Le Forum des chefs d’entreprise revient sur la question épineuse du chômage, dressant le constat que malgré les grands efforts déployés par l’Etat, l’emploi reste précaire. La question reste donc entière et c’est pourquoi les chefs d’entreprise préconisent un certain nombre de solutions, tentant de remonter aux origines du problème.
C’est ce qu’a indiqué hier à Alger le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani, lors d’une conférence animée à l’Ecole nationale supérieure du journalisme et de l’information. Un constat basé sans doute sur le taux alarmant du chômage qui avoisine les 10%, selon les chiffres de l’Office national de statistiques.
«L’économie algérienne a besoin de créer, en se basant sur le taux d’accroissement annuel de la population, 350 000 postes d’emplois chaque année. Mais malheureusement on est loin de ce chiffre», a expliqué M. Hamiani. Il a estimé qu’en dépit des politiques et dispositifs «volontaristes» mis en œuvre par l’Etat afin d’encourager la création d’emploi, l’économie réelle n’arrive à créer que 100 000 à 150 000 postes de travail. Pour lui, le problème de ces dispositifs (Anem, Ansej…), où l’Etat a dû investir beaucoup d’argent, est qu’ils sont «précaires» et une fois disparus, les jeunes bénéficiaires en perdent les avantages.
M. Hamiani attribue également cette incapacité de générer un aussi grand volume d’emplois (350 000) au nombre limité de PME en Algérie, estimées à quelque 600 000 unités. Il avait estimé récemment qu’une croissance de PME de 450 000 à 600 000 aujourd’hui était importante. Mais que comparée à nos voisins, notamment le Maroc et la Tunisie, en adoptant les mêmes standards, l’Algérie devrait en compter 1,5 million. La taille de ces entreprises est trop faible estime-t-il, compte tenu du fait que le tissu de PME est constitué à 95% de très petites entreprises (TPE) et que très peu d’entre elles sont dans l’industrie.
Il avait en outre mis en avant la réalité économique, mise en évidence par les experts. Celle-ci démontrant qu’en 2025-2028, l’Algérie ne pourra plus compter sur ses ressources pétrolières appelées à disparaître. Ce qui implique de trouver d’autres voies pour financer son développement. L’Algérie, selon lui, se doit de se désengager par rapport à cette rente pétrolière. «Il est temps d’agir pour remodeler l’économie algérienne tout en tirant profit de ses atouts», estime-t-il. En somme, une politique de fonctionnement de l’économie plus adaptée aux entreprises, dans laquelle les administrations ne se contentent pas du rôle de contrôle et de censeur, mais de jouer un véritable rôle d’accompagnateur et de facilitateur pour que les entreprises puissent se développer.
L.S