Chroniques blidéennes : Mellouk Benyoucef, premier donneur d’alerte

Chroniques blidéennes : Mellouk Benyoucef, premier donneur d’alerte

À chaque vendredi, c’est désormais un rituel immuable sur la Place du 1er Novembre. Mellouk Benyoucef arrive, sa vieille serviette de documents sous le bras, aussitôt il est porté en triomphe par une foule de jeunes qui l’applaudit tout au long de la manifestation. C’est que ce petit homme aux cheveux grisonnants, vif et alerte, constitue pour tous, une espèce de héros contemporain dont les exploits ont dépassé les frontières de la Mitidja.

Cet ancien fonctionnaire du ministère de la justice a brisé bien des tabous en faisant éclater dans les années 1980, le scandale des « Magistrats fausaires ». Il s’agit des agissements de hauts fonctionnaires de la Justice qui, à l’époque, ont présenté de faux documents attestant de leur participation à la guerre de Libération Nationale, documents leur assurant de substantiels revenus financiers et des promotions de carrière exceptionnels.

Depuis ces révélations, –dossiers de preuves à l’appui–, les déboires de Mellouk n’ont pas cessé de prendre de l’ampleur. Il fait face à de nombreux procès et a même été jeté en prison. Démis de ses fonctions, sans ressources régulières, il fait malgré tout preuve d’une détermination et d’un courage hors du commun. « Vous êtes tous des traîtres et vous devrez rendre des comptes au peuple. Notre justice est une véritable mafia. Il est venu le temps de la nettoyer » clame-t-il haut et fort sous les encouragements des manifestants. Il regrette la « passivité » de Gaïd Salah par rapport à la volonté du peuple et condamne les « généraux corrompus » ( Le Soir d’Algérie).

Son avocat, maître Mokrane Aït Larbi, reste malgré tout optimiste quant à une issue favorable des procès intentés à son mandant , d’autant plus que la lame de fond populaire qui a emporté Bouteflika aura ,à coup sûr, des répercussions positives dans le domaine judiciaire. Quoi qu’il en soit, les multitudes de manifestants du vendredi ne doutent guère de la victoire, à brève échéance, du mouvement révolutionnaire.

Les crèmes de Siksico n’en auront plus que meilleur goût ! Au fait, comment dit-on « Caprices d’Arlette » en arabe algérien?

A. Fethi