis pendant la guerre de Libération, expliquer le Congrès de la Soummam qui fut une chance pour le FLN et l’ALN; la Charte de la Soummam est devenue un code de conduite pour tous les combattants et a jeté les bases du futur Etat algérien.
Sa lecture et son analyse paraissent importantes pour une meilleure compréhension de l’unification de l’organisation des maquis d’abord, puis et par définition de la politique et de la diplomatie du FLN tout au long de cette guerre. Elle prouve encore une fois, la clairvoyance, l’intelligence des illustres responsables et des rédacteurs qui en furent à l’origine. Les convois d’acheminement d’armes étaient un sujet de préoccupation pour les chefs, pour les moudjahidine et même pour l’ennemi qui devait leur barrer le chemin, les poursuivre et les détruire afin qu’ils ne puissent jamais arriver à destination.
La justice militaire française était impitoyable, expéditive et inhumaine. Un chapitre lui fut consacré afin de la dévoiler et montrer combien les sentences étaient injustes, car dans la plupart des cas, ce furent les condamnations à mort qui ont été prononcées. Et c’est à cette occasion que l’auteur publie la liste des condamnés à mort guillotinés ou fusillés, tant en Algérie qu’en France.
Il fallait aussi démasquer les imposteurs de l’Histoire que l’on appelle aujourd’hui, pour certains, les faux moudjahidine qui ont pu s’infiltrer dans les rangs de l’ALN. Il était indispensable de dénoncer les caïds, les éléments armés messalistes, les goumiers, les harkis, les ralliés et les notables de l’administration coloniale qui furent appelés à juste titre «les imposteurs de l’Histoire».
Voilà en quelques mots, certaines grandes lignes des Récits de guerre, sans avoir pour autant la prétention d’avoir épuisé tous les thèmes.
Nous espérons que d’autres auteurs apporteront leurs témoignages, afin de contribuer à cette oeuvre combien passionnante de l’écriture de l’Histoire de notre guerre de Libération nationale.