Chouaib Mesamah représentant à Annaba du mouvement de protestation contre la LF 2016 «L’Algérie n’est pas à vendre !»

Chouaib Mesamah représentant à Annaba du mouvement de protestation contre la LF 2016  «L’Algérie n’est pas à vendre !»

Un sit-in de protestation contre la loi des Finances 2016  s’est déroulé samedi passé à Annaba. Chouaib Mesmah, médecin, est l’un des organisateurs de ce mouvement citoyen. Liberte-algerie.com a pris attache avec lui pour nous parler de ce mouvement citoyen enclenché à Annaba et qui est déjà à son deuxième regroupement.

Entretien réalisé par Salim KOUDIL

Après celui du 09 janvier dernier un autre sit-in a été organisé au centre ville de Annaba pour dénoncer la loin des finances 2016…

Non c’est plutôt le quatrième si on fait le calcul de tous les sit-in sur le même thème organisés par les différents organisateurs au même endroit. On ne peut pas ne pas valoriser les efforts des autres surtout que cela nous concerne tous. Donc, oui c’est le deuxième de ce groupe d’initiateurs

Photo de facebook

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Et vous êtes un membre de ce groupe. Qui sont les organisateurs ?

C’est des citoyens anonymes qui discutent entre eux comme le font d’autres, là et maintenant, partout en Algérie et qui savent ce qui se trame, et qui ont décidé de faire sortir d’une manière citoyenne, responsable et calme, ce refus pour qu’il soit visible en dehors des pages de Facebook et des salons fermés. On dot se mobiliser. Ce n’est pas uniquement une affaire de politique ou d’un corps de métier. Il s’agit de tout ce qui fait  » la République ».

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Comment s’organisent les citoyens anonymes qui sont derrière ces sit-in?

Laissez-moi d’abord éclaircir un point. Quand je dis « citoyen anonyme », le souci est que tout Algérien puisse se reconnaître dans ce genre d’initiatives citoyennes, calmes, responsables et organisées, et que chacun sache qu’elle est très facilement réalisable.

Les banderoles et les affiches sont préparées à l’avance…

L’organisation, les banderoles, etc., ne sont pas un problème en soi. C’est comment faire en sorte que certaines convictions dépassent les paroles et ainsi essayer de les rendre visibles en groupe, d’une manière sereine mais déterminée

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Protester contre la loi de Finances constitue-t-il le seul motif de vos sorties publiques ?

Ce qui nous a rassemblé et ce qui nous réunis malgré nos différentes sensibilités politiques, ou ceux qui sont carrément apolitiques, c’est les articles de la loi de Finances 2016 qui sont d’abord inefficaces pour faire sortir le pays de la crise. Et surtout, ils remettent en cause la souveraineté nationale. Attention, nous ne sommes pas contre un privé fort, créateur d’emploi, ou contre les riches, mais l’Algérie n’est pas un pays à vendre.

L’appel à la mobilisation se fait par les réseaux sociaux…

Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. Au deuxième sit-in, parmi ceux qui étaient en face, certains sont venus avec nous. Voila ! Tout citoyen anonyme peut le faire et personne ne le fera à sa place.

Mais qui est Chouaib Mesamah?

C’est juste un père de famille anonyme qui ne veut pas avoir à répondre à une question légitime de la part de ses enfants dans un futur hypothétique disant  » vous saviez? Pourquoi vous n’avez rien tenté? »

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Êtes-vous membre d’un parti politique?

On peut s’organiser et dépasser les clivages classiques. J’ai toujours été militant.  Néanmoins, j’ai des regrets. J’aurai dû et je ne l’ai pas été. J’aurai peut-être été avec le FFS (Front des Forces Socialistes) en 1992, avec Mouloud Hamrouche en 1999, avec Ali Benflis en 2004 ou le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), lors de la funeste révision de la constitution (2008) et j’ai été contre le quatrième mandat. On n’a pas su, en tant que groupe, se hisser parfois à la hauteur des moments clés. Cette fois-ci, est-ce que on pourra faire quelque chose sur le terrain ?  On verra ! La République d’abord. J’y travaille.

Étiez-vous nombreux lors des deux précédents regroupements?

Le nombre augmente. Il y a ceux qui se mobilisent et des citoyens qui viennent écouter ce que les organisateurs ont à dire et qui sont restés malgré les pluies torrentielles d’hier ! Le premier sit-in, c’était une trentaine de participants devant une centaine de citoyens. Hier, on était une cinquantaine de « militants » devant 200 à 300 citoyens ! Malgré la pluie, ils sont restés pour suivre le sit-in, et ce n’était pas seulement des curieux.

Y aura-t-il d’autres sit-in?

Il faut continuer à se mobiliser. Si les sit-in sont efficaces, on continuera à en faire. On cherche à être efficace afin de trouver une solution. On réfléchit. On sait où on veut aller. On essaie d’éviter de nous faire dévier. C’est une constante! L’enjeu à long terme est trop important

Rendez-vous donc la semaine prochaine, même lieu, même heure…

Cela se décidera dans les 48 heures. C’est une initiative collégiale et la décision sera de même à chaque fois.

Certains affirment que derrière ces sit-in il y aurait le Parti des Travailleurs (PT) de Louisa Hannoune. Qu’en est-il vraiment?

Non. Les habitants de Annaba savent que ce n’est pas vrai. C’est une information destinée à ceux qui sont en dehors d’Annaba pour enlever le caractère non partisan et rassembleur autour d’un but. Certains ont tout intérêt à faire croire aux autres Algériens qu’on ne peut pas se réunir autour d’un but commun, en dépassant nos différences. Non, ce n’est pas le PT qui organise et cette démarche n’est pas à inscrire dans un combat momentané entre « personnes » ou autres.

Pourquoi ce mouvement s’est créé à Annaba  précisément ?

Peut-être qu’on se sent responsable de vous avoir envoyé a l’échelle nationale un gros problème qui était sensé rester local (rires). Non, sérieusement, hier, c’était la Kabylie. Il n’ y a pas longtemps, ceux de Ouargla, et aujourd’hui Annaba. Nous partageons tous le même sang qui a fait qu’on a eu la lourde prétention de nous nommer « Imazignen ». Nous sommes tous des hommes et des femmes libres. Cette fois, Annaba a pris l’initiative mais c’est l’initiative qui doit rester « intéressante » et pas autre chose.

« Intéressante et pas autre chose », que voulez-vous dire ?

J’aimerais que ceux qui pourraient nous lire retiennent que les Algériens se mobilisent pour dire d’une manière visible, déterminée et calme : »Non ». Que ce n’est pas trop tard. C’est mon souhait

Quelles seront vos prochaines actions?

Une chose est sûre, la mobilisation sur le terrain ne s’arrêtera pas.